ou les feux de la Saint Sylvestre
Michèle Mazel
Gérard Darmanin, ministre français de l’Intérieur s’est félicité de la baisse des violences et de la mobilisation des forces de l’ordre dans la nuit du vendredi 31 décembre au samedi 1er janvier.
« Le nombre de véhicules brûlés est en diminution par rapport aux précédentes années, tout comme les prises à partie de forces de l’ordre » a-t-il déclaré avec satisfaction, chiffres à l’appui.
En effet, « seulement » 874 véhicules ont été incendiés en France. Pour atteindre ce résultat inespéré, près de cent trente mille agents de sécurité avaient été mobilisés. Deux policiers intervenants pour mettre fin à des « violences urbaines » à Strasbourg ont été légèrement blessés.
Il y a eu aussi, selon le ministère, quelques tirs de mortiers sur d’autres policiers ou leurs véhicules.
Le ministre n’a pas cru bon d’évoquer la cause d’un phénomène récurrent qui marque les « réjouissances » de la nuit de la Saint Sylvestre, marquée par la transition d’une année à l’autre.
Il en aurait été bien en peine car à priori rien ne justifie ces « incivilités. » Au départ, le Ier janvier, intervenant au huitième jour suivant la naissance de Jésus de Nazareth, on y célébrait sa circoncision et c’est le nom qui était indiqué sur le calendrier des Postes mais depuis 1974,1 l’Eglise catholique ne mentionne plus cette fête et l’appellation est tombée en désuétude.
Utilisé aujourd’hui comme date de référence pratiquement partout dans le monde, le 1er janvier a perdu depuis toute connotation religieuse.
Ainsi l’Islam est la religion d’Etat aux Emirats arabes unis mais les autorités ont fait du premier janvier un jour férié et l’occasion a été marquée par de spectaculaires feux d’artifice qu’aucune manifestation n’est venue troubler.
A Tel Aviv on a dansé jusqu’à l’aube. En France, ni le ministre ni les médias n’ont cherché à approfondir le problème, par exemple en cernant le milieu dont sont issus les incendiaires et ceux qui tirent – au mortier ! – sur les forces de l’ordre ; ils se sont tous bien gardés de s’avancer sur un terrain miné.
Le « pas d’amalgame » est devenu la mantra de la France bienpensante, d’autant que l’élection présidentielle approche et qu’il ne faudrait surtout pas stigmatiser ou incommoder une partie de l’électorat.
Bref, ce pays toujours si prêt à analyser ce qui ne va pas chez ses voisins mais aussi dans d’autres nations fréquemment ciblées, à leur faire des remontrances et à les menacer de sanctions ou de plaintes devant des institutions internationales, n’est pas prêt à se pencher sur ce qui se passe dans ses campagnes, ses villes et disons-le tout haut, dans ses banlieues.
Il est prêt à stigmatiser la justice des autres, le laxisme envers certaines catégories de citoyens, mais il ne veut pas voir que ce qui se passe chez lui n’est pas si différent. Le ministre peut se réjouir du fait que, cette année, moins de véhicules ont été brûlés que l’an dernier ; gageons que leurs propriétaires et les compagnies d’assurance se réjouissent nettement moins.
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