Michèle Chabelski. As Bestas, de Rodrigo Sorogoyen

Bon

 Lundi

  Retour express aux fondamentaux

   Le cinéma

  As Bestas

    de Rodrigo Sorogoyen

  Avec

   Marina Foïs

  Denis Minochet

  Luis Zahera

  Digo Anido

  Un coup de poing cinématographique dans ce désert estival…

  Entre thriller psychologique, western paysan et tragédie grecque dont le destin des protagonistes s’inscrit métaphoriquement dès la scène d’ouverture qui dessine le combat à mains nus des aloitadores contre un cheval sauvage…

  Des combats, il y en aura entre ces deux Français, Marina Foïs et Denis Menochet, installés en Galicie pour y cultiver des légumes bios et  retaper des masures à l’abandon et le village espagnol, mené par deux frères, Xan et Loren ( Luis Zahera et Diego Anido).

 Les Espagnols sont prêts à accepter l’implantation d’éoliennes sur leurs terres moyennant un dédommagement financier, tandis que le couple de Français la refuse pour des raisons écologiques et idéalistes…

  Voilà en peu de mots le scénario de ce drame rural qui va scotcher le spectateur sur son siège pendant près de deux heures.

  Car ce monde paysan sera le théâtre d’un affrontement impitoyable entre les Galiciens miséreux et les Français aux idées vertes et vertueuses.

 Guerre idéologique, raciste, cet opus déroule un western-thriller oppressant, haletant, d’une inoxydable violence où le quotidien sert de toile de fond à des échanges  de moins en moins psychologiques et de plus en plus physiques…

  Dans une spirale où chacun assoit ses rêves de plus en plus désespéré, les deux clans irréconciliables s’affrontent frontalement, fratrie âpre masculine espagnole contre un couple amoureux français auquel Marina Foïs infuse une humanité féminine qui déséquilibre la tragédie annoncée de ces anti- héros arc-boutés  sur leurs convictions…

 La nature est un des personnages  clés dans son âpreté et sa beauté sauvage qui sert d’écrin à cet opus qui nous prive d’oxygène pendant ces deux heures splendides…

 La lenteur  du film suit la lenteur de la nature et des saisons, les gestes à la fois simples et rudes ourlent l’idéalisme illusoire des Français qui conjuguent l’amour et le rêve dans une grammaire que désenchantent les réalités de ce village galicien.

  Antoine et Olga se nourrissent de travail et d’espérance tandis que Xan et Loren mettent leur désespoir  au service d’une brutalité ténébreuse.

  Ce drame rural idéologique financier trouve un rai de délicatesse et de civilité  dans la figure féminine incarnée par Marina Foïs filmée par un réalisateur  habité qui capte avec virtuosité les déchirures et les espoirs fous de ces personnages foisonnant d’humanité …

 Sorogoyen filme  de manière hyperréaliste l’écroulement rageur et les rouages mortifères des rêves et des illusions de ces personnages aux motivations opposées,  qui trouveront peut-être une forme de paix dans l’accord féminin de deux femmes déchirées…

  Lutte implacable dans une nature presque hostile, longs plans-séquences, comme cette hallucinante scène d’une partie de dominos qui ressemble à un combat de gladiateurs, violence impitoyable, ce film rationne l’oxygène du spectateur et donne enfin des lettres de noblesse à un cinéma récemment indigent plus proche du désert que de l’art foisonnant…

  Si ce film passe dans votre ville, troquez deux heures de plage contre deux heures de bonheur cinématographique…

   Vous ne le regretterez pas.

       Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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