Ils sont professeurs, chercheurs, historiens : dans le Figaro, tous réclament que la ministre de l’Enseignement supérieur agisse avec fermeté contre l’extrême gauche universitaire.
L’heure est grave. Mardi 21 décembre, on apprenait la suspension de Klaus Kinzler par l’IEP de Grenoble. Motif : en alertant, dans les médias, sur la dérive politique de l’institut et la « chasse aux sorcières » qui y est menée, le professeur d’allemand aurait gravement manqué à son devoir de réserve, et nui à la réputation de son établissement. L’affaire n’est que le deuxième épisode de la controverse de Grenoble : en mars dernier, plusieurs élèves, soutenus par l’Unef, avaient pris l’initiative d’afficher sur les murs de l’institut les noms de deux professeurs, dont M. Kinzler, accusés d’islamophobie – quelques mois, à peine, après l’assassinat de Samuel Paty. Ce mercredi 22 décembre, une quarantaine de personnalités du monde universitaire ont donc décidé de prendre la parole dans une tribune, publiée dans Le Figaro. Historiens, chercheurs, enseignants : tous exigent de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, qu’elle agisse contre cette dérive de l’université française.
Dérive militante
« Depuis quelques années, un courant militant (…) cherche à imposer un discours exclusif », sous couvert de recherches en sciences sociales, écrivent ainsi le philosophe Pascal Bruckner, le chercheur du CNRS Pierre-André Taguieff ou le professeur d’histoire Pierre Vermeren. « Or c’est une chose d’accueillir de nouveaux champs d’études et de nouveaux paradigmes ; c’en est une tout autre de leur laisser acquérir une hégémonie institutionnelle, alors même que leur pertinence scientifique fait l’objet d’un intense débat intellectuel ». Dans le viseur des signataires, l’ensemble des nouveaux concepts qui ont fait florès ces dernières années, et ont le vent en poupe à gauche de la gauche : le racisme systémique, l’intersectionnalité, l’indigénisme, la théorie du genre et ses innombrables déclinaisons, etc.
Climat de peur
Or, alertent les signataires, l’inaction de Mme Frédérique Vidal semble caractérisée. Pourtant, dès le mois de février 2021, la ministre avait saisi à bras-le-corps ce nouveau cheval de bataille, commandant même un rapport sur la diffusion de l’islamo-gauchisme – « qui est l’une des manifestations de ces dérives » – au sein de l’université. « Force est de constater que, près d’un an plus tard, ce rapport, sans cesse promis et sans cesse reporté, n’a toujours pas vu le jour. » De même, constatent-ils, l’inspection organisée au sein de l’IEP de Grenoble n’a eu aucune conséquence, malgré un rapport de l’Inspection générale accablant : au terme de ses travaux, le document établissait qu’il « ne fait pas de doute […] que ce sont les accusations d’islamophobie qui sont la cause de la grave détérioration du climat de l’IEP », où s’est installé « un climat de peur (…) du fait de cette utilisation par l’Union Syndicale d’accusations diffusées sur les réseaux sociaux contre tous ceux qui ne lui semblent pas partager ses positions ».
S’inquiétant encore de voir « le pluralisme de l’enseignement et de la recherche (…) contrecarré par des manœuvres d’intimidation, et donc par l’autocensure croissante de nos collègues », et évoquant « un nombre croissant d’étudiants [faisant] part de leur inquiétude devant ce qu’ils ressentent comme une entreprise de formatage et de propagande », les signataires de la tribune exhortent donc la ministre à agir avec fermeté. Pour l’honneur et le sérieux de l’Université française, bien sûr, mais aussi pour la réputation – et la sécurité ! – de professeurs comme Klaus Kinzler.
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