Le Point de vue d’Elie Sasson. « La polémique Zemmour – Hollande, question sur la responsabilité des Gouvernants »

Les accusations formulées par Eric Zemmour à l’encontre de François Hollande interpellent. Où commence et où s’arrête la responsabilité des Gouvernants ?

Il y a quelques temps, j’avais créé un groupe FB dont l’objet était de relever toutes les approximations et désinformations sur le conflit israélo-palestinien. Je considérais que la diabolisation de l’État hébreu contribuait à alimenter l’antisémitisme d’une partie de la population arabo-musulmane vivant en France, mettant ainsi en danger les Français de confession juive.

Je n’ai pas changé d’avis et je continue à penser que les médias ont une lourde responsabilité dans la montée des agressions antisémites dans notre pays. L’idée était même d’engager une action judiciaire.

Un obstacle de taille se dressait devant l’entreprise. Si d’éventuels mensonges propagés par les médias pouvaient en effet développer un sentiment anti-israélien, il restait à établir en quoi ces mêmes médias pouvaient être mis en cause dans la traduction de ce sentiment de rejet à l’égard de la politique d’un pays étranger, en actes et manifestations objectivement antisémites. Mission impossible. Bien qu’on imagine difficilement qu’un journaliste rédigeant un article à charge contre l’État d’Israël n’ait pas conscience des effets délétères de ses écrits, il reste pour autant dans son droit. Légitimement, il se sent autorisé à écrire sur tous les sujets, considérant qu’il n’a pas à se soucier de ce que le lecteur fera de l’information qu’il lui livre. En conséquence, en fonction de son éthique, il revient, à lui et lui seul, de choisir de se censurer ou non.

Les personnalités politiques dites « en responsabilité »

Qu’en est-il des orientations choisies par les personnalités politiques dites « en responsabilité » ? Par définition, les gouvernants sont redevables devant le citoyen de chaque décision imposée au pays. Mais jusqu’à quel point ?Ainsi, lorsque la mairie de Paris autorise les cyclistes à brûler les feux, elle place les piétons, et en particulier les plus jeunes d’entre eux, en situation de risque. Un piéton qui serait renversé par un cycliste trop sûr de son bon droit pourrait-il mettre en accusation les autorités parisiennes ? Juridiquement, cela ne tiendrait pas une seconde. Et, bien que cette décision de faciliter l’usage des bicyclettes, fondée sur une volonté d’améliorer à long terme la qualité de l’air dans la capitale, soit une ânerie sur le plan de la sécurité des piétons, les seuls responsables devant la justice en cas d’accident ne peuvent être que les cyclistes eux-mêmes.

Amorcer une bombe à retardement, puis virer, a quelque chose d’obscène

De la même façon, en favorisant l’immigration de populations africaines sans créer les conditions de leur parfaite assimilation au peuple Français, les personnalités qui se sont succédé à la tête de notre pays ont amorcé, en connaissance de cause, une bombe à retardement.

A n’en pas douter, là encore, on serait fondé à mettre l’accent sur l’inconséquence de leur politique. Et assister aujourd’hui à leur revirement idéologique a quelque chose d’obscène.

Elles seraient bien inspirées, plutôt que de déclarer qu’elles ne « savaient pas », d’adopter profil bas et d’avoir la décence de cesser de fasciser ceux qui depuis des décennies ont alerté sans relâche contre ce danger.

Faut-il pour autant les considérer comme directement responsables de tous les attentats islamistes commis en France ? Juridiquement, ici aussi, cela ne tient pas la route. Responsable, oui. Coupable, non. Pourrait-on imaginer accuser un Premier Ministre qui aurait choisi une politique augmentant la précarité des plus démunis d’être responsable de l’augmentation des vols ? Non, les seuls responsables d’un vol, devant la justice, ce sont le voleur lui-même, ainsi que celui qui l’aurait incité « directement » à commettre ce délit. Même si la misère peut légitimement être une circonstance atténuante, c’est le libre-arbitre de chacun de décider de se mettre hors la loi.

Là où la question devient plus délicate à trancher, c’est lorsque l’enchaînement de causes à effets est plus flagrant, moins étalé dans le temps, et surtout lorsque le politique en responsabilité reconnaît faire courir un risque à sa population, en conscience, au moment précis de sa prise de décision.

Ce cas de figure est parfaitement illustré par le témoignage de F. Hollande à l’occasion du procès contre les auteurs des attentats du 13 novembre 2015. En effet, en substance, l’ancien Président de la République a déclaré avoir su que des européens ayant rejoint l’État Islamique allaient s’infiltrer parmi les réfugiés syriens que l’Europe s’apprêtait à accueillir, avoir su aussi qu’ils chercheraient à frapper notre pays, mais « ne savoir ni où ni quand ».

Comme chacun le sait, les attentats du 13 novembre sont venus confirmer ses craintes. Ce qui est frappant dans ce témoignage, c’est l’inconscience totale d’avoir pu commettre une erreur dramatique. Comme si François Hollande, assez naïvement, ne comprenait pas devoir assumer son choix. Ou bien qu’il considère finalement n’avoir justement pas eu le choix, au nom d' »impératifs humanitaires ».

Était-il possible, oui ou non, de refuser d’accueillir des réfugiés syriens

Était-il possible, oui ou non, de refuser d’accueillir des réfugiés syriens ? Selon le Droit français, non. Un réfugié ne peut se voir refuser l’examen de sa demande d’asile, sauf dans une circonstance : si notre pays est en guerre contre le pays d’où est originaire le demandeur d’asile.

Cela correspond, il me semble, à la situation de la France, en 2015. On note dans le cas présent que F. Hollande savait que des Français allaient peut-être payer du prix de leur vie son incapacité à refuser l’entrée de vagues de migrants successives.

D’autres que lui ont fait des choix différents. Trump, en son temps, avait interdit l’entrée sur le territoire Américain de ressortissants de pays musulmans. Il fut, on s’en souvient, cloué au pilori par nos médias unanimes. Avait-il raison ou tort ? Chacun en pensera ce qu’il voudra. Son raisonnement était simple : empêcher les musulmans de rentrer aux USA puisque les terroristes sont tous (ou presque) musulmans. Très radical sans doute, mais redoutablement efficace.

Pour ma part, imaginons que j’organise une réception grandiose avec quelques cinq cents invités, que mes enfants soient présents à cette réception, et que j’apprenne que parmi les invités vont se glisser deux ou trois dangereux criminels, je vous laisse deviner si j’annulerais ou non la réception.

D’autres États ont imité les USA, en particulier en Europe de l’Est. La Pologne, depuis quelques jours, prouve qu’on peut empêcher l’entrée d’une population non désirée. Certains y voient une manifestation xénophobe et raciste. D’autres considèrent qu’il n’y a aucune raison de faire courir le moindre risque à ses concitoyens, même s’il faut pour cela laisser mourir de froid et de faim des êtres humains totalement démunis et manipulés.

Convenons qu’il s’agit là d’un cas de conscience et que la question n’est pas simple à trancher. Cela m’a rappelé un souvenir dérisoire mais que je veux relier au sujet de ce post: Il y a de nombreuses années, j’étais allé chercher un ami à sa descente d’avion à l’aéroport de Figari. Mon fils aîné, jeune garçon à l’époque, m’accompagnait. Sur le chemin du retour, je décidai de m’arrêter pour prendre un autostoppeur qui se montra finalement peu loquace, pour ne pas dire inquiétant. Après l’avoir déposé, une fois seul avec mon fils et mon ami, ce dernier me fit la remarque suivante : « Qu’est-ce qui t’a pris de prendre ce type dans ta voiture ? Il aurait pu être violent et nous agresser, voire agresser ton fils ? »

J’avoue que je n’ai pas réfléchi. J’ai agi par instinct. Avec le recul, j’ai conscience d’avoir fait courir un risque inutile à mon équipage et à moi-même.

Quelle décision prendre lorsqu’il s’agit de choisir entre la bienveillance à l’égard de son prochain et sa responsabilité de parent ?

Pour en revenir à la culpabilité des décideurs politiques, en mars 2012, au moment où cet étron de l’humanité dont je ne veux pas dire le nom commettait les effroyables meurtres que l’on a tous en mémoire, mon fils aîné (encore lui, oui !), allait sur ses seize ans. C’était un adolescent comme les autres, scolarisé depuis toujours dans des écoles, collèges et lycées publics parisiens. Ses nombreux amis, le genre d’amis que je souhaiterais à tout le monde, étaient de toutes confessions et parfaitement à l’aise en tant que Français. Moi-même, malgré ma sensibilité au destin de l’Etat d’Israël, ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas sioniste et que je crois avoir fait de mon mieux pour transmettre mon amour de la France à mes enfants. Et pourtant, ce fils, mon premier né, allait décider quelques mois plus tard de quitter son pays, le mien, le nôtre, celui où j’ai grandi et prospéré et dans lequel je me voudrais bien vieillir. Quitter la France pour s’installer en Israël.

On ne m’enlèvera pas de l’idée que les attentats de mars 2012 ont été l’élément déclencheur de cette décision. La France, ce pays dans lequel on peut tuer par balle à bout touchant des jeunes enfants juifs , n’était plus celui de mon fils.

Comment pourrais-je pardonner à Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et les autres d’avoir fait venir autant d’immigrés maghrébins sans s’assurer qu’ils étaient assimilables à nos valeurs ?

Comment pourrais-je oublier les mots de cette jeune femme Française d’origine algérienne qui souffrait d’avoir entendu son jeune frère, tout aussi français qu’elle, approuver l’assassinat abject des enfants juifs de Toulouse sous prétexte qu’ils étaient juifs ?

Comment oublier aussi ceux de cette autre jeune femme Française d’origine tunisienne qui me demanda un jour s’il était vrai que les Juifs violaient des mortes pour enfanter des démons, tout en précisant qu’elle se doutaient bien que c’était des sottises ? Propos qu’elle tenait de ses parents.

Comment pardonner à nos Présidents successifs d’avoir, quelques décennies à peine après la collaboration, livré les Français Juifs, puis les Français dans leur ensemble, en pâture à des milliers d’individus élevés dans l’antisémitisme et la haine de l’Occident ?

Comment pourrais-je leur pardonner d’avoir fait de mon pays un endroit où les Juifs auraient finalement peur de vivre, où mes enfants, en grandissant, ne se sentiraient plus chez eux ?

Comment pourrions-nous leur pardonner ?

Ils ont créé les conditions propices à tous ces attentats

Certes, on ne peut les rendre directement responsables d’avoir appuyé sur la gâchette. Mais, à tout le moins, leur rappeler qu’ils ont créé les conditions propices à tous ces attentats me paraît une nécessité impérieuse.

Si j’étais à leur place, je me cacherais au fond d’un trou, tandis que mes nuits seraient hantées de cauchemars. Mais non. Eux, viennent parader tranquillement sur les plateaux de télévision, rivalisant d’outrecuidance, insultant et caricaturant tous ceux qui avaient prédit ce qui nous arrive aujourd’hui, allant même, comme cet après midi, déclarer qu’Éric Zemmour aurait « craché sur les tombes des victimes du Bataclan » parce qu’il n’aurait pas versé dans le désormais récurrent « Vous n’aurez pas ma haine » et qu’il aurait choisi cette journée pour porter de graves accusations sur François Hollande.

Une journée qu’ils voudraient voir marquée du sceau de « l’unité nationale ». Mais de quelle « unité » rêvent-ils ? Sans doute, une unité autour de leurs erreurs ? Aimeraient-ils un consensus tel que le pays, d’une seule voix, les absolve de toutes leurs fautes ? Aimeraient-ils que nous continuions à allumer des bougies à chaque attentat sans leur demander des comptes ? Comment osent-ils s’abriter derrière le recueillement dont chacun comprend le bienfondé, pour trouver « indécent » que certains veuillent pointer du doigt leur responsabilité ?

Comme si eux n’étaient pas indécents, voire obscènes, d’oser encore prétendre à exercer des responsabilités politiques.

Ne nous y trompons pas, ils n’ont pas dit leur dernier mot. Ils continuent à croire que s’ils tapent suffisamment fort sur les Partis de la Droite décomplexée, s’ils brandissent le drapeau de « l’appel à l’unité nationale » autour de leur nombril et celui de « l’appel à la solidarité », s’ils savent bien s’y prendre pour réveiller dans le pays « la peur du retour de la bête immonde », ils continueront encore la même politique au moins cinq années de plus.

Parviendront-ils à nous berner ?

Pour ce qui me concerne, les terroristes ont déjà ma haine. Et les hommes politiques qui ont favorisé l’immigration arabo-musulmane depuis plus de 40 ans, sans veiller à ce que puissent être transmises nos valeurs, sans prendre la mesure de l’antisémitisme et la haine de l’Occident de nombre d’entre eux, méritent amplement ma colère.

Plus jamais, ils n’auront mon vote.

Reste que le nombre de Français qui comptent encore voter pour l’un d’entre eux doit nous interroger. Sans doute est-ce lié à la profondeur de l’ancrage dans notre inconscient collectif du sentiment de culpabilité engendré par le passé collaborationniste et colonisateur de la France.

Il semble a priori illusoire de penser reconstruire un inconscient collectif radicalement différent en quelques semaines ou quelques mois, le temps d’une campagne électorale.

C’est pourtant le pari que tente Eric Zemmour. Le gagnera-t-il ?

© Elie Sasson

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1 Comment

  1. Malheureusement je ne pense pas qu’on laissera Zemmour atteindre la Présidence française.
    La raison est simple, il a contre lui les dirigeants de l’Europe. Ils ne le laisseront pas tranquille. On multipliera les procès contre lui, on faussera les résultats réels si nécessaire. Pourtant c’est le seul qui aura le courage de modifier ce qui doit l’être pour retrouver une liberté que les règles et accords multiples ont attachés plus surement que des menottes.
    Merci a Elie Sasson pour cet article.

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