Maxime Tandonnet. Les retournements de veste sont dévastateurs pour l’image de la politique

Ci-dessous mon article pour Figaro Vox ce week-end concernant les retournements de veste de notables LR en faveur du macronisme.

Il souligne que rien ne justifie ces retournements de veste sur le fond: le macronisme n’est autre que le prolongement du « socialisme à la française » et du hollandisme en particulier – sans doute en pire.

Rien ne les justifie sinon l’opportunisme. Il montre que les ralliements emblématiques, depuis 2017, ont gravement déstabilisé la droite républicaine. Ils sont le fruit de la volonté de l’occupant de l’Elysée de supprimer toute opposition raisonnable.

De fait cette stratégie de maquignon est une réussite et, à la veille des législatives, laisse face à face le macronisme et deux dangereux extrémismes: celui de NUPES et le lepénisme dans un climat de confusion extrême.

Le calcul est qu’en l’absence d’alternative sérieuse, le pouvoir politique pourra toujours enfoncer davantage la France dans la détresse, et le chaos nourrir un culte de la personnalité devenu la boussole du pays. Car les Français ne prendront jamais, pensent-ils, le risque de leur substituer des formations extrémistes.

C’est une erreur. A un moment où à un autre, leur exaspération et leur révolte seront telles qu’ils se tourneront, probablement pas vers la droite extrême, mais vers la gauche radicale en pensant: de toute façon ils ne peuvent pas faire pire.

La droite de gouvernement, dont les références historiques et idéologiques demeurent en adéquation avec le pays profond et qui conserve son réseau local, doit trouver une réponse urgente à l’œuvre de destruction systématique dont elle fait l’objet. Il lui faut se trouver un leader et une équipe incarnant le renouveau, n’ayant jamais été compromis dans les errements du passé. Elle doit mettre fin à l’existence du parti LR dont l’image est définitivement compromise par trop de mauvais souvenirs et constituer une nouvelle formation dans le cadre d’une alliance ouverte à toutes les bonnes volontés. Elle doit se forger une ligne de fermeté condamnant toute forme de compromission et proposant une refondation de la démocratie française.


Extraits: « Les retournements de veste sont dévastateurs pour l’image de la politique »

« Le mot « trahison » a pris une place importante dans le discours politique de ces derniers mois. Pour Mme Carole Delga, présidente socialiste du conseil régional du Conseil régional de Midi-Pyrénées, « Le dégoût que les Français ont pour la politique, ce sont toutes ces trahisons ». Le député LR Aurélien Pradié l’affirme: «  Quelqu’un qui trahit sa famille politique pour une gamelle est un traître, évidemment ». Par-delà le caractère infâmant des termes de « trahison » et de « traître », force est de constater que les retournements de veste ont pris depuis quelques années une ampleur jusqu’alors inusitée sous la Ve république […]

A l’issue de son élection à la présidence de la République en 2017, le président Macron a pris l’option de « déconstruire » un fondamental de la Ve République qui est l’opposition droite/gauche. Cet ancien conseiller, puis ministre de l’Economie des gouvernements socialistes de François Hollande, s’est doté en 2017 d’un Premier ministre issu de la droite, Edouard Philippe, et de plusieurs ministres importants venus du même camp, associés à ses fidèles venus pour la plupart du parti socialiste. Le ralliement à la candidature Macron d’une partie des notables de LR – déstabilisés par l’effondrement de la candidature de François Fillon – avait d’ailleurs été manigancé de longue date par « le groupe de Bellota (nom d’un restaurant où ils se réunissaient), comme le révèle Patrick Stefanini dans « Déflagration » (Robert Laffont 2017)

 Le jeu des « débauchages » dans le camp de la droite républicaine a repris à l’occasion des élections nationales de 2022. Deux personnalités de premier plan de LR, exerçant des responsabilités stratégiques à l’Assemblée nationale, ont ainsi changé de camp pour rallier le macronisme : Eric Woerth, président de la commission des finances avant la présidentielle et Damien Abad, président du groupe LR, dans la perspective des législatives.

 Ces ralliements ont eu un effet ravageur pour la droite dite « de gouvernement ».  La cascade des défections en faveur de la présidence Macron a eu pour effet de dévaster la réputation d’un courant politique.  Le soupçon d’infidélité aux engagements et aux convictions a rejailli – injustement – sur l’ensemble du mouvement : quelle confiance accorder à des hommes et des femmes si prompts, même potentiellement, à retourner leur veste et se compromettre dans le camp adverse ? Ces vagues de transfert ont eu pour effet d’accréditer l’idée d’une fongibilité entre macronisme venu du PS et droite dite « de gouvernement ». Elles sont en en partie à l’origine de la débâcle de LR aux présidentielles et des sondages préoccupants en vue des législatives.

Les transfuges utilisent deux justifications. La première est qu’ils ne se reconnaîtraient plus dans leur ancien parti qui selon eux, « court après l’extrême droite ». Mais les mêmes n’exprimaient aucune réserve quand leur parti avait le vent en poupe en tenant un discours au moins aussi droitier qu’aujourd’hui et triomphait, en 2007, sous l’étendard de l’identité nationale. Par ailleurs, ils affirment que le président Macron a réalisé « les réformes que la droite n’a jamais osé faire ». Pourtant, avant leur ralliement, ils n’étaient pas les derniers à fustiger une politique aux antipodes des projets de la droite : hausse vertigineuse des dépenses, des déficits et de la dette publique, augmentation considérable des flux migratoires, PMA sans père remboursée par la sécurité sociale, nivellement par le bas en matière éducative (effondrement du niveau scolaire), saccage des libertés individuelles pendant la crise sanitaire, fulgurant déclin industriel (déficits commerciaux records), violence en augmentation débridée, aggravation de la pauvreté et de l’assistanat (2 millions de RSA), etc.

Pour l’opinion, ces ralliements sont bel et bien perçus comme relevant de l’opportunisme ou de la compromission et nourrissent une image extrêmement délétère de la politique perçue comme une course aux fromages au détriment des convictions, de l’honneur et de l’intérêt général. Environ 80% des Français ont une vision négative de la politique selon une enquête annuelle de Cevipof. Cette crise de confiance est la source d’un profond malaise démocratique, de la montée de l’abstentionnisme, de la poussée fulgurante des votes « antisystème » ou démagogique de gauche ou de droite. Elle conduit inévitablement, tôt ou tard, à la révolte et au chaos. La banalisation de la déloyauté en politique a toute sa part dans ce naufrage. »

© Maxime Tandonnet

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/les-retournements-de-veste-sont-devastateurs-pour-l-image-de-lr-20220522

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