Gérald Moruzzi. « Ils sont arrivés avec leurs tenues et ça a prêché sur le côté de la mairie, à fond, et ça parlait pas français » Hanouka 2021 à Alfortville

Polémique sur les festivités d’Hanouka à Alfortville, Val de Marne : après la sortie controversée de l’élue déchue, une tribune qui ne passe pas. Dominique Lauret (PCF) a perdu sa délégation à l’habitat indigne suite à son intervention en conseil municipal sur la célébration de la fête juive des lumières aux abords et jusque dans la mairie d’Alfortville. Aujourd’hui une tribune non publiée dans le journal municipal ravive les tensions entre un groupe d’opposition et le maire, qui ont au moins en commun d’avoir vivement condamné les mots employés par l’élue communiste.

Alfortville, mardi 14 décembre 2021. Les propos tenus à la fin du dernier conseil municipal par l'élue communiste Dominique Lauret, qui s'est émue de voir célébrée une fête juive sur le parvis et dans la mairie d'Alfortville, ont été rapidement et unanimement condamnés. Capture d'écran Youtube Alfortville
Alfortville, mardi 14 décembre 2021. Les propos tenus à la fin du dernier conseil municipal par l’élue communiste Dominique Lauret, qui s’est émue de voir célébrée une fête juive sur le parvis et dans la mairie d’Alfortville, ont été rapidement et unanimement condamnés. Capture d’écran Youtube Alfortville
Dominique Lauret ( PCF )

Les bougies allumées sur le parvis de la mairie d’Alfortville pour Hanouka, la fête juive des lumières, sont depuis longtemps éteintes. Ce n’est pas le cas de la polémique initiée voilà plus d’un mois par une élue communiste lors d’un débat sur la laïcité entre plusieurs membres du conseil municipal. Elle rebondit et se ravive aujourd’hui par une nouvelle passe d’armes entre élus.

La première a lieu le 14 décembre dernier. Michel Ouazana, adjoint au maire, mais aussi président de l’association culturelle israélite d’Alfortville (ACIA), est invité à éclairer son auditoire sur cette célébration de Hanouka devant et dans la mairie d’Alfortville, une tradition bien ancrée ici depuis une quinzaine d’années.

« Ça parlait pas français »

Cette « manifestation festive et joyeuse a un caractère purement laïc, précise-t-il, balayant tout objectif prosélyte. Ce n’est pas une fête religieuse, elle commémore une victoire et un retour d’exil. » Si Hanouka peut avoir un caractère religieux, ce n’est, pointe-t-il, « que dans l’enceinte d’une synagogue ». Il ajoute que les fonds mobilisés pour ces festivités ont été engagés par « la communauté israélite d’Alfortville exclusivement ».

Dans la foulée, Dominique Lauret, alors toujours conseillère municipale (PCF) déléguée en charge de l’habitat indigne, réagit à ces explications d’une manière qui va surprendre tant dans la majorité que dans l’opposition. « Je suis d’accord sur le fait que les fêtes religieuses peuvent se faire dans l’espace public », introduit l’élue du groupe communiste, qui glisse ensuite sur une pente plus polémique.

Le maire (PS) « condamne très fermement » ces propos

Elle décrit la surprise de certains passants, « choqués » selon elle de voir débouler « plein de camions avec des orthodoxes qui ont crié des prêches dehors ». Des convives qui « sont arrivés avec leurs tenues et ça a prêché sur le côté de la mairie, à fond, et ça parlait pas français », souligne-t-elle, à deux reprises, avant que Luc Carvounas, le maire (PS) d’Alfortville, ne coupe son micro. « Je crois qu’on a compris votre expression, que je condamne très fermement. C’est un scandale ! », tonne-t-il.

Dominique Lauret ne fait plus partie du groupe communiste et de la majorité municipale. Désormais seule élue non-inscrite, la conseillère municipale a perdu sa délégation quelques jours après sa sortie polémique. Une décision « collective », souligne Luc Carvounas, qui a été prise après avoir sollicité l’avis de « l’ensemble des sensibilités de la majorité. J’ai fait les choses comme il fallait. Ce n’est pas un homme qui décide tout seul. »

Les deux lettres d’excuses adressées par Dominique Lauret aux élus du conseil municipal ont donc été sans effet. Dans ces courriers, « elle dit que ses propos ont dépassé sa pensée, qu’elle est dans une situation personnelle compliquée et qu’elle regrette », résume Jonathan Rosenblum (LREM), élu du groupe d’opposition « Alfortville, Place à l’avenir », avec Yaëlle Reynaud et Vincent Mulier, qui condamnent aussi les mots employés.

Des élus d’opposition voient leur tribune retoquée

« La tribune LREM de ce mois-ci n’est pas publiée au regard des propos injurieux tenus à l’encontre d’une conseillère municipale, qui peuvent relever d’une qualification pénale. La Direction de publication du Mag s’est donc conformée à l’avis juridique qu’elle a recueilli » est-il indiqué en lieu et place de cette tribune.

« C’est une tribune très virulente, juge Luc Carvounas. J’ai demandé, en tant que directeur de la publication, si elle était publiable d’un point de vue légal. Les avocats m’ont dit que cela relevait du pénal et que l’on ne pouvait pas la publier en l’état, que ma responsabilité pourrait être engagée. J’ai suivi les instructions des avocats. »

Le tribunal administratif tranchera

Estimant l’expression de son groupe censurée, Jonathan Rosenblum ne comprend pas ce qu’on reproche à cette tribune qui évoque, notamment, « l’outrance d’un discours xénophobe » et « une suite de propos nauséabonds aux relents antisémites ». « Nous avons envoyé cette tribune à plusieurs personnes et aucune n’a relevé d’élément qui constituerait une diffamation ou une injure, confie-t-il. On ne cite pas le nom de cette élue, on relate juste des faits. »

Une requête sera déposée d’ici peu auprès du tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne). « On fera dire le droit », annonce Jonathan Rosenblum, qui espère pouvoir compter sur la jurisprudence en la matière. Que cette tribune soit retoquée, c’est selon lui « des méthodes à la Patrick Balkany », estime-t-il. En 2016, l’ancien maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) avait été condamné pour avoir censuré la tribune d’un opposant.

© Gérald Moruzzi 

https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/polemique-sur-les-festivites-dhanouka-a-alfortville-apres-la-sortie-controversee-de-lelue-dechue-une-tribune-qui-ne-passe-pas-21-01-2022-4HKSG2XFIZBMNDGZSPIMCE4QG4.php

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