Eve Surowicz. Le silence et le hanneton

Certains silences sont assourdissants.  Il m’arrive fréquemment de passer des nuits blanches, je me lève  et  profite de la tranquillité nocturne pour écouter le silence. Je ne sais pas si c’est mon ouïe qui est défectueuse ou si cela correspond à  la réalité j’entends toujours dans le silence de la nuit un bruit de fond, un très léger  son comme un bruissement  de feuilles ou un bourdonnement d’ailes d’abeilles. 
Cette nuit comme tant d’autres,  assise avec un verre de café chaud posé devant moi  et un livre ouvert que mes yeux  larmoyants m’empêchent de lire, lorsque j’entends distinctement un son strident pareil à un vrombissement de moteur, le trait noir d’une trajectoire se trace devant mes yeux brumeux et un boum de quelque chose qui tombe à  terre: un petit insecte de style hanneton, probablement attiré par la lumière, est entré par la porte du balcon et vient me saluer. Aussi agile et rapide qu’il est en vol, aussi maladroit et lent il est dans ses mouvements sur le sol.

Réfrénant un cri de peur pour ne pas réveiller toute la maisonnée,  j’observe, rassérenée par sa lenteur, ce qu’il veut faire et le vois se diriger vers le pied de ma chaise qu’il essaie en vain d’escalader, ses pattes ne pouvant s’agripper au bois trop lisse pour lui.  Après moults efforts, il parvient à se hisser sur ma chaise, en escalade le pied et s’agrippe enfin à mon  accoudoir et s’approche dangereusement  de mon bras.

Ma hardiesse flanchant,  j’arrache un morceau  d’une feuille du journal posé sur la table et la place juste devant ses pattes. C’est un stratagème utilisé par mon petit-fils David amoureux et protecteur  de tous les insectes.  Mon « mini-hanneton » ne comprend pas immédiatement ce que j’attends de lui, fait d’abord marche arrière et ignore hautainement ce morceau d’article condamnant le discours de Mahmoud Abbas à Berlin, puis épuisé par les efforts que je lui demande, il accepte  enfin de s’y poser me permettant ainsi de le laisser s’envoler vers  son habitat naturel, le parc boisé sur lequel donne mon balcon. 

Raccordant le morceau arraché au reste de l’article, je constate avec,  disons soulagement,  que la crème des hommes politiques allemands est outragée par la déclaration d’Abbas affirmant dans une conférence de presse à Berlin qu’Israēl avait perpétré depuis1947 plus de  50 massacres, 50 holocaustes, dans des villages palestiniens sans que le Chancelier Scholz, présent et partenaire dans cette conférence ne réagisse à cette déclaration scandaleuse, pire encore, il lui serre la main à la fin de la conférence, terminée abruptement par le délégué de presse du Chancelier qui avait saisi la problématique du moment.  

Ce silence qui entoure Israël lorsque ces accusations calomnieuses sont lancées, ce silence indifférent, pire accusateur, m’assourdit , m’indigne,  me révolte. 
Le Chancelier Scholz, que je respecte par ailleurs, aurait pu mais il n’a pas su, pas voulu, être ce hanneton qui brise le silence.  

Les prémisses de l’aube s’infiltrent maintenant à travers les branches des arbres aux feuilles desséchées , éclairent le ciel d’un bleu pâle.  Que nous apportera cette nouvelle journée ?  D’autres sujets de crainte, d’indignation ou de joie ? Une journée de pluie, c’est certain, qui ravivra les feuilles sèches.

Eve Surowicz

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3 Comments

  1. Je n’y comprends rien. L’article de René Seror dit au contraire que le chancelier Scholz s’est dit scandalisé par les propos criminels d’Abbas. Aurait-il changé sa position ? Ou aurais-je mal lu ? 🤔

  2. Au lieu de se contenter d’une grimace de désapprobation, le chancelier aurait dû couper immédiatement la parole à Mahmoud Abbas, et lui exprimer sans retenue son profond dégoût face à des propos si scandaleux !!

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