Alain Chouffan – Exceptionnel hommage aux chanteurs juifs de Tunisie

Quel formidable festival de chanteuses et chanteurs tunisiens avec l’orchestre de Ilan Bitane, un jeune homme doué et talentueux, à la Maison de la Tunisie, ce dimanche 6 mars !

Les plus grands noms des chanteurs et chanteuses, juifs et arabes, au XXe siècle, où les chanteurs et chanteuses juifs étaient majoritaires dans leurs disciplines en Tunisie, ont été évoqués ; de Habiba Msika , Cheik Afrit, Fritna Darmon, Maurice Mimoun, Kahlaoui Tounsi, Yacob Behri, Doukha, et l’inoubliable Raoul Journo. La liste est longue et les plus importants sont cités dans le récital. Certains, entre autres, comme Raoul Journo, ont sauvegardé et diffusé des mélodies anciennes du folklore national tunisien et protégé ainsi le patrimoine de la chanson tunisienne.

Des chansons interprétées par Syrine Ben Moussa, Esther Dalal, Hélene Kibaro, Maya Shane, Nadine Tibi, Yohav Bchiri et Alain Haddad. Difficile de vous décrire l’ambiance qui régnait dans cet immense auditorium remarquablement sonorisé . La scène était remplie de musiciens, des violonistes aux instrumentistes de toutes sortes. L’auditorium était plein à craquer, et l’ambiance, incroyable. De nombreuses femmes se sont levées pour danser au bas de la scène, ou debout devant leur fauteuil, et le public applaudissant à tout rompre. Un après-midi de folie qui ne fallait pas rater, et qu’on avait pas connu ou vu depuis si longtemps !

Tous les juifs tunisiens – les Tunes comme on les appelle – étaient présents. “Je vais trouver l’organisateur pour lui demander comment faire pour retrouver cet orchestre pour organiser une grande fête chez moi. Il est exceptionnel” m’a dit un ami qui n’en revenait pas de cette folle ambiance.
La belle voix de Syrine Ben Moussa, suave avec des improvisations-compositions enivrantes que seuls des mélomanes avertis savent identifier, nous a réchauffé le cœur. Née à Testour, la ville-symbole du Malouf tunisien, Syrine Ben Moussa, dont la voix s’inscrit dans une sorte d’internationalisation des chants du terroir tunisien, a été la première chanteuse à essayer de fusionner la musique arabe au Jazz qui s’appuie sur les improvisations, comme dans la musique et le chant arabe.

Aujourd’hui, alors que la quasi-totalité de la communauté juive a quitté la Tunisie, à Tunis et sur les antennes des radios, dans les radios, ou dans les fêtes religieuses, Musulmane, les voix mélodieuses de Raoul Journo et des autres chanteurs juifs sont toujours présentes pour accompagner les événements heureux, alors que la majorité des Tunisiens ignorent souvent l’origine juive de ces chanteurs et ce récital est organisé pour faire cet apport. La part prise par les musiciens et chanteurs juifs en Tunisie au XXe siècle mériterait d’être célébrée. C’était le but de cette soirée. Et il a été largement atteint !!!

Tous les organisateurs de cet exceptionnel hommage méritent donc une mention particulière. Avant tout : pour Pierre Mamou l’infatigable animateur qui sait transmettre sa chaleur et son talent de persuasion pour convaincre les plus réticents à venir voir ce qu’il organise, à Tahar Battikh, le directeur de la Maison de la Tunisie, toujours prêt à ouvrir les portes de sa maison pour de toutes sortes d’animation. Et bien sûr, à l’association Neapolis, présidée par Désirée Haddad Bellaiche.

Alain Chouffan