« Maintenant, vous dégagez »
Le Mali dénonce les accords de défense. Et alors?
La junte au pouvoir au Mali a annoncé lundi soir rompre les accords fixant le cadre juridique de la présence au Mali des forces française Barkhane et européenne Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense, conclu en 2014 entre le Mali et la France. La décision de la junte malienne de dénoncer les accords de défense avec Paris est «injustifiée», a protesté mardi le ministère français des Affaires étrangères, précisant que la France poursuivrait son retrait militaire «en bon ordre» comme prévu dans les prochains mois. «Informée, le 2 mai, de la décision unilatérale des autorités de transition maliennes de dénoncer» ces accords, la France «considère cette décision injustifiée et conteste formellement toute violation du cadre juridique bilatéral qui serait imputable à la force Barkhane», souligne la porte-parole du Quai d’Orsay dans une déclaration écrite.
La France a envoyé au Mali des soldats français pour défendre ce pays contre les djihadistes. Une cinquantaine de militaires français ont perdu la vie dans l’opération Barkhane. Désormais le gouvernement malien dénonce les accords de défense et demande donc un départ accéléré de l’Armée française.
Il est quand même phénoménal de voir ainsi traitée la France qui a perdu une cinquantaine de soldats pour protéger ce pays des djihadistes.
Et les familles des morts pour rien, pour que tout s’achève dans l’humiliation, que deviennent-elles?
A quoi cela a-t-il servi, in fine?
On aimerait comprendre, avoir des explications. Tout cela parce qu’un autocrate élyséen a décidé un jour d’envoyer des forces là-bas, évidemment sans débat ni discussion.
Il faudrait que les responsables de ce genre de sinistre comédie au goût sanglant, qui se termine aussi mal, par un aussi retentissant fiasco et une humiliation (« Maintenant, vous dégagez ») aient des comptes à rendre.
© Maxime Tandonnet
Fin observateur de la vie politique française et contributeur régulier du FigaroVox, Maxime Tandonnet a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019). A paraître le 3 mar: Georges Bidault, de la Résistance à l’Algérie française. Maxime Tandonnet. Perrin Editions.
Franchement, j’adore la fin de cet article : «…. Il faudrait que les responsables de ce genre de sinistre comédie …..qui se termine aussi mal….aient des comptes à rendre ».
Quelle amnésie sélective et volontaire…
Que l’on nous explique d’abord ce que la France (de Sarkozy) est allé faire dans la galère libyenne en 2011. A se comporter comme l’empire stupide qu’elle fut ; à liquider, sous des faux prétextes et pour des raisons inavouables, le satrape local (Kadhafi) qui ne demandait pas mieux que de faire le sale boulot au Sahel ; au point de voir s’égayer au Mali et ailleurs les armes (aussi françaises) du satrape et les Toyota 4/4 avec les djihadistes de rigueur ; au point de devoir y expédier ses propres légions pour faire le sale boulot faute de satrape.
Accessoirement, à réduire la Libye à la guerre civile et au chaos régnant encore aujourd’hui ; à démolir son industrie pétrolière, à livrer ses femmes à la charia, ses hommes aux gangs islamo-fascisants et aux mercenaires turcs, russes et aux supplétifs libyens au service des USA.
Le succès et la gloire, quoi.
Que l’on nous explique en quoi le gouvernement actuel à Bamako, issu d’un putsch militaire, est moins légitime que les précédents ayant, nous dit-on, « invité » la France d’y intervenir ; TOUS arrivés au pouvoir de manières inavouables, TOUS assis sur des baïonnettes françaises.
Les infractions pour lesquelles Sarkozy est condamné (deux fois en attendant la suite) à la prison ferme ne sont que des bricoles comparées aux tenants et aux aboutissants de la Libye 2011 et de leurs conséquences au Sahel.
Sauf erreur : pendant ces évènements (2011), l’auteur de l’article était à l’Elysée au service de Sarkozy ?
Des comptes à rendre ? Qui exactement ?
Intervention au Mali justifiée au tout début mais ensuite enlisée. Le Mali et les Maliens méritent-ils vraiment que des soldats français se fassent tuer ou blesser pour eux ?… Le rapport entre la France et l’Afrique subsaharienne est de toute façon éminemment toxique :
1) une France accusée (souvent à juste titre) d’avoir favorisé des dictateurs ou de « piller » ses anciennes colonies
2) la désastreuse opération de Libye qui a laissé d’énormes rancœurs (la guerre du Mali est une conséquence de cette opération menée par Sarkozy)
3) une montée en flèche du
panafricanisme avec très souvent racisme anti-blancs ayant déjà débouché sur crimes et agressions : les atrocites commises en Cote d’ivoire en 2004 auraient dû servir de signal d’alarme.
Additionnez ces trois points et vous obtenez une situation explosive.
L’influence française dans cette partie du monde a déjà drastiquement baissé ces 10 dernières années et est appelée à disparaître : ce sont les Chinois qui aujourd’hui colonisent l’Afrique subsaharienne. Tant mieux ! c’est une occasion à saisir pour partir progressivement : si nous dirigeants étaient plus lucides ils comprendraient qu’il vaut mieux anticiper et favoriser cette rupture de toute façon inévitable (de même qu’il eût mieux valu quitter l’Algérie avant la guerre).
Ce qui implique également de 1) cesser les interventions militaires sauf pour protéger nos ressortissants 2) cesser tout soutien aux régimes politiques locaux 3) bloquer le plus possible l’immigration issue d’Afrique subsaharienne qui de toutes est de loin la plus ingérable.