Dans le cadre de la Libération des camps et de l’ouverture du Camp d’Auschwitz qui a eu lieu le 27 Janvier 1945, l’Amejd Lille Métropole et Nord Pas-de-Calais, « Association pour la Mémoire des enfants Juifs Déportés Lille Métropole et Nord Pas-de-Calais » qu’elle a fondée et qu’elle préside, Paulette Touzard Dawidowicz est intervenue au Lycée Condorcet de Lens, la ville la plus touchée des deux Départements lors de la Rafle du 11 Septembre 1942.
Notre plaque en hommage aux 133 enfants de Lens et du bassin minier raflés et gazés à Auschwitz-Birkenau parce que nés Juifs, y avait été apposée un an auparavant, le 25 Janvier 2021, grâce au soutien financier de Xavier Bertrand, Vice-Président des Hauts de France et celui du corps professoral et de Madame la Proviseure Sandrine Frescal, entraînés par la motivation du professeur d’histoire Alexandra Wojda. La collaboration constructive de cette équipe est un exemple pour tous les établissements scolaires dans la lutte pour le « Plus jamais ça ».
L’inauguration a eu lieu avec le respect des mesures sanitaires et en présence de la Vice-présidente du Conseil Régional chargée de la Mémoire, Madame Madie d’Orchies, et de son assistant Édouard Roose.
La lecture des noms des enfants en présence de la Présidente de l’UEJF de Lille, Elise Hirsh
Le Mardi 25 Janvier 2022, la journée a commencé par la lecture des noms des enfants, dite par les élèves de Terminale préparés par leur professeur d’histoire Madame Colpin. Cette lecture s’est effectuée en sa présence, celle du Vice-président délégué du Pas de Calais de l’Amejd, son cousin Alain Alpern, leur famille ayant été gazée, la plus jeune, Liliane Dawidowicz, ayant un an, et tous les enfants de la famille figurant sur la plaque, le père d’Alain Alpern, Nathan Alpern, contrairement à ses parents qui ont été gazés, a fait partie des huit survivants de la Rafle du 11 Septembre 1942 revenus d’Auschwitz, avec la présence également d’Élise Hirsh, Présidente de l’UEJF de Lille qui a accepté de les accompagner.
Sa présence à cette intervention sur un travail d’histoire et de mémoire, une lutte contre le racisme et l’antisémitisme, un travail sur la bêtise et l’ignorance qui tuent, et leurs témoignages, semblait indispensable: « Il nous semble nécessaire et indispensable que la jeunesse reprenne notre relève lorsque nous, enfants cachés, déportés, et familles de Déportés, aurons tous disparu », nous dit Paulette Touzard Dawidowicz.
La Shoah, cet abattoir pour êtres humains. Cette industrialisation de la mort
« Il est essentiel de toujours rappeler la spécificité de la Shoah, l’abattoir pour êtres humains, l’industrialisation de la mort, en insistant sur cette réalité qui est que ce qui arrive aux uns peut arriver aux autres de la même façon, et comment ces mises à mort seraient susceptibles de mettre fin à l’humanité », pousuit-elle.
Ces interventions se sont déroulées autour du Film « Sauver Auschwitz » réalisé par nos amis Jonathan Hayoun et sa collaboratrice Judith Cohen-Solal, film déjà présentés à la Mairie de Lille le 27 Janvier 2020 autour de notre exposition « Les enfants dans la Shoah » qui a reçu des élèves de plusieurs établissements scolaires pour les visites guidées. Ce film a eu sur eux un impact exceptionnel, ils ont réalisé à quel point le négationnisme était un danger dans la lutte pour « Le plus jamais ça. »
Paulette Touzard Dawidowicz pousuit: « Les élèves m’ont envoyé par courrier des messages émouvants, qui m’ont d’autant plus touchée que j’avais été élève dans cet établissement scolaire avant de quitter le Pas de Calais. Ces messages comportaient un graphisme représentant, sur le monument installé en leur hommage, les statues des enfants massacrés par les Nazis à Lidice en Tchéquie, et j’ai eu enfin la surprise de recevoir à mon domicile en remerciements un bouquet de fleurs de la part de Madame la proviseure, Sandrine Frescal. »
Une table ronde à la Synagogue de Lille avec pour Thème « Transmission de la mémoire », organisée par Élise Hirsh, Présidente de L’UEJF de Lille
A la suite de cette intervention, Élise Hirsh, la Présidente de l’UEJF de Lille, prenait la décision d’organiser une table ronde à la Synagogue de Lille avec pour Thème « Transmission de la mémoire » et fixée au 1er Février 2022. A ce propos, Paulette Touzard Dawidowicz, Présidente de l’Amejd, adresse toutes ses félicitations à la Présidente de l’UEJF de Lille pour son initiative, mais aussi pour son respect des militants de la mémoire, son écoute, son esprit de solidarité et d’union.
Décision de dernière minute mais la soirée a été réussie. Cette table ronde animée par Élise Hirsh, la Présidente, avait comme intervenants Samuel Lejoyeux, le Président National de L’UEJF, l’Union des étudiants Juifs de France, deux historiens, Danielle Delmaire, professeur émérite de l’Université de Lille, spécialiste de la seconde guerre mondiale et de la déportation des Juifs du Nord Pas de Calais, Rudy Rigaut, professeur d’histoire à Dunkerque et délégué pour le Nord Pas-de-Calais du Mémorial de la Shoah, Jean-Claude Bresler, sculpteur, et Paulette Touzard Dawidowicz, Présidente de l’Amejd.
Samuel Lejoyeux a insisté sur les priorités des jeunes générations sur cette transmission de la mémoire avec la collaboration du Mémorial de la Shoah, en s’attachant à la formation des Professeurs dans cette transmission par les formateurs du Mémorial, les voyages à Auschwitz qui ont encore le peu d’accompagnants déportés, et leur lutte contre l’antisémitisme qui fait aussi partie de leur priorité.
Le Sculpteur Jean- Claude Bresler s’est exprimé sur ses sculptures et leurs représentations abstraites de l’inhumanité, de l’horreur et des atrocités autour des génocides et de la Shoah et sur son inquiétude quant à leur devenir à l’avenir.
Rudy Rigaut s’est attaché à effectuer une rétrospective historique avant, pendant et après la seconde guerre mondiale. La Shoah occultée par les non-dit des survivants, qui ont très vite été découragés par leur témoignage que l’on ne croyait pas, à part quelques-uns, comme des récits très forts avec l’exemple de « Si c’est un homme » de Primo Levi, mais il a fallu que grâce à Serge et Beate Klarsfeld, Jacques Chirac accepte le procès de Klaus Barbie en 1987 pour enfin transmettre l’indicible, cette industrialisation de mise à mort d’êtres humains à partir de la non-acceptation de leur différence. Puis toujours grâce au Président Jacques Chirac, la reconnaissance pour la première fois de la responsabilité dans la déportation des juifs de l’Etat Français représenté par le gouvernement Pétainiste de Vichy, ainsi de la décision de commémorer chaque année la Rafle du Vel d’hiv qui eut lieu les 16 et 17 Janvier 1942. Et pour la première fois la commémoration de la Rafle du Vel d’hiv a eu lieu le 16 Juillet 1995.
Puis Danielle Delmaire a détaillé son travail de mémoire que nous retrouvons dans sa revue « Tsafon » diffusée depuis très longtemps d’abord avec son époux, le professeur Jean-Marie Delmaire, décédé aujourd’hui, l’histoire des déportés Juifs du Nord Pas-de-Calais en collaboration avec Thierry Kleiman, le cousin de Paulette Touzard Dawidowicz, les nombreux témoignages qu’elle a recueillis en se déplaçant pour retrouver les familles, son travail en commun avec un groupe de professeurs, les parcours de mémoire avec Rudy Rigaut, Monique Heddebaut et l’inspecteur d’académie Stéphane Henry, en collaboration avec le collège Jean Zay à Lens, et le projet de continuer ce parcours dans les autres villes du Nord Pas-de-Calais.
Le travail également sur le sauvetage des Juifs par les Cheminots à Lille Fives lors de la Rafle du 11 Septembre 1942 et des infirmières de l’hôpital Ambroise Paré, ces Justes parmi les nations, a été mis en lumière.
Des échanges entre les intervenants et la Présidente de l’Amejd, Paulette Touzard Dawidowicz
Tout cela autour d’échanges entre les intervenants et Paulette Touzard Dawidowicz, Présidente de l’Amejd, qui a précisé la particularité du travail de mémoire concernant les militants, qu’ils soient survivants, enfants cachés, déportés, ou de familles de Déportés et d’enfants cachés ainsi que ceux qui sont sensibilisés par cette transmission indispensable de la mémoire.
Ce travail fut principalement axé sur la réflexion, et sur la Bêtise et l’ignorance qui tuent.
Paulette Touzard Dawidowicz en a profité pour rappeler son parcours autour de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et contre toutes les formes de discrimination dans les établissements scolaires, un parcours depuis quarante ans, également au titre de la Licra, où sa famille se battait déjà auprès de Bernard Lecache en 1927, cette lutte qu’elle inclut également dans la transmission de la mémoire.
Elle rappelle l’importance de ne pas aller sur les plate bandes des professeurs. Les militants de la mémoire et même anti-racistes n’interviennent pas pour faire un cours, ce qui serait tout à fait improductif et non transmissibles aux jeunes générations qui ne seraient pas à l’écoute. Savoir que des intervenants extérieurs seront présents leur permet d’avoir une coupure qui éveille leur curiosité, donc se retrouver avec un cours magistral ne peut que les déconcentrer et faire que l’intervention soit vouée totalement à l’échec. Cela pour répondre à certains professeurs d’histoire dont un était présent et avec lesquels elle avait eu cette discussion il y a presque 10 ans, concernant son désaccord à l’époque sur la transmission et l’émotion qui le dérangeait, ce qui a changé depuis. Lorsque les déportés ou les enfants cachés témoignent, les élèves sont complètement imprégnés par l’émotion et s’imaginent eux-mêmes à la place de celui qui témoigne, ils vivent la situation, influencés par l’émotion transmise par le témoin. Ce qui permet ensuite au professeur d’attirer davantage par la suite leur capacité d’écoute à leur cours d’histoire. Les militants transmettent des valeurs d’humanisme et de fraternité, ce qui n’empêche pas de rappeler aussi les faits historiques mais en détaillant les dangers de l’inhumanité, des extrémismes de tous bords. La transmission donc ne dispense pas d’avoir les connaissances historiques indispensables afin de rappeler les évènements.
Paulette Touzard Dawidowicz a observé toutefois à la suite de ses nombreuses années d’intervention une évolution de la part de certains professeurs dans les établissements publics qui n’ont plus la neutralité nécessaire pour l’ouverture d’esprit, la notion de la laïcité à partir de leurs opinions politiques, serait-ce par exemple autour du problème Israélo-Palestinien, sans aucune curiosité de leur part pour essayer de traiter la situation à partir de l’histoire qui permettrait d’une part d’éviter que leurs élèves se laissent envahir par la haine, l’antisionisme camouflage de l’antisémitisme, et d’autre part, d’avoir une vision réelle de la situation et des évènements.
Elle a observé qu’à partir des interventions au titre de la Licra, s’il est possible de traiter de tous les génocides, traiter de la Shoah selon les établissements scolaires et le problème cité plus haut devient problématique.
Par contre, au titre de la mémoire des enfants Juifs Déportés assassinés parce que nés Juifs, nous pouvons tout aborder sans problème. Les élèves se sentent complètement concernés et l’ouverture de la part du corps éducatif et des élèves est totale. Tout peut être abordé. Et cela de la primaire au second cycle jusqu’aux Terminales.
Il a été précisé également aux élèves que ce travail consistait aussi à apposer dans les écoles et les espaces publics des plaques en hommage aux enfants assassinés parce que nés Juifs, afin de leur rendre leur dignité et ne pas les oublier en racontant leur histoire puis en ajoutant la lecture des noms.
En se sentant concernés, ils comprennent très vite que ce qui arrive aux uns peut arriver aux autres, soit cette spécificité de la Shoah qui est une industrialisation de la mort d’êtres humains, toujours susceptible d’être mise en place pour n’importe quel groupe humain.
Les interventions se terminèrent par quelques échanges et Rudy Rigaut souligna l’importance historique sans omettre non plus l’émotion qui permet de mieux attirer l’attention.
Paulette Touzard Dawidowicz est intervenue sur « le négationnisme à partir d’Auschwitz », très bien représenté dans le film de Jonathan Hayoun « Sauver Auschwitz », mais encore en partant de son expérience personnelle, lorsqu’elle alla à Auschwitz avec le Mémorial de la Shoah. Elle raconta qu’il y avait deux groupes, un groupe avec des responsables du Mémorial, du CRIF et le Président Francis Kalifat, avec Ginette Kolinka, et un groupe avec deux jeunes guides du Mémorial et des personnes diverses. Elle expliqua comment le gouvernement Polonais avait imposé des consignes aux guides Polonais: mettre en exergue les résistants Polonais qui ont été enfermés à Auschwitz. Paulette Touzard Dawidowicz se souvient de ce groupe comme divisé en deux : « Nous avions l’impression au départ d’être dans un voyage touristique. Selfies, achats de souvenirs pour certains… Dans un des deux groupes, la guide Polonaise imposait son intervention au jeune guide du Mémorial et ne lui laissait pas la parole. Lorsqu’un visiteur lui a posé la question de la définition de la Solution finale, elle a élucidé la question en interrompant le jeune guide désemparé. Paulette raconte être alors intervenue avec force pour répondre à cette question et d’autres puis avoir rejoint l’autre groupe par curiosité : « Et là nous avons eu droit avec également la guide du Mémorial qui n’avait pas le droit de s’exprimer aux Juifs de Pologne qui étaient particulièrement heureux dans leur pays, ils étaient avocats, médecins, professeurs, dans les affaires. S’ils sont moins nombreux aujourd’hui, C’est à cause des Nazis ».
Elle est également intervenue pour raconter comment ses grands-parents maternels et paternels ainsi que d’autres familles avaient été tellement heureux surtout avec les pogroms, l’antisémitisme viscéral qu’ils subissaient depuis longtemps qu’ils avaient préféré quitter la Pologne avant la guerre. Elle rappela également le pogrom de Kielce après la guerre en 1946, et les massacres des Juifs rescapés d’Auschwitz par la population qui avait volé leur maison.
Elle précisa pourquoi Marc Hillel avait écrit « Le Massacre des Survivants »: Peu savent le malheur de ces quelques survivants d’Auschwitz qui, souhaitant rentrer chez eux lorsque le camp fut ouvert, furent assassinés en traversant la forêt par ceux qui avaient volé leur maison et leurs biens. Parmi ces assassins , figuraient des amis d’enfance…
Un négationnisme en place à partir de l’endroit le plus stratégique de la Solution finale
Paulette Touzard Dawidowicz se souvient avoir, une fois à l’aéroport, témoigné de ce négationnisme devant Francis Kalifat et Olivier Lalieu. Ces faits dénoncés au cours de la table ronde permettaient de faire prendre conscience de ce négationnisme en place à partir de l’endroit le plus stratégique de la Solution finale, en rappelant les maisons construites à Birkenau, sur les cendres de nos morts. La colère des habitants qui ne supportent pas que les touristes en désignant les déportés ou leurs familles puissent avoir l’outrecuidance de pénétrer dans leurs propriétés privées.
Ce qui a choqué les élèves dans le film « Sauver Auschwitz » , Le Directeur conscient de la situation et la déplorant risque d’être viré s’il ne suit pas les consignes…
Le plus grand danger actuel du négationnisme concerne Jérusalem, en faisant d’Israël le Juif à abattre
Elle voulut enfin sensibiliser l’assistance sur le plus grand danger actuel du négationnisme concernant la Shoah, en évoquant le négationnisme de l’histoire Juive au niveau de L’ONU concernant Jérusalem, faisant d’Israël devenu le Juif à abattre, avec le soutien de la France qui a voté pour, permettant ainsi de mieux occulter l’histoire Juive, afin que définitivement elle n’existe plus. 5782 années supprimées, donc plus d’existence, Plus facile d’aboutir à la Solution finale avec une goutte d’eau dans l’océan, 15 millions de Juifs, Israël compris, sur huit milliards d’habitants dans le monde.
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