Son oeuvre a toujours clivé. Aimer les films de Lelouch, ça se chuchote: les cinéphiles vous regardent avec une once de mépris. Un peu comme lorsque jadis, vous osiez prétendre trouver du talent à une Françoise Sagan. Considérée longtemps en littérature comme un auteur mineur. Mais depuis sa mort sujet de thèses.
Que de fois « nominé ». Si rarement récompensé. Certes, une Palme d’Or. Forcément. Un Homme et une Femme.
Pourtant nous avons tous vu et aimé un de ses quelque 50 films. De L’Aventure C’est l’Aventure à Itinéraire d’un Enfant gâté en passant par Les Misérables ou Vivre pour Vivre.
« Claude Lelouch, retenez bien ce nom, vous n’en entendrez plus jamais parler », avaient titré Les cahiers du cinéma dès 1960.
Dans la vie, Claude Lelouch parle comme ses personnages: d’amour, d’amitié et de hasard. L’octogénaire avait promis que son cinquantième film, en salles mercredi, serait le dernier, mais il n’a pas pu s’empêcher de changer d’avis.
« L’amour, c’est mieux que la vie«
« L’amour, c’est mieux que la vie » est un film aussi « lelouchien » que son titre et Gageons qu’avec ces mêmes dialogues improvisés, sa narration impressionniste guidée par le hasard et ses flashbacks entremêlés, le dernier Lelouch ne fera pas l’unanimité.
Il raconte l’improbable coup de coeur entre Gérard (Gérard Darmon), incorrigible fumeur qui se sait condamné par la maladie et Sandrine (Sandrine Bonnaire), souteneuse pour une agence d’escort girls, envoyée en service commandé par les amis du premier pour lui faire connaître une dernière fois … l’amour.
Lelouch l’avait annoncé comme son ultime long-métrage, mais les adieux pourraient s’éterniser puisque notre Homme veut désormais en faire le premier volet d’une trilogie d’au revoir: « J’ai envie avec cette trilogie d’aller au bout de mes observations sur la vie« , explique-t-il à l’AFP, dans les lourds fauteuils de cuir de son antre, un restaurant-bar salle de projection à un jet de pierre de l’Arc de Triomphe. « Au départ, je voulais faire un seul film, mais il aurait duré six heures et personne n’aurait été le voir!« .
« Tout ce qui a donné un sens à ma vie, je veux dire l’amour, l’amitié, l’argent, est dans ce film. La vie et la mort me fascinent« , poursuit-il. « Mon scénariste a une imagination colossale: c’est la vie« .
On croise dans le film aussi bien Robert Hossein pour sa dernière apparition avant son décès que Béatrice Dalle, Kev Adams ou Lino Ventura en images d’archives, dans des scènes souvent hantées par la question de la mort.
A noter: Si l’acteur Ary Abittan, mis en examen pour viol, interprète l’un des rôles principaux, Claude Lelouch a fait souventes fois les Titres des media: Il refuse de retirer de son film les scènes avec l’acteur: « Mes amis peuvent compter sur moi quand ils vont mal, » réplique-t-il à ceux qui lui « conseillent de supprimer Abian »: « J’ai confiance en la justice », conclut Lelouch.
« Ce film est un mélange de genres comme tous mes films. J’adore mélanger les genres, car la vie est comme ça, les bonnes nouvelles et les mauvaises nouvelles alternent en permanence« , ajoute-t-il, revenant au film.
« Ce que j’aime chez les acteurs, c’est quand ils cessent de jouer, c’est qu’en un seul coup, ils oublient qu’ils sont là pour faire semblant et redeviennent des êtres humains. J‘adore la spontanéité, j’aimerais qu’on dise de moi que j’étais le metteur en scène de la spontanéité, de ce qui est à mi-chemin entre le mensonge et la vérité« , finit celui qui en évoquant ses cinquante films: « mes cinquante enfants qui partagent tous le même ADN« .
« J’ai appris de mes échecs, de mes souffrances. Et là, maintenant, je vais essayer de ne pas faire le film de trop« , finit-il.
Avec AFP
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