André Markowicz. Qui tombera le premier ?

Je ne sais pas si c’est clair, mais la guerre a basculé avec ces bombardements du pont Antonovski près de Kherson. Ça veut dire que les Russes sont réellement en danger d’être encerclés là et, si c’est le cas, c’est évidemment une défaite majeure.

Cela s’est passé grâce à l’intervention de trois ou quatre Himars, c’est-à-dire, concrètement, de pas grand-chose. —

Et, en même temps, au nord, le deuxième souffle de l’offensive qui leur a permis de prendre Sévérodonetsk et Lissitchansk se fait toujours attendre. Ils continuent d’attaquer — des attaques de moindre importance, et ils continuent d’avancer, mais, réellement, s’ils avancent, c’est de 500 mètres, et les Ukrainiens continuent de leur opposer leur tactique d’usure.

Ils le font au prix d’un grand nombre de victimes, mais le chiffre des pertes est toujours plus élevé chez les Russes et les pertes matérielles russes continuent de s’accumuler — sachant que, d’un côté, le matériel ukrainien perdu au nord est, dans la plupart des cas, un matériel anciennement russe — disons d’origine soviétique — qui est progressivement remplacé par du matériel de l’OTAN (qui est beaucoup plus efficace et plus moderne), alors que le matériel russe est remplacé — quand il l’est — par du matériel encore plus ancien.

Je vois passer régulièrement des remarques sur le fait que tel canon ou tel missile ou tel char remonte à cinquante, voire soixante-dix ans…

Bref, là encore, l’équilibre est en train de se rompre.

En même temps, comme je l’ai dit depuis le début de ces chroniques, Poutine continue et, dès qu’il signe un accord quelconque, il fait en sorte de montrer que cet accord n’a aucune valeur à ses propres yeux, parce qu’il ne négociera jamais.

Ainsi, pour le blé ukrainien et le bombardement du port d’Odessa. Là encore, les commentateurs faisaient remarquer que s’il avait voulu se mettre à dos les Turcs, il n’aurait pas agi autrement, puisque ce sont les Turcs qui sont les garants de l’accord.

On pourrait croire que Poutine est en train d’organiser son propre isolement, son propre réduit.

D’un côté, donc, le rouleau-compresseur continue, ou, du moins, fait comme si, et la Russie essaie à toute force d’annexer les territoires qu’elle occupe pour le mois de septembre — et c’est une course de vitesse, malgré les apparences. L’idée est que, pour septembre, il est possible que les Ukrainiens aient lancé leur offensive pour libérer Kherson, —

De l’autre côté, si Kherson devient territoire russe, Poutine pourrait crier à l’invasion de son propre pays…

C’est délirant, je sais, mais je crois vraiment qu’il s’agit de ça. — Avec un délire annexe : il n’est pas sûr du tout qu’il y aura réellement référendum, c’est-à-dire que les Russes auront le moyen d’organiser ne serait-ce qu’une fiction de consultation électorale.

On parle de plus en plus d’une annexion pure et simple, sur demande des « gauleiters » qu’ils ont eux-mêmes mis en place (et sur lesquels il faudrait faire des chroniques, là encore, parce que ce sont des personnalités simplement incroyables… soit des illuminés (des cas psychiatriques), soit/et des mafieux purs et simples).

En même temps, Poutine se prépare à une guerre de forteresse assiégée, après une défaite militaire non pas contre les Ukrainiens mais « contre le monde entier » — représenté par l’OTAN, et donc à essayer de conserver son pouvoir envers et contre tous.

Il sait que personne ne viendra envahir son territoire national à lui. Il se prépare à accroître l’intensité de sa guerre « hybride » contre les pays de l’OTAN — à jouer sur les divisions de l’Union européenne (on le voit avec la visite d’Orban à Moscou), à utiliser les partis fascistes, ou fascistoïdes, ou/et anti-américains — de droite comme de gauche — où qu’ils se trouvent (on le voit avec la crise en Italie).

Il essaiera par tous les moyens d’aggraver la crise de l’énergie — en fait, à répondre par une crise systémique aux sanctions qui lui sont imposées, sachant que le système libéral qui règne sur le monde est, comment dire ?; de plus en plus fragile, et de plus en plus exposé à ces crises.

Parce que les sanctions continuent de faire leur œuvre, et là encore, c’est une course de vitesse — ou plutôt de lenteur forcée. Ces sanctions détruisent l’économie russe par pans entiers. Et c’est devenu réellement — mais réellement — une lutte à mort.

Quelles sont, réellement, les armes en présence ? Poutine a-t-il les moyens, en ce moment, d’instaurer une terreur stalinienne moderne, à la chinoise, en Russie — parce que c’est bien ça qu’il devra faire, pour justifier sa guerre et sa défaite et garder le pouvoir devant la ruine et la misère des gens qu’elle aura provoquées ?

La Russie peut-elle devenir une espèce de Corée du Nord ou plutôt d’Iran (la dernière visite de Poutine en Iran est symbolique) ?… Et nous, en Occident, comment ferons-nous dans la crise qui s’avance ?… Qui tombera le premier ?

© André Markowicz

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3 Comments

  1. Rien de très sérieux : la méthode Coue. Je ne dispose pas d’informations fiables sur le opérations militaires en Ukraine mais sur les plans economique, politiques, géopolitique, idéologique, societal et civilisationnel c’est en réalité le monde dit occidental qui est en train de s’effondrer à la vitesse grand V. Quelle que soit l’issue militaire de la guerre en Ukraine Poutine a de toute façon déjà gagné : il a en face de lui des dirigeants (Macron, Biden etc) en train de détruire leurs propres pays et des sociétés qui depuis 50 ans se suicident collectivement.

  2. D’accord avec Jérôme ci-dessus.
    Voir aussi mon commentaire à ce sujet en bas de l’autres article de Markowicz ici, intitulé « L’Otan et Poutine. Note courte sur les évidences et les paradoxes ».
    Markowicz est un propagandiste infatigable. AUCUNE confiance possible.

  3. On nous dit depuis le début que la Russie est isolée, qu’elle amorce sa chute etc…Tout semble en réalité prouver le contraire : les sanctions économiques se sont déjà retournées contre nous d’autant que la Russie leq avait totalement anticipées. La BRIC devient un contre pouvoir efficace contre le G7 et de plus en plus de pays essaient de se détacher de l’influence américaine. Aux quatre coins du monde sauf en Europe devenue une succursale des USA qui nous entraînent dans leur chute (sociétale, politique, etc).

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