J’habite sous les toits. Des toits aux tuiles ocres, qui gardent le soleil et que le vent a patiné. La chambre est mansardée et il existe un passage secret avec un petit escalier en colimaçon qui mène à une terrasse.
Un toit en paille garde cette terrasse au frais. Les grillons ont déjà commencé leur scie, en ce début d’après-midi.
Le livre que je lis, un polar de William Irish ( « La mariée était en noir »), m’a glissé des mains. Les paupières lourdes, je m’enfonce dans le néant.
Je suis réveillé par des coups violents frappés à ma porte. C’est moi qu’ils viennent chercher. Je ne me laisserai pas arrêter comme ça.
Le passage secret, la terrasse, les toits, les tuiles ocres. Les tuiles couvertes de mousse, les tuiles disjointes, les tuiles glissantes. La chute…
J’ouvre les yeux, j’ai beaucoup transpiré. Un cauchemar. Sans doute, cette date anniversaire du 16 juillet 1942. Plus de 13000 juifs raflés…
Je deviens complètement paranoïaque. Au village, personne ne connaît mon identité.
Daniel Sarfati fait ce cauchemar, nous devons être encore quelques uns à le faire, nous ne devrions pas et pourtant …. je le fais moins maintenant peut-être parce que je dors peu mais il revenait souvent; j’entendais cogner sur ma porte et je fermais des quantités de verrous mais la porte finissait par s’ouvrir et je me réveillais terrifiée .
« C’est moi qu’ils viennent chercher. »
Ils viennent te chercher, c’est la phrase terrifiante, qui fait se dresser les cheveux sur la tête, la phrase de cauchemar.
Qui ça, « ils » ? Les « sans-âme », les méchants, qu’ils soient nazis ou morts-vivants mais qui assurément me/te veulent du mal.
« Ils viennent te chercher, Barbara ». C’est par cette phrase prononcée dans un cimetière de campagne que débute un mythique et cultissime film d’horreur : la nuit des morts-vivants.
M. Sarfati, Excusez ce petit hors sujet que m’a inspiré votre phrase.