Quand la religion des hommes restreint la liberté au nom de la pudeur excessive, voire de la chasteté, elle crée un sentiment de frustration insupportable, étouffant. Et la frustration finit souvent par engendrer la violence et l’irréparable.
La Coupe du monde de football, Fifa 2022, qui se déroulera au Qatar du 21 novembre au 18 décembre, risque d’être entachée par de nombreuses restrictions comportamentales, inédites en pareilles circonstances mais annoncées et imposées par les autorités qataries, qui porteraient sur l’habillement, la séduction, la consommation d’alcool et, surtout, l’homosexualité.
Pour la première fois dans l’histoire de la Coupe du monde de football, les attitudes ou pratiques affectueuses entre hommes et femmes, certaines tenues vestimentaires féminines considérées comme provocatrices, ainsi que la sexualité, seront interdites et passibles de prison.
Entre soumission et transgression, sans fard ni tabou, autant avouer la misère sexuelle d’un monde musulman dans lequel la jeunesse est bâillonnée par l’omnipotence des traditions et des coutumes d’un autre âge, où le sexe se consomme pourtant comme une marchandise, mais que la loi de la doxa religieuse et culturelle punit et proscrit, favorisant la ségrégation sexiste, la frustration, reléguant toute forme de relations sexuelles hors mariage, tout comme l’homosexualité et la prostitution, aux gémonies et à la vindicte populaire.
Dans cette société musulmane fondée sur l’hypocrisie institutionnelle, qui réduit, étouffe et rejette la liberté universelle et fondamentale d’être, d’aimer et de désirer, la jeune fille et la femme n’ont qu’une alternative, celle d’être cloîtrées dans la virginité ou le mariage.
« Le fait de vivre ou d’avoir grandi dans des sociétés, où la liberté sexuelle n’existe pas, fait du sexe un objet d’obsession permanent », écrit Leila Slimani, lauréate du Goncourt 2016.
Mais sans leurre, existe-t’il une région du monde où l’égale liberté des unes et des autres, en matière de sexualité, serait admise ou tolérée ? Non, bien évidemment, car ce serait oublier un peu vite les rapports sociaux de sexe, la domination sociale des femmes par les hommes, la réduction de la sexualité au consumérisme et à la pénétration, le dédain ou le reniement du désir des femmes, les interdits dominants sous des formes archaïques ou religieuses et patriarcales, la multiplication actuelle des modèles pornographiques, ou la perversion de toute morale par les sentiments de jalousie et de possessivité.
Que l’on soit en Occident ou en Orient, le même discours hypocrite revient avec insistance : « Faites ce que vous voulez, mais faites-le en cachette ».
La culture du mensonge, en matière de sexualité, est de ce fait instrumentalisée à travers le monde entier.
En islam, sous couvert d’interprétations tendancieuses et mensongères de certains versets coraniques, les relations sexuelles hors mariage et la « fornication » sont pénalisées, voire violemment châtiées. Les avortements sont illégaux, sauf en cas de viol, de malformations graves ou d’inceste, les homosexuels sont confinés dans la peur et l’humiliation. Mais, paradoxalement, on autorise la polygamie, une perversion institutionnalisée. Allons-donc, voyez-vous ça !
Alors que Dieu n’a instauré, à travers le Coran, qu’un équilibre intelligent dans les relations humaines en favorisant l’amour, sans occulter l’attirance et le désir, l’homme s’est vite érigé en petit dieu de la censure irréfléchie et dominatrice.
Cependant, dans ce monde musulman prétendument puritain, on recense chaque année des milliers de bébés abandonnés à la naissance, parce que nés hors mariage ! On multiplie et on surmultiplie le nombre d’orphelins, innocents et reniés, dans le silence coupable d’une religiosité inconsciente, irrationnelle, ignorante et primitive.
Enfants du péché, me direz-vous ? Je vous répondrais non ! Ces innocents orphelins abandonnés sont les Témoins de l’inconscience, de l’insouciance et de la frustration engendrée par l’imposture de castes cléricales usurpatrices et intolérantes, le fruit du mépris à l’égard de la vie, de cette persistance à restreindre la liberté et l’amour, au nom d’une religion qui n’est pas celle de Dieu, mais celle des hommes, au nom d’une coutume ou d’une tradition féodale et archaïque !
© Mohammed Guerroumi
Musulman rationaliste, engagé et laïc, nommé en 2016 Délégué régional à l’instance nationale de dialogue avec l’islam, Mohammed Guerroumi est très impliqué dans le dialogue interreligieux. Auteur à Causeur, il est un des Signataires du « Manifeste contre le nouvel antisémitisme« .
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