La campagne du Planning Familial qu’on peut voir actuellement est le dernier avatar d’une pression idéologique visant à nier la spécificité sexuelle et biologique des hommes (mâles) et des femmes (femelles). Le débat fait rage depuis qu’il a été lancé aux États Unis, chacun s’estimant en droit d’être indifféremment homme ou femme par une simple affirmation verbale y compris en restant biologiquement inchangé, et ce indépendamment de ce que sa naissance lui a donné, en premier lieu des chromosomes qui ne peuvent que XX ou XY (hors accidents génétiques). Telle chanteuse explique choisir d’être un homme, tel homme « devenu une femme » par le biais d’une opération écrase les concurrentes féminines dans des concours sportifs, un autre homme, probablement un petit malin, s’affirme femme lesbienne, probablement pour aller chasser dans des territoires interdits, d’autres militent pour que des jeunes enfants puissent « changer de sexe » grâce à une opération, etc.
Les cas les plus extrêmes sont relatés par les médias, témoignant de la grande créativité des êtres humains en la matière et d’un certain bouillonnement sur la question.
Pendant longtemps, j’ai fait comme beaucoup, et regardé les exemples extrêmes de ce phénomène avec une forme d’humour ironique, probablement parce que l’incrédulité dominait toute autre considération. Mais à la longue il me semble qu’une réflexion s’impose devant ce phénomène qui traverse en profondeur une fraction non négligeable de notre société, surtout en Occident. Et aussi parce que ce phénomène crée un trouble, en particulier chez les plus jeunes.
Il parait indispensable de mener une réflexion sur le sujet. Je veux être clair: je ne nie en rien le droit d’une personne de se SENTIR autre qu’elle n’est concrètement. Et de surcroit, accepter de subir des traitements hormonaux contraignants et des opérations irréversibles ne peut être le fruit d’un simple caprice, et il faudrait que tout le monde respecte la démarche qui conduit un adulte à une telle transformation, qui ne peut être qu’extrêmement traumatisante. La compassion doit venir avant tout autre sentiment.
Mais le phénomène social actuel dépasse largement le cas particulier de quelques individus qui font un choix aussi violent mais qui restent très minoritaires.
Il est essentiel de tenter de comprendre les déterminants de cette évolution sociétale.
On pourrait en premier lieu considérer qu’il y a une certaine cohérence à vouloir que les êtres humains ne soient plus enchaînés à ce que la nature leur a apporté, car c’est dans la continuité de ce grand mouvement humain qui pousse notre espèce à chercher à tout prix à s’écarter de son extraction animale pour devenir l’égal de(s) Dieu(x). L’homme a inventé la fécondation in vitro, aujourd’hui communément pratiquée, une pratique qui n’est pas à la portée des autres animaux… N’est-ce pas la preuve, avec toutes nos autres inventions extraordinaires, que nous sommes des quasi-Dieux ? Pourtant, même si beaucoup ont du mal à l’accepter, nous restons biologiquement des animaux, très proches même de certains mammifères comme le singe notre cousin, ou même le cochon.
Les animaux non humains, eux, n’ont pas de coquetteries sexuelles: ils sont mâles ou femelles, ou le cas échéant hermaphrodites selon leur constitution, mais ils restent essentiellement fidèles à ce que la nature a fait d’eux. Les humains se voient différents, libres d’opter pour « autre chose ». Allez dire à certaines personnes qu’elles sont des animaux, et une réaction acide ne manquera pas.
Le paradoxe est que cette volonté de s’écarter de la grande famille des mammifères, et plus largement des animaux, se déploie avec un mouvement parallèle qui traverse à peu près les mêmes couches sociales et qui place le monde animal (non humain) dans un registre sacré : le véganisme est une valeur en forte hausse. L’antispécisme virulent aussi, tel ce présentateur de télévision qui explique à qui veut l’entendre en se réfugiant derrière Albert Schweitzer qu’écraser un moustique est un acte barbare.
N’y aurait-il donc pas un paradoxe à d’un côté refuser ce que la nature nous attribue, et de l’autre vouloir sanctifier le monde animal dans une pureté fantasmée, d’autant que le principe de l’antispécisme est de considérer que les humains ne sont pas hiérarchiquement supérieurs aux autres animaux, et qu’il n’y aurait par ailleurs pas de hiérarchie du tout entre les animaux.
Si nous sommes des animaux comme les autres, pourquoi ne pas accepter notre sort d’animaux façonnés par la nature et le hasard ?
La coexistence de ces mouvements ne témoigne peut-être que d’une contradiction apparente : en refusant que l’homme assume un côté carnivore comme le chien, le chat ou le lion (nous n’avons pas des canines par hasard), peut-être y a-t-il la même volonté d’extraire l’homme de sa condition animale : les humains ont été carnivores depuis des temps anciens, les historiens ou archéologues l’ont suffisamment prouvé. Peut-être parce qu’ils n’avaient pas le choix, ou peut-être parce que les apports en protéines les a ainsi favorisés face aux autres espèces animales. Ce refus de manger de la viande (voire même d’ingérer toute matière animale comme des oeufs ou du lait) veut que l’homme ne soit plus un animal comme les autres, il est au-dessus, et donc protecteur et coupable.
Pourtant on ne dicte pas à un animal ce qu’il doit manger, pourquoi le dicter aux hommes. Il est vrai que les singes ne mangent pas de viande, sauf peut-être s’ils y sont contraints. Mais d’autres mammifères s’en régalent.
Où est l’Homme dans tout ça ? Inséré dans son Histoire d’omnivore ou bien dans un schéma théorique projeté ?
Il est probablement le postérieur entre deux chaises, car dans notre monde mercantile et plein d’inventivité, voilà qu’on fabrique des substituts à « l’expérience carnivore »: saucisses véganes, steaks végans, etc. On s’applique à mimer la viande tout en refusant de se livrer à une consommation de viande.
Je ne crois pas qu’il faille y voir de l’hypocrisie, mais surtout un grand inconfort, un écartèlement entre une condition héritée et une condition rêvée. Il faut relier ces évolutions sociétales récentes.
Nous voyons émerger une génération pour partie différente avec une vision du monde qui tranche avec ce qui est arrivé à son apogée avec le XXème siècle.
Toute la difficulté est que ces évolutions sont théorisées et prises en otage par des idéologues, la campagne du Planning Familial en est un exemple parmi d’autres. Les idéologues veulent établir de nouvelles normes sociales, et celles-ci intègrent des femmes à barbe, des hommes enceints, des femmes voilées (mais pas des hommes voilés, n’allons pas jusque là), etc. Un salmigondis d’images politiquement correctes qui servent d’étendard à ces nouveaux Torquemada de la bienséance sociale.
Effaçons (« Déconstruisons » en langage moderne) l’Homme tel qu’il fut, instaurons l’androgyne vegan.
Dans tout ça quelle place pour l’être humain ? Celle d’un pion balloté par les courants idéologiques qui ne sait plus trop où il se trouve et où va son monde.
Mais il ne faut pas oublier que vouloir violenter la société entraine des mouvements de rappel indésirables. La Grande Crise qui vient pourrait bien mettre un coup d’arrêt (temporaire ?) à tous ces mouvements, et je vous prédis de violents retours en arrière qui je le crains conduiront à des violences intolérables contre les minorités, quelle qu’elles soient y compris sexuelles, ce qui me terrifie. Les nouveaux idéologues n’auront fait que créer les conditions d’un violent retour en arrière.
En attendant, tentons de rester lucides et pondérés.
PS: je pense également que ces nouveaux idéologues nous mènent tout droit à la fabrication des enfants en laboratoires-usines. Après la PMA accordée aux femmes sans hommes, une revendication de plus en plus agressive en faveur de la GPA parait légitime: s’il est permis aux femmes de faire des enfants sans hommes, pourquoi les hommes n’auraient-ils pas le droit de « faire » des enfants sans femmes ? Là encore il s’agit de s’extraire de notre condition animale : copuler pour faire des enfants, pouah, vous n’y pensez pas. Mais la GPA soulève des problèmes éthiques évidents : marchandisation du corps des femmes en premier lieu.
Il n’y a qu’une voie pour contourner le problème : la fabrication industrielle des enfants. La technologie nous en rapproche de plus en plus, les essais sont déjà pratiqués avec certains mammifères en employant des utérus artificiels.
Je suis prêt à parier que la technologie sera bientôt prête pour les humains, d’ici une, deux, ou trois décennies, c’est-à-dire rien à l’échelle de l’Histoire. Et quitte à fabriquer des enfants en usine, autant faire des humains augmentés. Des scientifiques chinois y travaillent, en sélectionnant les bons gènes pour créer de « bons » humains.
Il faut être logique, quand on prend une voie, on la suit jusqu’au bout. On saura alors si les humains sont réellement désireux de s’extraire de leur condition animale, et je sais que certaines femmes hétérosexuelles s’en accommoderont fort bien, car quoi de plus archaïque que de porter un enfant et d’accoucher ?
Oyez oyez braves gens, les choix de société sont juste devant nous, plus que quelques kilomètres à faire. Aurons-nous enfin le « meilleur des mondes » ?
PPS: je sais que la matière est sensible, donc merci d’éviter les commentaires insultants, méprisants, etc. Que chacun montre sa capacité à argumenter avec calme.
© Jean Mizrahi
Jean Mizrahi est Chef d’entreprise
Ce cher Jean Mizrahi théorise beaucoup ; mais le PRINCIPAL lui échappe.
« N’y aurait-il donc pas un paradoxe… », demande-t-il.
NON. AUCUN.
Puisque la démographie et l’explosion de la population humaine expliquent TOUT.
Nous sommes à un point inédit de l’Histoire, notamment celle du genre humain : nous sommes d’ores et déjà TROP NOMBREUX sur terre. Nous sommes nos propres ennemis.
Nos nombres déraisonnables et notre promiscuité font de nous le terreau d’élection idéal de maladies contagieuse véhiculées par des virus ; on n’a pas fini d’en voir.
Nombres et promiscuité nous poussent aussi à nous accaparer des espaces vitaux (terre, végétation, eau, oxygène…) d’autres espèces ; or, ces espèces, chaines alimentaires obligent, sont vitales à notre survie.
Nous nous suicidons donc doublement : en faisant disparaitre ces espèces et en nous privons des espaces vitaux.
L’ambition nataliste était il y a encore peu la mission fondamentale de TOUTES nos cultures et religions (le judaïsme en premier…). TOUTES nos idéologies nous encourageaient à croitre et multiplier ; à savoir pratiquer la reproduction humaine « naturelle » moyennant homme et femme tels que « créés par Dieu », poussés par la pulsion sexuelle dont c’est la raison d’être.
D’où, par exemple, l’interdiction de l’homosexualité, souvent sous peine de mort (pas seulement dans l’Islam rigoriste ; AUSSI chez les chrétiens et les Juifs…).
MAIS désormais, puisque nous sommes trop nombreux et continuons à croitre, c’est la pulsion DENATALISTE qui monte à la surface moyennant la dévaluation du sexe, la relativisation des définitions de l’homme et de la femme et l’acceptation des sexualités « non-binaires ».
Jean Mizrahi s’attend à un « coup d’arrêt…à tous ces mouvements….violents retours en arrière… ».
J’en suis beaucoup moins sûr.
Ce ce thème je m’étais autorisé à rédiger un petit texte
Le lien :
https://fontenayplateau.forum-actif.eu/t5006-tu-seras-une-femme-mon-fils
Je veux dire » Sur ce thème « .
Autre remarque : Il n’y aura bientôt ni hommes ni femmes. Les progressistes nous assimileront aux escargots. Ils traiteront de facho ceux qui diront : je suis un homme, je suis une femme.
« La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit.”
(George Orwell, 1984 ).
L’ idéologie transgenre correspond à admettre que 2+2=5 et non 4.
La gauche a compris que si elle réussissait à nous faire avaler qu’un homme peut être une femme et qu’une femme peut être un homme, elle pourrait nous faire avaler n’importe quoi.
Le gouvernement de Borne soutient l’énorme, monumentale, grotesque, intox du planning familial. Ceux qui marchent avec la vérité et le bon sens sont maintenant traités de fascistes, on aura tout vu. Pinçons-nous. Est-ce un cauchemar ? Sommes nous encore sur cette bonne vieille terre ou sur une exoplanète ?
« La ministre Isabelle Rome apporte son soutien au Planning familial, critiqué pour une campagne sur les hommes trans »
« et je vous prédis de violents retours en arrière qui je le crains conduiront à des violences intolérables contre les minorités, quelle qu’elles soient y compris sexuelles, ce qui me terrifie. Les nouveaux idéologues n’auront fait que créer les conditions d’un violent retour en arrière. »
C’est en effet à craindre. Excellent article de Jean Mizrahi, plein de sagesse et de bon sens.
« copuler pour faire des enfants, pouah, vous n’y pensez pas. » 😉
Le plus terrible, c’est que certains le pensent réellement.
Ce faisant on ne s’extrait pas de la condition animale mais bien de la condition humaine, de l’amour, de la famille ….
L’être humain se perd de vue.
@carole
Le « progressisme » correspond au passage de l’homo Sapiens à l’Homo non sapiens ou Homo cretinus.
Dédaigné, le miracle de la conception d’un être humain, né de l’union d’un homme et d’une femme qui s’aiment ou du moins qui se sont choisis, qui aura un peu des deux, dédaignée la joie de porter un enfant et celle de la naissance, moment de liesse et de fierté pour parents et grands-parents (aussi), le premier « papa » ou « maman » prononcé par l’enfant. Plus de vrai père ou plus de vraie mère, un enfant fabriqué, acheté, un semi-orphelin privé volontairement d’une partie de sa famille …
C’est plus que triste, c’est désolant et même désespérant.
Une partie des occidentaux sont aujourd’hui aussi obscurantistes que les Talibans. Ce sont ceux qui votent Biden, Macron, soutiennent l’UE et avalent tous les jours la propagande qu’on leur sert copieusement du matin jusqu’au soir. Ces inepties des obsédés du genre provoquent en dehors de l’Occident un mélange de dégoût et d’amusement. Le monde occidental est aujourd’hui entré dans une spirale d’autodestruction dont j’en viendrais presque à souhaiter l’accélération.