Mon canapé n’est pas en velours orange ( bizarre comme couleur…), et je ne suis pas assis sur le bord, comme prêt à décamper à la moindre contrariété. Plutôt de la vieille école, je suis allongé sur des coussins en cuir. Et seule concession à la nouvelle approche psychanalytique, je fais face à mon thérapeute, le Dr Dayan ( le comédien Frédéric Pierrot).
Visage buriné, courte barbe poivre et sel, il me regarde à la fois bienveillant et sévère.
Devant mon écran, j’ai l’impression d’une télé-consultation.
On est jeudi, normalement c’est le jour de Jacques Weber. Il a du se décommander. Un rendez-vous s’est libéré sur Doctolib, alors j’ai pris. Bon.
En fait, je n’ai pas grand chose à raconter au Dr Dayan…J’ai réglé mon Œdipe, j’ai accepté mes crises de boulimie ( le regard des autres sur mon embonpoint me laisse froid ), et j’ai oublié le rêve de la nuit précédente.
Le Dr Dayan se gratte la calvitie, plutôt ennuyé. Il aimerait bien accélérer cette séance, impatient de passer à vendredi pour voir Charlotte Gainsbourg. Il m’encourage :
« – Un traumatisme de l’enfance…?
– Oui…Un jour, je suis tombé de vélo…
– Et alors ?
– Au lieu de me consoler, mon père m’a dit que j’étais nul.
– Aaah ! »
On va pouvoir commencer à bosser. La séance s’est achevée de façon un peu piteuse quand j’ai expliqué au Dr Dayan que je n’en voulais pas à mon père parce qu’après il m’avait offert une glace. Et que de toute façon, j’en faisais très bien du vélo. Je ne sais pas si je vais consulter la semaine prochaine. J’ai l’impression qu’il m’a bloqué sur Doctolib.
© Daniel Sarfati
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