Le Billet de Maxime Tandonnet. Réflexion sur le phénomène électoral MLP

La poussée de Mme le Pen dans les sondages est la surprise de cette dernière ligne droite. Elle défie le bon sens commun: la quasi totalité des analyses la donnait finie après son débat raté de 2017 et son fiasco du second tour. Et puis, la candidature Zemmour en 2022 devait achever de l’étouffer. Or, d’après les sondages, Mme le Pen se trouve aujourd’hui quasiment à égalité avec M. Macron. Elle est encore bien loin de la victoire. Mais la dynamique est en sa faveur. Son élection, désormais possible, provoquerait un effet de sidération et ne ferait que poursuivre le naufrage de la France dans le chaos et le désespoir politique. Là-dessus, n’ayons pas le moindre doute. Ce constat évident n’interdit pas de réfléchir à ce qui se passe en ce moment. Ici, j’essaye juste de comprendre. Voici 13 essais d’explication d’un phénomène qui traduit l’accélération de la crise politique française.

Le rejet de M. Macron, son personnage comme sa politique et son entourage, amplifié par l’affaire McK, a atteint un niveau paroxystique, tel que beaucoup de Français, de droite ou de gauche, même hostiles à Mme le Pen, sont prêts absolument à tout pour éviter le spectre d’un second quinquennat.

Le souvenir du duel de 2017 profite finalement à Mme le Pen en la consacrant comme l’adversaire quasi officiel de M. Macron.

Mme le Pen est bien connue et sa notoriété établie (en bien ou en mal): l’électorat est finalement conservateur et se replie vers les visages auxquels il est habitué.

Généralement considérée par les observateurs de la politique française comme plutôt simple et peu cultivée, cette étiquette d’élève médiocre qui lui est accolée facilite l’identification des classes populaires par réaction à l’élitisme arrogant que son adversaire incarne.

L’ effet Zemmour a exercé un puissant effet de recentrage de Mme le Pen dans l’opinion en la  désextrémisant mécaniquement sur l’échiquier politique (Mme le Pen a refusé de cautionner le slogan « grand remplacement »).

La logique de sa campagne est désormais au-delà de celle de la dédiabolisation. Elle est engagée dans la course au néant, l’absence de toute idée et de tout projet voire de tout discours et même son silence exercent un effet rassurant sur l’opinion: au moins elle ne nous fera pas de mal supplémentaire.

Les penchants autoritaires du dernier quinquennat, la violation des libertés et de l’Etat de droit (emprisonnement à domicile, couvre-feu, stratégie du bouc émissaire – emmerder les non vaccinés ) ont neutralisé la crainte d’une dérive liberticide (nous l’avons déjà vécue).

La gabegie dépensière du pouvoir, les 500 milliards de dépenses supplémentaires (dont seulement 100 M liés à la crise sanitaire) identifiés par la Cours des Comptes ont de même neutralisé la critique de mauvaise gestionnaire et de démagogue envers Mme le Pen.

L’extrême personnalisation de la politique, la polarisation des débats autour des émotions collectives l’emporte sur la face obscure des choses : Mme le Pen avec ses chats et ses larmes faciles recouvre désormais le FN, son histoire et les calembours de son père.

La vague de trahisons subie par Mme le Pen (la plupart des grands élus RN qui n’ont guère brillé par la clairvoyance ont rejoint Eric Zemmour) l’a renforcée dans un statut de victime. 

L’incroyable déliquescence de la politique française – la banalisation des félonies et de la courtisanerie, les mensonges et le narcissisme outrancier – a engendré une atmosphère tellement délétère que l’image négative de Mme le Pen s’en trouve neutralisée (pas pire que le reste…)

Les Français dans leur ensemble ont tellement vécu dans le chaos permanent et la peur depuis une dizaine d’années (attentats islamistes, Gilets Jaunes, crise sociale, covid 19, Ukraine) que le saut dans l’inconnu que serait l’arrivée de Mme le Pen à l’Elysée ne les impressionne plus vraiment. 

Une partie éclairée de l’électorat anticipe sur la fin du présidentialisme et sur l’élection d’une Assemblée hétérogène qui sera amenée à diriger le pays à travers un Premier ministre indépendant du chef de l’Etat: Mme le Pen n’est à ses yeux qu’un moyen pour chasser l’équipe actuelle.

© Maxime Tandonnet

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1 Comment

  1. Il n est qu a lire les accusations delirantes de notre guignol illegitime de  » president  » a l encontre du premier ministre polonais pour mesurer le naufrage de la macronie et donc de la France .
    Qui pourrait sauver ce titanic de 67 millions de passagers ? Un changement de systeme serait une piste importante pour sortir de cette monarchie républicaine totalement demonetisée et peut etre entrer dans le monde moderne ……peut etre

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