Le chef du Mossad se rend aux États-Unis alors que les négociations sur le nucléaire iranien sont au point mort, comme Jérusalem a pu préalablement le prévoir
David Barnea voudrait demander aux hauts responsables de l’administration Biden de ne pas rechercher d’accord intérimaire, lors de la prochaine session. Il devrait également présenter aux Américains de nouvelles informations sur le programme nucléaire iranien. On en a récemment eu vent, Téhéran devant prochainement s’approcher d’un taux militaire d’enrichissement d’uranium à 90%.
Le chef du Mossad, David Barnea, lors d’une cérémonie marquant sa prise de fonction à la tête de l’agence, le 1er juin 2021. (Kobi Gideon/GPO)
Entretiens urgents dès la fin du premier round
Le chef du Mossad, David Barnea, se rend dimanche à Washington pour discuter de l’Iran avec de hauts responsables de l’administration Biden.
Le voyage survient directement, deux jours après l’arrêt des négociations renouvelées pour rétablir l’accord de 2015 limitant le programme nucléaire iranien, en échange d’un allégement promis des sanctions. Mais, dorénavant, les États-Unis affirment que les Iraniens ne semblaient pas sérieux quant à la conclusion d’un accord.
Le quotidien Haaretz a rapporté que Barnea cherchera à convaincre les dirigeants américains de ne pas rechercher un accord intérimaire qui ne ferait pas revenir l’Iran au plein respect de l’accord. Barnea cherchera plutôt à obtenir un soutien international pour des sanctions sévères contre Téhéran.
Le journal de gauche déclare que ces réunions seront « extrêmement importantes ».
Le renforcement de l’option militaire israélienne parallèle aux prétendues « négociations »
Le chef de l’espionnage israélien soulignera que si un accord avec l’Iran est finalement conclu, Israël ne sera pas lié par celui-ci et poursuivra ses efforts pour contrecarrer le travail nucléaire de la République islamique, selon le site d’information Ynet.
Barnea, qui agira en tant qu’émissaire du Premier ministre Naftali Bennett, aurait également l’intention de présenter aux Américains de nouvelles informations sur le programme iranien glânées récemment sur le terrain.
Préparer le terrain à la venue de Gantz
Le ministre de la Défense Benny Gantz se rendra aux Etats-Unis dans le courant de la semaine pour des entretiens qui devraient également se concentrer sur l’Iran.
Le voyage de Barnea fait suite à sa promesse de jeudi que l’Iran n’acquérira jamais d’armes nucléaires. Il a également déclaré qu’un mauvais accord entre Téhéran et les puissances mondiales serait « intolérable » pour Israël.
Sur le mode : « on vous l’avait bien dit »?
De hauts responsables israéliens ont critiqué l’approche des États-Unis dans ces pourparlers nucléaires avec l’Iran, mais perçoivent la pause actuelle dans les discussions comme une fenêtre d’opportunité pour influencer les négociations dans le sesn israélien d’un durcissement des positions occidentales, a rapporté dimanche le quotidien Haaretz.
Une source anonyme a déclaré au journal que les États-Unis étaient surpris de voir à quel point les exigences de l’Iran étaient extrêmes lors de la reprise des pourparlers la semaine dernière : Téhéran a insisté sur une liste de conditions pour revenir à un accord nucléaire, ainsi que la levée de toutes les sanctions et un engagement qu’elles ne seront pas réimposées dans un avenir proche.
Des sources ont en outre déclaré que la suppression de la menace de sanctions laisserait la communauté internationale sans l’un des outils les plus importants dont elle dispose pour maintenir l’Iran dans l’axe de tout accord potentiel.
Cependant, une source politique distincte a déclaré à Haaretz qu’ils pensaient de plus en plus que les pourparlers n’aboutiraient pas à un accord immédiat, mais qu’au lieu de cela, il y aurait un assouplissement des engagements actuels.
Qui va baisser les yeux en premier? (Principe du bluff)
« Dans les prochains jours, nous verrons si les puissances mondiales vont dans le sens d’une crise avec l’Iran ou dans le sens de la flexibilité« , a-t-il déclaré.
Samedi, un responsable américain a déclaré que l’Iran s’était éloigné de tous ses compromis précédents sur la relance du pacte nucléaire de 2015 et que l’Iran ne serait pas autorisé à « ralentir » à dessein les négociations internationales, tout en intensifiant simultanément ses activités atomiques. Les Etats-Unis n’ont pas non plus l’intention de rejeter complètement le désaccord avec Israël au sujet des discussions, mais plutpot de rechercher un modus vivendi avec les intérêts sécuritaires de leur(s) partenaire(s) au Moyen-Orient.
L’Iran accélère son programme en « négociant »
« Nous ne pouvons pas accepter une situation dans laquelle l’Iran accélère son programme nucléaire et ralentit sa diplomatie nucléaire », a déclaré le haut responsable de l’administration américaine, faisant écho à un récent avertissement du secrétaire d’État Antony Blinken.
S’adressant aux journalistes après son retour de Vienne, le responsable a déclaré que Washington n’envisageait pas encore de se retirer des pourparlers indirects qu’il avait repris avec Téhéran la semaine dernière dans la capitale autrichienne, mais espérait que l’Iran reviendrait « avec une attitude sérieuse« .
Dans les pourparlers de cette semaine, a déclaré le responsable, l’Iran est revenu sur tous les compromis qu’il avait faits au cours des mois de pourparlers précédents sur la relance de l’accord, tout en conservant les compromis faits par d’autres et en en recherchant toujours plus.
Vers de nouvelles sanctions?
Il a déclaré qu’il n’était pas évident de poser une date pour savoir quand les pourparlers reprendraient et que Washington « se préparait pour un monde dans lequel il n’y aurait pas de retour au JCPOA », une référence au nom officiel de l’accord, le Plan d’action global commun.
Il a déclaré que d’autres sanctions tomberaient probablement si Washington concluait que l’Iran avait liquidé le cadre minimal des conditions pour des négociations.
Le septième cycle de pourparlers nucléaires s’est terminé vendredi après cinq jours à Vienne, les délégations retournant dans leurs capitales nationales et devant retourner en Autriche cette semaine.
Le négociateur en chef iranien sur le nucléaire, Ali Bagheri Kani, quitte le Palais de Coburg, lieu de la réunion du Plan d’action global conjoint (JCPOA) visant à relancer l’accord sur le nucléaire iranien, à Vienne, le 3 décembre 2021 (Joe Klamar/AFP)
Le négociateur principal de l’Iran, Ali Bagheri Kani, a déclaré que les pourparlers étaient suspendus « car la partie opposée devait consulter ses capitales pour fournir une réponse fournie et raisonnable (!!!!) à ces propositions [iraniennes] ».
Un Européen averti devrait en valoir deux?
Blinken a déclaré vendredi que les négociations avaient été interrompues car « l’Iran ne semble pas pour l’instant être sérieux quant aux possibilités de faire ce qui est nécessaire pour revenir à la conformité aux accords précédents ».
Les diplomates européens ont exprimé « leur déception et leur inquiétude » après que l’Iran a soumis deux projets de propositions qui semblaient annuler des mois de dialogue.
Raïsi jouera le tout pour le tout
L’Iran avait suspendu les pourparlers en juin après l’élection du président ultraconservateur Ebrahim Raisi.
Un responsable a fait valoir samedi que les États-Unis avaient fait preuve de patience en autorisant une pause de cinq mois dans le processus, mais que pendant ce temps, les Iraniens « continuaient à accélérer leur programme nucléaire de manière particulièrement provocatrice ».
Lorsque Téhéran est finalement revenu à la table lundi, a-t-il déclaré, c’était « avec des propositions qui revenaient sur n’importe lequel des compromis que l’Iran avait proposés au cours des six cycles précédents de pourparlers ».
Il a accusé l’Iran de chercher à « empocher tous les compromis que d’autres – les États-Unis en particulier – avaient faits, puis d’en demander toujours plus ».
Le Palais de Coburg, lieu des pourparlers sur le nucléaire iranien, est photographié à Vienne, le 29 novembre 2021. (Vladimir Simicek/AFP)
Le responsable a déclaré qu’il pensait que les pays proches de l’Iran étaient également contrariés par les positions de Téhéran lors des récents pourparlers.
À ce stade, il a déclaré que les États-Unis poursuivraient leurs efforts diplomatiques – mais ont réaffirmé qu’ils disposaient « d’autres outils » en cas d’échec des négociations.
L’accord nucléaire historique de 2015 – initialement convenu entre la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Iran, la Russie et les États-Unis – a commencé à se défaire en 2018 lorsque le président américain de l’époque, Donald Trump, s’est retiré et a réimposé les sanctions, incitant l’Iran à commencer à dépasser les limites de son programme nucléaire. l’année suivante.
Le président américain Joe Biden a déclaré qu’il souhaitait réintégrer l’accord et les États-Unis ont participé indirectement aux pourparlers de cette semaine.
L’Iran insiste sur le fait que son programme nucléaire est « pacifique » (défense de rire).
Les agences de presse Haaretz, Ynet, ont contribué à ce reportage.
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