Romain Tancredi. Marine Le Pen n’est pas d’extrême droite

Comme à chaque élection présidentielle depuis vingt ans désormais, le système médiatico-politique et plus généralement les élites (politiciens, journalistes, intellectuels, artistes, sportifs) nous ressortent le refrain de l’extrême droite.

À les entendre tous, le fascisme est à nos portes, le bruit des bottes se rapproche et les heures les plus sombres de notre histoire sont de retour : si Marine Le Pen était élue, c’en serait fini de la démocratie en France !

Effrayés par la défiance et le rejet du peuple à leur égard, épouvantés par le fait que ce même peuple soit demeuré républicain, universaliste et souverainiste quand eux sont depuis bien longtemps devenus libéraux, multiculturalistes, mondialistes et soumis aux États-Unis, dépourvus de la déontologie pourtant consubstantielle à leur profession, dénués de l’objectivité, de l’impartialité et de l’honnêteté intellectuelle normalement inhérentes à l’exercice de leur métier, ils ont, lentement mais sûrement, ces derniers mois, préparé le terrain pour la réélection de Macron, envisagé l’élection de Pécresse comme solution de secours, déploré la quasi-disparition de la gauche tout en en ménageant gentiment les candidats et éreinté tous les autres, classés d’office à l’extrême droite.

L’extrême droite. Lors de la Révolution, c’est l’endroit de l’hémicycle de l’Assemblée nationale où étaient assis les députés favorables au maintien de la monarchie absolue. On disait donc qu’ils étaient « d’extrême droite », tout comme les partisans de la République, assis eux tout à gauche de l’hémicycle, étaient qualifiés « d’extrême gauche ».

Ainsi, de la Révolution jusqu’à la Seconde guerre mondiale, on désignait par le terme d’extrême droite les adversaires de la République. Ils se caractérisaient par leur nostalgie de la monarchie, leur antiparlementarisme, leur libéralisme économique, leur xénophobie, leur catholicisme traditionaliste, leur antisémitisme, leur homophobie et tout simplement leur volonté de renverser les institutions républicaines par un coup d’État. Ils firent parler d’eux en provoquant la guerre de Vendée entre 1793 et 1796, en tentant de restaurer la monarchie en 1871, en contestant la séparation des Églises et de l’État en 1905 ou en se rendant coupables d’émeutes antiparlementaires à Paris en 1934 et de collaboration active avec l’occupant nazi entre 1940 et 1945. Oui, c’est ça, l’extrême droite.

Or, Marine Le Pen n’est pas nostalgique de la monarchie, n’est pas antiparlementariste (elle est elle-même parlementaire !), n’est pas xénophobe, n’est pas catholique traditionaliste, n’est pas antisémite, n’est pas homophobe, ne souhaite pas renverser les institutions républicaines par un coup d’État (elle veut au contraire présider la République !), ne conteste pas la séparation des Églises et de l’État et condamne la collaboration avec les nazis et l’extermination des juifs.

Elle peut certes être qualifiée de populiste ou de souverainiste, mais elle n’est pas spécialement conservatrice, ni sur les questions sociétales (elle est divorcée et n’est pas opposée au mariage pour les couples de même sexe), ni en matière d’économie.

Son père cochait toutes les cases de l’extrême droite, elle n’en coche aucune. Et c’est bien la raison pour laquelle, d’ailleurs – humiliation suprême -, elle l’a exclu du parti qu’il avait lui-même fondé.

Alors à moins de jouer un rôle depuis vingt ans en pesant et sous-pesant chaque mot, en polissant volontairement son discours alors qu’elle n’en pense pas un mot et en se faisant passer pour une démocrate alors qu’elle ne l’est pas, bref, en étant en représentation permanente dès qu’elle sort de chez elle (un effort gigantesque qui ferait juste d’elle – il faut le dire – la plus grande actrice de l’histoire de l’humanité), non, Marine Le Pen n’est pas d’extrême droite.

De toute façon, le terme d’ « extrême droite », duquel le système médiatico-politique persiste à l’affubler, est très largement galvaudé, puisqu’il est utilisé de façon péjorative pour désigner les personnalités qui combattent la pensée unique libérale, multiculturaliste et mondialiste, qui souhaitent passer de l’Europe technocratique et financière actuelle à une Europe de coopération politique entre nations et qui souhaitent restaurer la grandeur et l’indépendance de la France.

Or, si ça, c’est être d’extrême droite, cela voudrait dire que le général de Gaulle l’était (et que je le suis aussi, entre parenthèses…) !

En fait, les élites ne supportent tout simplement pas que le peuple ne se plie pas à leur bon vouloir (et ce malgré le fait qu’il ait été abruti par la désinstruction sciemment mise en œuvre depuis Giscard).

Et celles d’entre elles qui sont chargées de gouverner ne le font pas avec les idées du peuple, comme cela devrait se faire dans toute démocratie qui se respecte, mais avec les leurs ! Elles sont libérales, multiculturalistes et mondialistes alors que le peuple est républicain, universaliste et souverainiste, et comme elles considèrent avoir raison contre le peuple, elles trahissent sa confiance et n’appliquent pas ses idées mais les leurs ! Elles oublient qu’elles sont minoritaires (elles ne représentent qu’1 % de la population alors que le peuple représente les 99 % restants).

Ce mépris du peuple et cet irrespect de son opinion sont incompatibles avec la dénomination de démocratie. Quand le peuple d’un pays souhaite ultra-majoritairement la mise en place d’une politique mais que ses dirigeants en appliquent une autre, alors ce pays n’est plus vraiment une démocratie.

Et c’est ainsi depuis près d’un demi-siècle en France.

Alors hurler que la démocratie est en danger parce que Marine Le Pen est aux portes du pouvoir est franchement ridicule (en plus d’être malhonnête), car ceux qui poussent ces hurlements sont ceux-là même qui, depuis Giscard jusqu’à Macron en passant par Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande, ont privé le peuple français des principales caractéristiques de la démocratie (législatives alignées sur le mandat présidentiel, choix du peuple par référendum bafoué, multiculturalisme, européisme et atlantisme imposés au peuple contre son gré, etc).

Le danger pour la démocratie en France aujourd’hui, ce n’est pas l’élection de Marine Le Pen, c’est la réélection d’Emmanuel Macron.

© Romain Tancredi

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3 Comments

  1. La première phrase prête à sourire : le « système » politico-médiatique et les zélites …
    On comprend donc que MLP est « anti-système ». Jetez le mot en l’air et laissez-le retomber dans le désordre et vous avez un anagramme qui vient quelque peu remettre en question toutes ces belles dénégations.

  2. L’extrême droite existe bien mais ce n’est pas MLP. Les « élites » qui n’en sont pas constituent la partie la plus bête de la population : regardez ce qui se passe à Sciences po et Paris 8 : la voilà la vraie extrême droite.

  3. En 2022 il n’est plus possible d’ignorer que lutter contre l’extrême droite, le racisme, l’antisémitisme, les néo identitaires etc…c’est d’abord et avant tout lutter contre l’indigénisme, l’intersectionnalisme et tout ce qui en découle.
    Le reste est du pur bullshit datant du siècle dernier. Or la macronie est fondamentalement pro indigéniste. Cela fait partie de son ADN.

    Donc ceux qui voteront Macron (alors qu’ils peuvent parfaitement voter blanc ou s’abstenir : ce n’est pas encore illégal jusqu’à preuve du contraire) voteront très clairement POUR l’extrême droite, le racisme et l’antisémitisme. De même qu’ils voteront pour l’aggravation de la misère et des inégalités sociales, de l’hypercriminalité, des discriminations envers les handicapés, de la censure et de la désinformation de masse, ainsi que pour la disparition totale du peu de démocratie (*) existant encore dans ce pays.

    (*) la France est aujourd’hui si peu démocratique que Macron serait quasiment sûr d’être réélu même si 90% de la population était contre lui.

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