Daniel Sarfati. La Nausée

En 1937, Jean-Paul Sartre est professeur de philosophie à Laon, une petite ville de province, où il s’ennuie ferme.
Il lit beaucoup de romans policiers.
Il écrit de longues lettres au Castor ( Simone de Beauvoir ).

« Je suis en demi-captivité du dimanche au mercredi, avec des instants longs et vides, ça me rend le sens du temps…je mange, je dors… Il faut savoir s’emmerder un peu, il faut savoir sentir passer le temps doucement… »

Il ne fréquente pas beaucoup ses collègues, et déteste l’ambiance du lycée.

« Une petite conspiration contre moi au lycée.
Un vieil ignoble nommé Neveaux et qui possède la plus laide épouse d’Europe, une calamiteuse, est venu m’en aviser hier matin. Il obéissait à des mobiles obscurs où ne figurait certes pas la sympathie pour moi.
Il me rapporte que Jollivet, professeur de sixième, trouve mauvais que je n’assiste pas aux réunions et se demande si il y a vraiment un professeur de philosophie dans ce lycée…Un de ces jours, je compte coincer ce Jollivet entre deux portes et lui botter le cul. »

Il y en un pourtant, avec qui il a de longues conversations, l’autre professeur de philosophie, adepte de St Thomas d’Aquin.

« Le type est intéressant. Il a fait cette généralisation hardie en me disant que si chez les thomistes, il y a beaucoup de psychasthéniques ( il en a d’ailleurs la tête et de curieux repentirs ), chez les marxistes il y a beaucoup de maniaco-dépressifs.
Il serait temps que je rentre à Paris. »

Puis vient la délivrance, Sartre reçoit une lettre de Brice Parain, lecteur chez Gallimard, à qui il a envoyé un manuscrit :

« Mon cher Sartre,
J’ai fini « Melancholia ». À partir de la page 130 et quelques ( quand on entre dans l’action) je trouve cela épatant, génial.
Je vais donc conseiller de le prendre. »

« Melancholia » deviendra « La nausée », premier roman publié de Jean-Paul Sartre.
L’ennui existentiel d’Antoine Roquentin dans une petite ville de province.

© Daniel Sarfati

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