Bon
Mardi
Demain : fête de Pourim
Cette fête de Pourim célèbre Esther, originellement Hadassah bat Avihaïl.
Cette jeune et belle orpheline élevée par son oncle Mardochée est choisie par le roi Assuérus pour remplacer sa première épouse, Vachti, condamnée à la pendaison par son époux très contrarié…
Mardochée, qui occupe une fonction administrative au palais ,a vite fait de présenter la belle enfant au roi qui , séduit, l’épouse.
Et la voici reine de Perse.
Des siècles plus tard, le fils d’un roi d’Egypte épousera une juive française qui serait devenue reine d’Egypte si la royauté avait été rétablie…
Bref…
Mais le ministre du roi, Aman, exige que Mardochée se prosterne devant lui, comme il est d’usage à la cour devant un personnage important…
Mardochée , qui a autrefois sauvé la vie du roi, s’y refuse, quoi? Se prosterner devant Aman? Pas question, un juif ne se prosterne pas…
Aman entre en fureur et décide de se venger en exterminant purement et simplement tous les juifs du royaume.
Bah oui!
Quel meilleur bouc émissaire que des juifs quand l’ego piétiné se rebelle ?
Esther est donc bien reine de Perse.
Mais elle est juive.
Et le roi l’ignorait car l’eût-il su qu’il n’aurait vraisemblablement pas épousé la jeune beauté…
Une juive dans sa couche? Non mais puis quoi encore !
Mais Esther n’écoute que son cœur incendié de révolte et d’épouvante et décide de sauver son peuple, capacité offerte par la place de choix qu’elle occupe dans le cœur de son Seigneur et Maître…
Aussi se défait elle de ses somptueuses parures de reine et s’abîme-t-elle trois jours en jeûne et en prières pour demander à D …ieu de lui insuffler le courage d’agir, demandant aux juifs de la communauté d’en faire autant…
Puis elle invite le roi à dîner une première fois, revêtue de ses plus beaux atours, l’incarnation de l’irrésistible féminité, robe semi transparente, somptueux bijoux et danse lascive, elle l’ensorcelle par son charme et sa parade érotique…
Un classique de l’arsenal féminin, tout le monde l’a tenté un jour ou l’autre, son efficacité n’est plus à prouver…
Mon chéri que j’aime et que j’adore, voudrais tu je te prie me débarrasser de ce ministre, de ta mère, de ta secrétaire, et m’offrir ce petit château si mignon qui me rendrait si heureuse et me donnerait si souvent envie de te…
On connaît…
Bref
Le roi, fou d’amour et de désir, est conquis…
Elle l’invite donc une seconde fois, bisse la prestation initiale, mets et vins fins, grâce libidineuse, toilette suggestive, gestes tendres et lascifs à la fois, et lui susurre enfin la terrible vérité à l’oreille : elle est juive . Et serait bien aise que le roi sauvât son peuple du funeste destin envisagé par le cruel Aman qui a déjà fait ériger une potence pour pendre le rebelle Mardochée…
Las!
Les ukases royaux ne peuvent se fracturer, le roi avait déjà condamné la communauté, mais on permettra exceptionnellement aux juifs de se défendre contre les attaques des hommes du royaume et d’éviter ainsi le génocide envisagé par Aman.
Et le roi, fort amoureux et contrit, y ajoute un petit cadeau personnel : la pendaison d’Aman au gibet monté pour Mardochée et en prime celle de ses dix fils.
Voilà pour toi, mon amour, que ce chien soit maudit sur dix générations …
Les nuits torrides ont payé…
Les juifs, autorisés à sauver leur vie, se battent avec bravoure et le peuple d’Esther ne connaitra pas le sort que lui réservait le sinistre Aman…
La fête de Pourim célèbre ainsi le sauvetage des juifs par une femme qui a donné son nom au célèbre livre d’Ester, la Meguila d’Esther, qui chante la gloire de celle qui assura le salut des juifs dans l’empire achéménide, considérée comme la main de Dieu ayant évité la destruction du peuple juif…
On aurait aimé d’autres Esther mais les voies de Dieu sont impénétrables, on va se contenter de celle-ci demain et la fêter dignement .
Je ne veux pas m’immiscer dans un domaine dont j’ignore à peu près tout et même le reste, mais je trouve cette histoire bien réconfortante dans un contexte où Esther avait tout de même caché ses origines juives, sur le conseil de Mardochée , son oncle et mentor, ce que Dieu , dans sa Très Haute mansuétude, lui a pardonné…
Pour une fois qu’on a évité un pogrome, cette femme mérite amplement les débauches de ripailles et de beuveries qu’ on lui dédie, étant de tradition que les juifs, heureux de ce sauvetage , se baladent dans les rues, schikers( beurrés) en agitant des crécelles qui scandent le nom- qu’il soit maudit – d’Aman…
Une fête gaie dans une liturgie traditionnellement amère et ténébreuse, la fête des Sorts célèbre l’échec du décret d’Aman fixant de façon aléatoire le génocide le 13e jour du 12 e mois, soit le mois Adar.
A cette occasion les femmes confectionnent des petits gâteaux, les houmentaschen, censés représentés les oreilles d’Aman qu’on croque à belles dents, voilà pour toi saloperie d’Aman, c’est un moment de convivialité qu’on est heureux de partager dans les rires et la joie.
Les enfants sont invités à se déguiser ce jour- là pour symboliser le judaïsme caché d’Esther dont la révélation in fine sauvera la vie de son peuple…
Que cette journée signe l’espérance que d’autres femmes parviennent par leur seule volonté et leurs atouts féminins à déjouer les noirs desseins de monstres égotiques et sanguinaires…
Je vous embrasse
© Michèle Chabelski
Poster un Commentaire