Daniel Sarfati. « Les Netanyahu » de Joshua Cohen

Ben Zion Netanyahu a vécu jusqu’à 102 ans et il est le protagoniste du Pulitzer 2022, « Les Netanyahu » de Joshua Cohen.

Ce roman est une fiction mais il est basé sur une anecdote qu’a rapportée l’éminent critique littéraire Harold Bloom, peu de temps avant sa mort, à Joshua Cohen.

Le Pr Ben Zion Netanyahu, historien spécialiste de l’Inquisition espagnole et portugaise, postulait pour une chaire dans une université américaine dans les années 50. Harold Bloom fut chargé de coordonner sa visite sur le campus pour son entretien d’embauche et sa conférence.

Pourquoi lui, alors qu’il ne partageait pas le même domaine de compétence ?

Parce que Bloom était juif, avait estimé le doyen de l’université. Il était soudain ramené à une identité qu’il ne souhaitait pas mettre en avant.

Cette journée restera gravée dans son esprit. Une confrontation entre le yiddishophone et l’hébraïsant, le diasporique et le sioniste radical.

Ben Zion Netanyahu débarque au volant d’une voiture déglinguée, dans cette université très WASP, avec sa femme Tsila et ses 3 fils, Yoni ( futur héros d’Entebbe ), Benjamin ( futur Premier Ministre de l’Etat d’Israël ), Iddo ( futur médecin radiologue). La famille est envahissante, bruyante et sans-gène.

Ben Zion Netanyahu est imbu de lui même, aigri et n’est prêt à aucune concession avec ses futurs collègues. A la grande confusion et consternation de Bloom, qui voit toutes les années qu’il a mise à polir son image de juif assimilé et intégré, fichues par terre.

Le livre est très drôle, dans la lignée de ceux de Bernard Malamud ou de Phillip Roth. Il interroge sur l’identité et les rapports entre Diaspora et Israël. Il confirme qu’il y a mille façons d’être juif, et que peut-être, aucune n’est la bonne.

© Daniel Sarfati

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