Levons d’entrée de jeu une ambiguïté : le vote est libre, chacun peut apporter son suffrage à qui bon lui semble sur l’échiquier politique fût-ce aux dits-extrêmes. Evidence, certes, mais qu’il est bon de rappeler tant les braillards et les censeurs s’attribuent le pouvoir de détruire le débat public à force d’interdits.
Revendiquer publiquement un vote relève en revanche d’une forme d’engagement. Dans un texte publié ces jours-ci par Tribune Juive, le réalisateur et écrivain Jean-Pierre Lledo apporte son soutien au candidat Éric Zemmour. Pour étayer son propos, est mis en avant le fait que « la principale menace pour la France et pour les Juifs est celle décrite déjà il y a longtemps par l’historien Georges Bensoussan ».
En l’espèce, la réalité que nous connaissons depuis plus de vingt ans, notamment grâce à l’ouvrage collectif Les Territoires perdus de la République (dans lequel Barbara Lefebvre et Iannis Roder firent leurs premiers pas) paru en 2002, à une époque où Zemmour n’était guère disert sur le sujet.
Mais puisque Lledo évoque Bensoussan, il serait judicieux de citer l’intéressé qui, justement, a été interrogé par Marianne sur le « Cas Zemmour ». Ce dernier, dit-il, s’inscrit dans une « névrose juive » (sic). En effet, poursuit Georges Bensoussan, « il y a quelque chose de pathétique à voir un juif d’Algérie prendre Jacques Bainville comme étendard. Bainville, c’est l’Action française et le tenant d’une histoire profondément négatrice de la Révolution française. Or ce sont les enfants de la Révolution qui ont fait le décret Crémieux qui a émancipé les juifs d’Algérie en 1870 ! »[1]
Éric Zemmour en miroir… de Julien Lacassagne
« Mes ancêtres étaient des Berbères juifs. Ce qui est sûr c’est que ce sont des Berbères. Est-ce que ce sont des Juifs qui venaient de Palestine et qui se sont agrégés aux Berbères ou est-ce ce sont des Berbères judaïsés ? On n’en sait rien. Moi je pense que ce sont des Berbères judaïsés. N’oubliez pas qu’il y eut un temps où les Juifs convertissaient. Il ne faut jamais oublier ça. Voilà ce que je pense. En plus, chez moi il y a beaucoup de blonds aux yeux bleus à la peau très blanche. Ma mère avait les yeux bleus et la peau très blanche. Vous voyez, les vandales qui sont venus du Nord ou les kabyles. Vous voyez pourquoi j’opte plutôt pour ça [la thèses des Berbères judaïsés] »[2] Ainsi s’exprime Éric Zemmour dont l’hypothèse de départ rejoint celle de Julien Lacassagne auquel Jean-Pierre Lledo a déjà magistralement répondu.
Lacassagne réduit l’identité des Juifs d’Afrique du Nord à la seule berbérité pour mieux les détacher de l’Europe (par le biais de la séfaradité) et de l’Etat d’Israël (qui ne fait que les séparer de leurs « frères » musulmans). Ce faisant, ces Juifs ne sont que des nord-africains comme le sont les musulmans et apparaissent en creux comme autant de traîtres à la « mère-patrie » (à défaut d’être de fieffés imbéciles inconscients de la manipulation dont ils sont l’objet).
Avec des conclusions différentes, la mécanique est la même chez Zemmour, lequel réduit l’identité des Juifs d’Afrique du Nord à la seule berbérité pour mieux les détacher d’Israël (qui ne fait que les séparer de leurs concitoyens français si on pousse sa logique jusqu’au bout) mais aussi de l’Espagne séfarade qui présente le désavantage de faire le lien avec une nation juive. Outre le fait que la thèse des « Berbères juifs » constitue un classique de la littérature coloniale, Lacassagne comme Zemmour expriment un même « malaise identitaire » (l’expression est peut-être un cliché, elle n’en dit pas moins une réalité) qui se traduit par ce besoin de réduire l’identité à une source unique : de même que les ancêtres de Zemmour ne seraient que des Berbères convertis au judaïsme, leurs descendants ne doivent être que Français sans lien aucun avec l’Etat d’Israël (d’où le scandale des enfants Sandler). Dans le même ordre d’idées, Lacassagne postule que les ancêtres des Juifs originaires d’Afrique du Nord n’ont jamais été autre chose que des Berbères convertis au judaïsme, en conséquence de quoi leurs descendants ne doivent être que des Français d’origine maghrébine, sans différence aucune avec leurs compatriotes musulmans et surtout sans lien aucun avec l’Etat d’Israël (d’où le scandale du soutien qu’une majorité d’entre eux lui témoigne).
Si Zemmour est un nationaliste français, Lacassagne partage nombre d’idées en commun avec Bouteldja (en sus du même éditeur). Chez l’un comme chez l’autre, une forme de défiance s’exprime pour ces Juifs qui mettent en avant leur judéité.
De là, l’importance de la thèse qui généralise la conversion des Berbères au judaïsme. L’essentiel réside dans le fait de souligner la conversion comme acte premier. Si ces Berbères se sont convertis une première fois au judaïsme, pourquoi n’adopteraient-ils pas l’Islam et son universalisme ou bien encore la France et son universalisme né de la Révolution française ? Au lieu de rester cantonnés à ce « judaïsme ethnique » qui les conduit à faire enterrer leurs morts sur une terre avec laquelle ils n’ont bien entendu aucun lien ?
© Antoine Hillel
[1] Georges Bensoussan cité par Louis Hausalter in « Comment Zemmour a semé la zizanie chez les Juifs », Marianne, 31/10/2021
[2] Zemmour interrogé par Taddéi : L’origine d’Eric Zemmour : palestinienne ou kabyle ? – YouTube
En réalité peu importe les nevroses personnelles de Zemmour….
La seule chose qui compte c’est qu’il soit bon pour la France , bon pour les juifs français et pour Israël ! C’est un des seul avec Ciotti à défendre Israël sa souveraineté sur le mont du temple et à reconnaître que les falestiniens ne sont qu une falsification historique !!! Alors peu me chaut qu’il ait un problème psy avec ses origine . Votons Z
Pas étonnant que ce doit M. Shlomo Send » pourquoi j’ai cessé d’être juif » qui préface le torchon de M. Lacassagne. Encore une fois, restons vigilants, n’oublions jamais que ce sont des Juifs qui ont trahi les Juifs. (Ben Guigui alias Jean Daniel, Nahoum alias Edgar Morin, etc etc)