Après des années de silence et de souffrance, je ressens le besoin de parler.
En 1996, j’avais 11 ans. J’étais en CM2 et j’étais un jeune garçon innocent. J’étais très proche d’un camarade de classe, Florent Rebillard. On était toujours ensemble. En classe, dans la cour de récréation, en dehors de l’école également. Nos deux maisons étaient séparées de trois ou quatre kilomètres. Nous nous rendions fréquemment l’un chez l’autre à vélo.
Mais un jour, alors que nous nous promenions dans le village, comme je roulais plus vite que lui et que cela ne lui plaisait pas que je sois devant lui, il s’est montré extrêmement directif et agressif à mon égard, m’a demandé de ralentir et, devant mon refus, a foncé sur moi et m’a asséné plusieurs coups de pied qui m’ont fait tomber de mon vélo.
En 1997, j’avais 12 ans et j’étais à présent en 6e. Je n’avais pas beaucoup d’amis. Le seul camarade de classe qui acceptait d’être avec moi dans la cour de récréation, c’était Vincent Plisson.
Mais c’était pour se montrer très agressif et même violent. Il me parlait mal, me donnait des ordres.
Un jour, il m’a poussé si violemment contre la haie bordant la cour qu’une branche est venue se frotter contre mon flanc, me laissant une cicatrice encore apparente aujourd’hui.
Je vis depuis toutes ces années avec l’immense douleur de ces agressions. Je n’en ai jamais parlé à personne, pas même à mes parents, qui vont l’apprendre aujourd’hui en même temps que vous.
Aujourd’hui, je prends sur moi et je fais appel à tout le courage dont je peux être capable pour révéler ces faits. Des faits qui sont hélas prescrits ; par conséquent mes agresseurs ne risquent aucune sanction.
Mais en parlant aujourd’hui et en révélant l’identité de mes agresseurs, j’espère leur faire subir une mort sociale.
Florent Rebillard, Vincent Plisson. Je n’oublierai jamais ces noms, ni ce que je ressens aujourd’hui encore quand je repense à ces deux individus et à la souffrance qu’ils m’ont infligée.
J’en appelle à votre humanité à toutes et tous : N’allez plus faire réparer votre voiture dans le garage où travaille Florent Rebillard à Nuaillé d’Aunis et n’allez plus acheter vos lunettes dans le magasin de Vincent Plisson à Surgères.
Ils doivent payer pour ce qu’ils m’ont fait ! D’autant que je suis certain de ne pas être leur seule victime.
Je suis en contact avec d’anciens camarades de classe qui m’ont révélé que Vincent leur avait dit un gros mot en 5e et que Florent leur avait volé leur corde à sauter en CE2.
D’avance, je vous demande de respecter ma douleur et ma souffrance, ainsi que l’effort qu’il m’a fallu fournir pour parvenir à dire tout cela. Et je remercie toutes les personnes qui m’ont apporté et vont m’apporter leur soutien. Ça m’aide beaucoup. Je suis d’ailleurs en lien permanent avec des journalistes d’ores et déjà prêtes à raconter mon histoire.
Mes dernières paroles seront pour les personnes qui ont elles aussi été victimes d’agression et n’ont pas encore osé parler : vous n’êtes pas seuls !
© Romain Tancredi
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