Le Billet de Jacques Neuburger. Je vous parle d’un temps…

Je vous parle d’un temps…

Quand il n’y avait pas encore de panneau « plätzl » en yiddish rue des Rosiers pour indiquer que ce fut un vrai quartier juif avant de devenir un espace touristique artificiel plein de boutiques vestimentaires de luxe snobs

Pas trop bon signe quand on met une plaque pour les touristes.

D’ailleurs tout quartier piétonnier est par définition un quartier mort souvenir très pâle de ce qu’il fut.

Je me souviens de ce quartier jadis avec ses boulangers, ses cafés, ses coiffeurs, horlogers, petits restaurants, bouibouis, bouchers, poissonniers, merciers, imprimeurs, bijoutiers, marchands de journeaux, librairies, rédactions de petits journeaux yiddish, crieurs de journeaux, quincaillers, epiciers, cremiers, marchands de fruits et légumes, charcutiers, traiteurs, soupes populaires, grainetiers, coupeurs de pantalons, petits marchands de fringues au « decrochez-moi-ça », petits laitiers, minuscules boutiques, boutiques improbables, petits endroits étonnants où le pauvre, l’intellectuel, l’ouvrier modeste pouvaient prendre un bol de soupe sur le comptoir ou sur une petite tablette avec ses gros haricots bobess, ses knödeln, ses ferfels, son orge, soupe chaude et réconfortante, soupe de l’éternel émigré, soupe de l’homme précaire, havre d’humanité pour personnages de Peretz, de Kafka, de Baashevis Singer, personnages humbles et fiers en même temps, condensés du tragique de ce que peut être une destinée humaine…

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