Alors que le candidat Eric Zemmour avait récolté plus de 50% des voix au premier tour de la présidentielle chez les ressortissants français en Israël, à rebours des positions de nombreux responsables juifs, en tête desquels le grand rabbin de France Haïm Korsia qui avait appelé à ne pas voter pour les « extrêmes » et avait qualifié Eric Zemmour de « raciste », ceux-là n’ont pas reporté leurs voix sur Marine Le Pen, lui préférant le président sortant Emmanuel Macron.
En effet, les chiffres communiqués par l’ambassade de France en Israël au lendemain du second tour de l’élection présidentielle française indiquent qu’une écrasante majorité de Franco-israéliens ont voté pour Emmanuel Macron, lequel a récolté 85,8% des suffrages dans la circonscription de la métropole de Tel-Aviv contre 30% à l’issue du premier tour qui avait porté en tête Eric Zemmour avec 55% des votes, loin devant le RN de Marine Le Pen qui avait fait 3%.
« Le Pen a une trop mauvaise image dans la communauté juive », souligne Philippe Velilla, consultant politique, expert en vote des minorité et pour qui « le vote Zemmour était communautariste »: « Les juifs et Franco-Israéliens qui ont voté Zemmour l’ont fait car il était juif. Ils ont été sensibles à sa rhétorique anti-arabe, explique Philippe Velilla.
« Quand Zemmour a appelé à voter Le Pen, j’ai été déçue, j’ai presque regretté d’avoir voté pour lui », a confié dimanche à l’AFP Karine Cohen, 53 ans. « Je trouve qu’en tant que juif, voter Le Pen c’est un danger pour nous. Je n’ai jamais voté extrême et pour moi Zemmour ce n’était pas extrême, je trouvais qu’il avait un bon programme », ajoute cette électrice de Netanya.
« Voter Le Pen (c’est) non », lance cette auxiliaire de vie pour qui la candidate du RN reste avant tout la fille de Jean-Marie Le Pen, ancien président du Front national , connu pour ses propos antisémites et révisionnistes.
Eric Zemmour, candidat du parti Reconquête, avait, lui, vu sa popularité monter en flèche pendant la campagne auprès des Franco-israéliens, qui avaient majoritairement voté pour François Fillon (LR) au premier tour de la présidentielle en 2017.
A noter: la visite en Israël de proches de Valérie Pécresse, tenante de la bannière des LR, n’a pas réussi à contrer la « vague Zemmour » au premier tour, néanmoins « relative » puisqu’un peu moins de 11% des électeurs inscrits dans les circonscriptions de Tel-Aviv et Jérusalem, les deux plus grandes villes du pays, ont voté.
Une participation restée tout aussi faible hier: Eric Zemmour avait appelé à voter Le Pen au second tour mais les Franco-israéliens n’ont pas suivi cette consigne de vote.
« Est-ce qu’une ashkénaze qui a perdu toute sa famille dans la Shoah peut voter pour Marine Le Pen? La réponse est non », dit une autre électrice de Netanya, sous couvert d’anonymat. « Elle reste la fille de Monsieur Le Pen, roi des antisémites. C’est inenvisageable ».
Via tweeter, Naftali Bennett a salué la réélection d’Emmanuel Macron face à l’extrême-droite: « Sous votre direction, je ne doute pas que les liens entre Israël et la France vont continuer à se renforcer », a-t-il écrit, alors que Yair Lapid félicitait … « l’ami sincère d’Israël ».
Sarah Cattan
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