Natan Sharansky, ancien prisonnier de Sion, militant des droits de l’homme, ancien ministre du gouvernement israélien et ancien chef de l’Agence juive, exhorte Israël à adopter « une position morale claire » contre l’offensive lancé par le président russe en Ukraine.
« Quand j’ai grandi en Ukraine, à Donetsk, il y avait beaucoup de nations et de nationalités. Il y avait des gens chez qui, sur la carte d’identité, était inscrit « russe », « ukrainien », « géorgien », « kozaki ».
Ce n’était pas si important, il n’y avait pas de différence, mais une chose était importante: s’il était écrit « Juif », c’était comme si vous aviez une maladie.
Je m’en suis souvenu cette semaine quand j’ai vu des milliers de personnes debout aux frontières, essayant d’échapper à la tragédie en Ukraine. Elles se tiennent là jour et nuit, et il y a un mot qui peut les aider à sortir: « Juif ».
Si vous êtes juif, il y a des juifs qui se soucient de vous, il y a quelqu’un de l’autre côté de la frontière qui vous cherche, vos chances de partir sont grandes.
Le monde s’est renversé. Quand j’étais enfant, juif était un mot extraordinairement mauvais, personne n’était jaloux de nous, et aujourd’hui à la frontière ukrainienne, juif est devenu un mot positif décrivant des gens qui ont un endroit où aller et il y a tout un peuple, qui est leur famille, qui les attend dehors ».
נתן שרנסקי דיבר השבוע –
« כשאני גדלתי באוקראינה, בדונייצק, היו שם המון אומות ולאומים. היו אנשים שהיה כתוב בתעודת שלהם ‘רוסי’, ‘אוקראיני’, ‘גרוזיני’, ‘קוזאקי’. זה לא היה כל כך חשוב, לא היה הבדל גדול, אבל דבר אחד היה חשוב – אם היה כתוב ‘יהודי’, זה היה כאילו יש לך איזו מחלה.
נזכרתי בזה השבוע כשראיתי אלפי אנשים עומדים בגבולות, מנסים להימלט מהטרגדיה באוקראינה. הם עומדים שם יומם ולילה, ויש מילה אחת שיכולה לעזור להם לצאת משם: ‘יהודי’. אם אתה יהודי – יש בחוץ יהודים שדואגים לך, יש מישהו בצד השני של הגבול שמחפש אותך, הסיכוי שלך לצאת הוא גדול. העולם התהפך. כשהייתי ילד, ‘יהודי’ הייתה מילה יוצאת דופן לרעה, אף אחד לא קינא בנו, והיום בגבול אוקראינה יהודי היא מילה יוצאת דופן לטובה, היא מתארת אנשים שיש להם לאן ללכת ויש עם שלם, שהוא המשפחה שלהם, שמחכה להם בחוץ.
Né Anatoli Borissovitch Chtcharanski, Natan Sharansky, en hébreu : נתן שרנסקי, homme politique et écrivain israélien, est l’un des plus célèbres opposants soviétiques.
Né à Donetsk en Ukraine d’une famille juive, il travaille comme interprète pour le physicien dissident Andreï Sakharov après s’être vu refuser un visa de sortie pour Israël en 1973, puis devient un militant des droits humains. Il est alors l’un des fondateurs et porte-parole du mouvement juif refuznik aussi connu sous le nom de groupe Youri Orlov.
En mars 1977, accusé de trahison et d’être un espion pour le compte des États-Unis, il est arrêté et condamné à 13 années de travaux forcés. Après 16 mois d’incarcération dans la prison Lefortovo, il est envoyé en Sibérie dans un goulag nommé Perm 35 où il travaille durant 9 ans.
Il est libéré le 11 février 1986 et immigre alors en Israël. Il change son prénom pour Natan.
En 1988, Natan Sharansky est élu président du Zionist Forum, une organisation d’anciens activistes sionistes soviétiques. Sharansky travaille également pour The Jerusalem Report.
En 1989, le président américain Ronald Reagan le récompense en le décorant de la médaille de la paix.
Sur le plan politique, Natan Sharansky est le président et le fondateur en 1995 du parti politique Yisrael Ba’aliyah ou Israël pour l’aliyah, promouvant l’intégration des Juifs soviétiques dans la société israélienne. Yisrael Ba’aliyah remporte en 1996 7 sièges à la Knesset.
Natan Sharansky est l’un des fondateurs et le président de l’association One Jerusalem qui promeut la souveraineté israélienne sur Jérusalem unifiée.
Il fut également Ministre de l’Industrie et du Commerce de 1996 à 1999, Ministre de l’Intérieur de juillet 1999 à sa démission en juillet 2000, Chef de cabinet du Premier ministre israélien et ministre du Logement et de la Construction, Membre du cabinet du gouvernement israélien de 2003 à 2005.
Il démissionne du gouvernement le 2 mai 2005 pour protester contre l’expulsion des colons israéliens conformément au plan de désengagement des territoires occupés.
De juin 2009 à juillet 2018, il est Président de l’Agence juive. Il sera remplacé par Isaac Herzog en août 2018.
Publications
Défense de la démocratie : Comment vaincre l’injustice et la terreur par la force de la liberté. Bourin éditeurs. Paris. 2006. Ecrit avec Ron Dermer. Traduit de l’américain par Jean-François Chaix (titre original : The case for democracy : the power of freedom to overcome tyranny and terror. Balfour Books. 2006)
Fear no Evil : The classic memoir of one man’s triumph over a police state. Vintage Books. New York. 1989
Un juif d exception