Déjà en 2017 : on lisait l’irremplaçable Signature de Renaud Camus sur « l’élection de la dernière chance« .
En 2022 : le thème est, plus que jamais, au cœur de la focale politique et même Valérie Pécresse l’utilise. Mais est-ce pour le réfuter ou le reconnaître à demi-mots ? Que dit-il, en définitive, que pense son auteur ?
Renaud Camus
Entretiens avec Philippe Karsenty
Renaud Camus fait partie de ces écrivains maudits, de la Race des visionnaires et des poètes, dont tout le monde parle sans jamais savoir de quoi cet auteur est le sujet. On aura tout fait pour l’étouffer, le marquer au fer de l’incivisme. Est-il « donc d’extrême-droite » !?? Pas du tout. Camus, comme son glorieux homonyme Albert, appartient à la lignée de ces révoltés que rien ni personne ne fait taire. Il est, peut-être, le dernier Danton, le révolutionnaire ultime, et c’est pourquoi sa voix est devenue inaudible, toujours recouverte par la rumeur médiatique mainstream qui décervelle comme hier la Gueuze arrachait des têtes.
Truculent, cultivé, enraciné dans son savoir classique, mais sans fard, irrévérencieux, pertinent dans son parler vrai franchissant toutes limites autorisées, inclassable, bref, Français jusqu’à l’extrémité des sens, c’est avec cet homme libre que Philippe Karsenty choisit de s’entretenir, dans un échange sans compromis qui fait date.
En 2017, déjà, en 2022 à nouveau, se pose la seule question qui vaille : faut-il changer de peuple ou de politique ? (cette boutade de Berthold Brecht est le sous-titre de l’ouvrage).
« Acceptez-vous que la France cesse d’être la patrie du seul peuple français (et de ceux qui s’y sont assimilés), pour devenir un territoire partagé par plusieurs peuples » ? Tous les candidats, sauf lui, ont, d’ores et déjà, répondu : « oui ».
Selon Renaud Camus, la colonisation (ou contre-colonisation) démographique actuelle est bien plus sévère que celle imposée autrefois. Il ne s’agit pas de soumettre un territoire à la rationalité de l’administration, de la police et de l’armée, mais d’entraîner un peuple construit, vivant à sa propre dé-civilisation consentie et même, si possible, désirée. Opposer notre colonisation « militaire » de l’Afrique à celle qui a cours est d’autant plus absurde que la violence, délinquante ou terroriste, menée par les petits soldats de la nouvelle vague, s’insinue dans tous les recoins de notre conscience.
Cet emballement de l’histoire, entamé il y a une quarantaine d’années, pourrait s’assimiler à un crime contre l’identité de la France, définie par Fernand Braudel et d’autres. En ce sens, Macron est un véritable liquidateur de la nation et de la culture, dont il nie jusqu’à l’existence. Mais pire, tous les politiques en service ne pratiquent que le délayage et la fuite en avant, hors de l’impérieuse Question qui fâche, car tous les domaines de la vie : sociale, économique, politique, culturelle, sont les points de déclinaison du thème majeur de ce programme que rien n’arrête : le Grand Remplacement.
Il ne s’agit pas d’une « théorie », comme on veut le croire. C’est un mouvement historique, comme on parle « des Grandes invasions », de la Saint-Barthélemy ou de « l’Occupation ». Marine Le Pen s’est, d’ailleurs, servie de cette notion « théorique » pour stigmatiser Camus comme un « racialiste et un conspirationniste ». Cette dénonciation suffit à démontrer à quel point elle multiplie les gestes de complaisance envers l’islam et les flux migratoires, en perdant de vue l’objectif à mesure que le pouvoir paraît plus proche.
Les Camps de la Mort ont été le premier essai maladroit du phénomène. Aujourd’hui, « On ne gaze plus les peuples, on les submerge ». La Seconde Guerre Mondiale a fait de l’Europe « un champ de ruines », l’Antiracisme débridé « en fait un bidonville ». Le rejet des théories raciales avait toute sa place à la fin de la guerre, mais il s’est transformé, de l’indignation morale en un pouvoir mariant l’antiracisme à la finance, alliant Frederick Winslow Taylor au pro-Nazi Henry Ford. Désormais, tout un chacun est remplaçable, substituable, échangeable, jetable. La Matière Humaine Indifférenciée est délocalisable à souhait.
Par le Fordisme et la normalisation, les intérêts de droite ont découvert qu’il était plus rentable d’être de gauche (comme Soros)! Car si tout le monde a les mêmes droits que le citoyen, alors il n’y a, tout simplement, plus de citoyenneté. Par soumission à l’idéologie, les sociologues sont des outils dociles du discours ambiant et « démontrent » que ce qui se produit sous nos yeux n’a pas lieu. Le mathématicien Olivier Rey nous rappelle que le chiffrage sert à coder. « La nombrification du monde le rend inintelligible » : qu’est-ce que 0,5% de Migrants de plus ou de moins chaque année, au sein d’une population globale ? Et qu’est-ce 0,5 + 0,5 +0,5 à l’infini ?
L’idéologie grand-remplaciste repose sur 4 mythes que Renaud Camus démonte sans difficulté : le slogan « France terre d’immigration » (vrai depuis peu, mais historiquement faux sur le long terme), Ils ont « libéré la France » ou « On les a fait venir » : l’Algérie n’était pas plus tôt décolonisée (donc à développer) que la jeunesse n’aspirait plus qu’à traverser la Méditerranée. « Ils ont reconstruit la France » : après les années 1962, ou avec le regroupement familial de 1976, la France était déjà reconstruite de longue date.
En politique étrangère, le vrai talent de Trump (même s’il est le produit Rococo du « petit remplacement » par l’abrutissement télévisuel de masse) sera de contraindre l’Europe à réintégrer l’Histoire, en apprenant à se défendre : moralement, spirituellement et militairement. Le Brexit, de ce point de vue, n’est pas une réponse efficace pour faire face aux défis communs, comme veut le faire accroire Marine Le Pen. De même, aussi admirable soit Poutine, il ne partage pas nos intérêts. Lui tomber dans les bras serait aller de Charybde en Scylla.
Camus surprend encore, par son amour inconditionnel pour le « petit Israël » face à l’adversité, à la racine de la civilisation occidentale (la figure juive de Cratyle, face à Hermogène, dit-il), contre-modèle par excellence de la bêtise autoflagellante de l’Europe. Car qu’est-ce qui pourrait faire de la Mosquée Al Aqsa, « 3ème lieu saint de l’islam » qu’elle soit prééminente sur le Temple, premier lieu saint juif ou la présence des Chrétiens qui la précède ? Bien avant Trump, Camus prônait le déplacement de l’Ambassade de France à Jérusalem. Initialement, il est, en revanche, favorable à l’échange de Jérusalem, entièrement juive, contre la Judée-Samarie. A moins que de fervents sionistes lui démontrent clairement ce qu’ils offrent, au-delà d’un seul État binational, où subsistera le danger remplaciste… : car les Arabes sont là, qu’on s’aveugle ou non sur cette réalité.
Si les Juifs ont compris le « plus jamais ça » comme un « plus jamais victime », plus jamais de renoncement à notre terre et à notre identité, l’Europe a fait l’inverse, dans une sorte de « concurrence culpabilitaire » qui continue de la desservir : l’héritage, la transmission, la nation, l’identité, tout processus indispensable à l’existence d’un peuple, sont rejetés comme le bébé avec l’eau du bain (de sang).
L’Europe est hantée par la pulsion du suicide, comme l’a encore démontré Frau Merkel, en ouvrant toutes grandes les portes du continent. Ou comme le prouve la présidence Hollande, essentiellement marquée par le Mariage pour tous et la réforme scolaire : l’effondrement du système d’éducation est l’élément indispensable au Grand Remplacement. L’indifférenciation sexuelle et la théorie des genres sont le coup de boutoir ultime qui permet de « briser les systèmes de référence » de la population asservie (selon Franz Fanon).
Grand admirateur de Bourdieu, Renaud Camus pense qu’il a bien observé les processus, mais tiré des conclusions erronées : « puisque l’héritage est injuste, alors plus personne ne doit hériter ». L’égalité juridique et politique formelle ne doit pas être une plante grimpante corruptrice des rapports humains, de la famille, creuset où les personnalités s’affirment et se différencient. Entre l’égalité complète et la culture, il faut choisir.
A l’inverse, il faut classer clairement ce qui est essentiel à la civilisation française et européenne et ce qui lui est antagonique : comme le voile islamique, la mosquée, la djellabah salafiste, etc. Ces marqueurs identitaires sont comme des épingles sur la carte de la conquête, de même que l’obligation faite aux Français qui n’ont rien demandé, de consommer Halal. Camus rappelle qu’étant hostile à l’industrialisation de l’abattage animal, sa critique se dirige contre le Halal et uniquement lui. Les moins de 2 à 300.000 consommateurs de viande cachère n’ont jamais posé de dilemme comparable. Ceux, en revanche qui se présentent humblement et veulent sincèrement intégrer le peuple français sont les bienvenus.
Iconoclaste, il donne des gages de cohérence à Benoît Hamon dans sa réflexion sur la fin du travail industriel aliénant, mais fustige Macron comme le Grand remplaciste global ! Les écologistes sont, pour lui, des frères en esprit, mais des lâches qui ont refusé d’intégrer la croissance démographique humaine comme le danger majeur, dans leur réflexion sur l’environnement et le monde animal.
Ce livre passe-muraille condense tous les grands sujets de l’époque et sonne l’alarme. Il s’achève par les dix propositions-phare du Candidat Renaud Camus, résumées de façon lapidaire par : « Révoltez-vous ! ».
Par ©Marc Brzustowski
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