Ce mardi 12 avril sur ARTE
Comment la haine anti-juive a-t-elle forgé la manière dont les sociétés se conçoivent elles-mêmes? Du progrom d’Alexandrie en l’an 38 au « mais qui? » des réseaux sociaux, Jonathan Hayoun et Judith Cohen Solal sondent 2000 ans d’Histoire de l’antisémitisme dans leur documentaire-fleuve, diffusé ce mardi 12 avril sur ARTE et soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah Nathalie Cohen a reçu les deux réalisateurs, accompagnés de l’historien Joël Kotek.
le 12 avril 2022, de 20:55 à 00:40
Télévision
Histoire de l’antisémitisme (4 épi.), de Jonathan Hayoun
1- 38 -1144
Les historiens situent le premier massacre en 38, à Alexandrie, qui abritait une communauté juive florissante, ce qui déchaîna la fureur des Égyptiens. Dès le IIe siècle, l’ardeur du prosélytisme ruine l’entente entre chrétiens et juifs, les premiers accusant les seconds de déicide. En 413, saint Augustin publie «La cité de Dieu». Ce livre influera durant près d’un millénaire sur la place dans la morale chrétienne des juifs, «peuple témoin» qu’il s’agit à la fois de protéger et d’assujettir, une idée reprise ensuite par les musulmans. Aux XIe et XIIe siècles se déroulent les premières croisades, qui combattent les musulmans mais aussi les juifs, vus comme l’ennemi intérieur
2- Le temps du rejet, 1144-1791
Aux XIIe et XIIIe siècles, la situation des juifs en Europe se dégrade. Les souverains durcissent les règles sous l’influence d’une chrétienté qui s’étend et leur confère une légitimité. Ils vont s’astreindre à rendre visibles des juifs que rien ne distinguait du reste de la population, à travers une iconographie délirante (nez crochus, chapeaux pointus…) et des mesures discriminatoires, tel le port de la rouelle, anneau jaune dont la couleur, symbole de traîtrise, resurgira sous l’ère nazie. En 1290, les premières expulsions surviennent en Angleterre avant de gagner l’Europe de l’Ouest
3- De l’émancipation à la Shoah, 1791-1945
Sous l’influence des révolutionnaires français, de nombreux juifs accèdent à la citoyenneté en Europe. Mais l’essor industriel amène de nouvelles formes d’hostilité. Le poids de la religion diminuant, l’antisémitisme s’appuie désormais sur des théories raciales. Les juifs servent aussi de bouc émissaire à un courant socialiste populiste qui réactive le cliché moyenâgeux du «juif homme d’argent» et leur impute la misère ouvrière. Sous l’impulsion du journaliste Theodor Herzl émerge le mouvement sioniste et la revendication d’un État refuge. En 1903, le pogrom russe de Kichinev indigne la communauté internationale
4- Les nouveaux visages de l’antisémitisme, 1945 à nos jours
Après la Shoah, la communauté internationale découvre avec stupeur l’extermination de 6 millions de juifs. Pourtant, l’antisémitisme n’a pas disparu, comme en témoigne le pogrom de Kielce, en Pologne, où des rescapés des camps sont massacrés. Après la proclamation de l’État d’Israël en 1948, les populations juives doivent, en majorité, quitter les pays arabes. En 1965, à l’issue du concile Vatican II, l’Église met fin à deux mille ans d’antijudaïsme. Après une période d’accalmie dans les années 1960, l’antisémitisme adopte de nouveaux visages.
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