Levana Ederhy. Procès Affaire Mireille Knoll. Compte-Rendu d’audience du 5/11

Audience de 9h30 à 13h, Cour d’assises, Ile de la Cité

Début de l’audience : 9h35

La cloche retentit, tout le monde se lève pour accompagner l’entrée de la Cour. Le président Franck Zientara nous demande de nous assoir.

Le président de la Cour d’assises demande à Alex Carrimbacus (AC) de se lever.

AC, dans le box des accusés se lève.

Franck Zientara demande au prévenu :

Avez-vous participé au meurtre de Mme Knoll?

Réponse négative, mais le vol aggravé est cependant reconnu. Il dit avoir donné le briquet mais se dit non responsable de l’incendie. Il pensait que Yacine Mihoub (YM) voulait son briquet pour allumer une cigarette.

Le président demande alors à AC d’énumérer une qualité et un défaut chez lui.

AC—« Qualité : je suis altruiste, j’aime aider les autres.

En défaut, je dirais que je suis quelqu’un qui peut se montrer égoïste, mais seulement avec certaines personnes. »

Le président lui demande s’il est quelqu’un de violent.

Il ne se dit pas violent, sauf en cas de « situations extrêmes ». Le président lit alors les déclarations de Madame Sanchez, (la dame qui l’a hébergé), et qualifie AC comme « un jeune homme qui monte très vite en pression. Une impression qu’un rien peut le faire exploser, comme une bombe à retardement ». Un champ lexical de la guerre peut être relevé grâce aux termes utilisés par Mme Sanchez, ce qui traduit une certaine agressivité et violence assez imprévisible dans la personnalité d’AC.

Ensuite, le président Franck Zientara lit à la Cour une partie de l’expertise psychiatrique du Docteur Vincent Mahe, qui décrit AC comme un jeune homme montrant une « réactivité à caractère majeur, une absence de remise en question personnelle, une impulsivité certaine et une intolérance majeure à la frustration. Il est d’une intelligence correcte, absence de maladie psychique ».

Le président demande alors quelle était sa relation avec YM.

AC répond qu’ils sont amis depuis 2017. Les deux hommes s’étaient rencontrés en prison, à Fleury-Merogis.

Alex affirme ne pas avoir été au courant de l’agression sexuelle de Yacine sur Elsa Nagbire (la fille de l’aide-ménagère de Mireille Knoll), et encore moins que cela s’était passé chez Mme Knoll. Il dit qu’il ne l’aurait pas fréquenté s’il était au courant de son inculpation.

Lors d’une discussion chez Mme Knoll, AC aurait découvert sur le torse de YM son tatouage en référence à l’indépendance de l’Algérie. Pendant la discussion, les événements des attentats de 2015 Charlie Hebdo et HyperCacher ne sont pas évoqués.

AC ajoute cependant qu’il fréquentait très souvent avec Yacine la BNF (Bibliothèque François Mitterrand). Le président demande s’ils ont remarqué lors de l’exposition Plantu à la BNF (20 mars – 3 juin 2018) , des dessins, des caricatures sur le conflit israélo-palestinien. Réponse par la négative, et AC rajoute que YM était plus occupé à aborder les filles que de s’intéresser aux expositions.

Une conversation du 22 mars 2018, veille du meurtre:

Dans le 14e à Montparnasse dans un café, AC dit que Yacine aurait reçu « un appel qui l’a troublé » . Il s’agit surement de Mohammed Amdaoui, une connaissance de Yacine.

Selon AC, pas prévu de se retrouver chez Mme Knoll. Cependant, évocation d’un « plan thunes », repérage chez MK.

10h30 : d’anciens cambriolages sont évoqués par AC, tous effectués seul.

Le président s’étonne des dires d’AC, qui prétend vouloir se réinsérer après son passage à Fleury-Merogis, mais qui pourtant semble vouloir participer à ce « plan thunes ».

« Je pensais que le plan thunes m’était proposé pour trouver du taff ». « Je ne pensais pas à un cambriolage mais plus à ma réinsertion, et à trouver du Taff ».

Suite à cela, le président demande les faits du 23 mars 2018 :

AC : —J’ai reçu un appel de Yacine qui m’a dit « viens à Nation », sans me donner plus de détails.

Arrivé à Nation, il rentre de nouveau en contact avec YM, qui lui donne l’adresse exacte de Mireille Knoll, avenue Philippe-Auguste dans le XIe arrondissement de Paris. AC cherche le bâtiment 30 et sonne à « Knoll ». Yacine lui ouvre, et lui dit de monter au 2e étage.

Mme Knoll était assise sur son fauteuil. YM demande à AC d’aller chercher une bouteille de Porto au Super U.

MK refuse de boire, puis accepte devant l’insistance de Yacine.

YM montre à AC toutes les fourrures. Mireille Knoll se dirige pour aller aux toilettes à l’aide de son déambulateur. Les deux hommes en profitent pour fouiller et voler les objets qui leur semblaient de valeur.

AC évoque un couteau dans la main de Mihoub, s’écriant « Allah Akbar ». Alex va dans le salon et va vomir sur sa veste posée sur le canapé. YM demande du feu à AC, puis avec le briquet commence à enflammer le rideau de la chambre.

Le décès de Mireille Knoll : selon les experts, entre 17h17 et 17h26. Les deux accusés seraient restés environ 45mn dans l’appartement après le meurtre de la victime.

Alex maintient sa position d’innocent car selon lui, il n’aurait ni tenu, ni mo les coups de couteau à Mireille Knoll. Il ne se considère ni comme acteur, ni comme complice de cet homicide volontaire.

Alex ne s’est-il douté de rien lorsque Yacine a évoqué, sans plus de détails, un « plan thunes », s’étonne le président ? Le président dit que le terme de « plan thunes » est quelque peu fallacieux, et qu’on se doute bien de ce que c’est, à comprendre que c’est quelque chose de pas très légal…

11h : Le président FZ demande à AC ce qu’il a constaté au moment de rentrer chez MK. Y-a-t-il des richesses apparentes ?

AC : « Je n’ai pas constaté une particulière richesse ». Mais affirme qu’il avait besoin d’argent pour payer ses dettes. Pour sa défense, il ajoute « Mais je ne cherchais pas obligatoirement de l’argent tout le temps » et continue avec ces déclarations « Je n’étais pas dans l’optique de passer un moment chez une dame chez elle, que je ne connaissais pas. Yacine ne m’a jamais parlé de Mireille Knoll, il m’a juste évoqué le « plan thunes » mais pas où cela se passerait ».

FZ : Qu’avez-vous bu le jour des faits ?

Alex affirme n’avoir bu une seule goutte de la bouteille de Porto.

Le président renchérit, et explique que son ADN a été retrouvé sur le bouleau de la bouteille en question.

Alex répond que c’est seulement ses doigts qui ont dû toucher le bouleau pendant qu’il servait Yacine.

11h15 : FZ demandant à AC : Pourquoi avez-vous vomi alors ?

AC : « J’ai été choqué par l’acte horrible dont j’ai été témoin. » Il dit avoir vomi dans le taxi du retour également 2h30 après les faits. « Je n’arrêtais pas de ressasser les faits dans ma tête. C’est ça qui m’a fait vomir, le fait de ressasser en boucle la scène du meurtre qui m’a profondément choqué. »

AC aurait compris en rentrant du SUPER U que le « plan thunes » en question s’apparentait à un cambriolage déguisé. AC ne nie pas le vol aggravé (car commis après le crime d’une personne âgée diminuée par la maladie de Parkinson). AC dit avoir été « appâté par le gain ». Le président remet en question la réinsertion de l’accusé, réel doute sur la capacité d’AC par la Cour. Pour sa défense, AC dit qu’il pensait que la proposition de YM était un travail, et que ce n’est qu’une fois sur place chez Mme Knoll qu’il aurait compris que c’était pour un cambriolage.

Alex ne se souvient apparemment pas de ce que Yacine disait sur les juifs. Vague évocation des camps de concentration.

Cependant Alex Carrimbacus confirme les dires de Yacine Mihoub, qui affirmait que « tous les juifs ont les moyens financiers » et « une bonne situation ».

Le président demande à Alex son avis sur ce point, et répond ne pas être d’accord avec lui, « ce n’est pas parce qu’on possède des fourrures que l’on est riche ».

Fourrures trouvées posées sur un tambour à linge dans la chambre d’amis. Étrange, souligne le président, car selon les déclarations, Mme Knoll avait toujours pour habitude de ranger parfaitement son appartement.

Doute sur les dires d’Alex. Hypothèse où YM aurait déjà sorti les fourreurs pendant qu’AC serait allé chercher la bouteille d’alcool au Super U.

Alex dit avoir vu « 8,9, ou 10 » coups de couteau, mais en GAV (garde à vue), il aurait déclaré n’en avoir vu que 4. « Au moins une dizaine, je ne pourrai pas être plus précis, tout est allé très vite ». YM aurait crié une fois « Allah Akbar » en portant le coup fatal à la gorge. Selon l’expertise des médecins, les coups auraient été porté avec une « volonté de franchir la cage thoracique », car il s’agissait de coups très intenses et extrêmement violents.

Des gants en plastique ont été retrouvé dans le sac de YM, « plusieurs » selon FZ. Ceci montre la volonté de mener un cambriolage sans laisser d’empreintes.

AC se dit « dépassé par les événements ». Il tente un mea culpa : « Je regrette de ne pas avoir appelé les secours. De plus, je l’ai vu ouvrir le gaz, mais je n’ai rien pu faire ». Il dit avoir fouillé l’appartement uniquement avant le meurtre. N’a pas pris la fuite après le crime.

12h : Franck Zientara lui demande : « Avez-vous participé à l’incendie? »

—AC : « Non ».

FZ : Mais Yacine Mihoub avait un briquet, pourquoi lui en avoir donné un?

—AC : « Son briquet fonctionnait mal, et je pensais qu’il voulait juste allumer une cigarette, alors il m’a demandé le mien et je le lui ai donné. »

Les deux accusés s’enfuient de l’appartement de la victime, prennent les escaliers au 2e étage jusqu’au 3e, puis prenne l’ascenseur jusqu’à l’appartement de la mère de YM au 7e étage. Yacine prévient Alex sur le chemin du 2e au 7e étage qu’ils se rendent chez sa mère. YM a livré le couteau à sa mère, Alex confirme avoir vu la scène. Elle a jeté les objets de Mireille Knoll. Elle est accusée d’avoir jeté les objets volés chez la victime par son fils et Alex Carrimbacus et, surtout, d’avoir nettoyé le couteau trouvé dans la chambre de Yacine et qui pourrait avoir servi au moment du crime. Elle est également jugée lors de ce procès.

Alex a été obligé re reconnaitre (après lecture de la déclaration par le président) avoir appelé un club libertin le vendredi 23 mars au soir « pour oublier le meurtre ».

Les Adidas blanches ont été retrouvé avec traces rouges qui ont été volé au compagnon de Mme Sanchez qui l’hébergeait. Après expertise, les traces rouges ne sont pas du sang.

FZ : Quel est votre projet de vie monsieur ?

AC : « Faire des études, de droit par exemple ou un CAP, me réinsérer ».

FZ : Pour quelle raison monsieur Mihoub a-t-il montré ses tatouages le jour du meurtre sur la guerre d’Algérie ?

AC : « je ne sais pas ».

Maître Goldnadel prend la parole :

« J’aimerai aborder l’aspect psychologique, avez-vous l’impression d’être quelqu’un de gentil? » s’interroge l’avocat des parties civiles.

—AC : « Oui le plus souvent. »

L’avocat reprend, « Comment vous vous êtes embarqué dans cette « galère », passez-moi l’expression, alors que vous êtes dans une logique de réinsertion dans la sociétéVous dites que vous étiez tétanisé mais le lendemain, qu’est-ce qui peut expliquer encore que vous soyez en contact avec Yacine plutôt que d’aller témoigner à la police, pour vous disculper par ailleurs? »

AC : Dit avoir peur des représailles, c’est pour cela qu’il n’a rien dit. Il ajoute avoir très peur de Yacine,  il explique son comportement par la crainte que lui inspirait ce dernier, précisant qu’ lui avait fait croire qu’il avait été condamné pour un trafic d’armes avec des Russes, qu’il avait un « réseau ».

Maître Goldnadel lui demande si en lui passant le briquet, il pensait que YM voulait allumer une cigarette ou alors que c’était pour une toute autre raison.

—AC : « je ne sais plus précisément mais oui sans doute, je pensais qu’il voulait juste allumer sa cigarette ».

Le président Franck Zientara lit les déclarations suivantes : « Alex dit avoir pratiqué les trois sports de combats suivants : le Krav-Maga, le Free fight, et le Self Défense. Dit pratiquer « tout seul » »

À ce moment précis, l’un des avocats de la famille Knoll,Maître Sébastien Journé, s’étonne, et rappelle qu’un sport de combat, mise à part la boxe avec un sac de frappe, ne se pratique jamais seul. Il ajoute que l’on peut aimer regarder des vidéos de sport de combat mais qu’on ne pouvait pas pratiquer tout seul l’un de ces sports.

À l’issu de ces arguments, Alex reconnait avoir effectivement regardé des vidéos de ces ports à défaut de les pratiquer à plusieurs.

L’avocat de la partie civile rebondit sur ce point, Maître Journé : « Comment une personne qui se dit pratiquante de sport de combat dans ses déclarations, et qui a la porte de sortie de l’appartement de Madame Knoll sans obstacle entre la porte et lui (car Mihoub ne faisait pas obstacle entre la porte de sortie et Alex ) peut avoir peur ? »

Silence dans la Cour… atmosphère lourde.

—AC : (confus) « je ne sais pas… »

L’avocat en conclut que les déclarations d’Alex sont loin, donc, de la posture de soumission qu’il décrit durant toute son audition.

Le troisième avocat des parties civiles demande à Alex : « Vous confirmez Monsieur Carrimbacus que le jour du meurtre vous n’aviez rien bu, pas pris de drogue? »

—AC : « Non j’étais complètement lucide. Je ne bois jamais en journée, seulement en soirée ».

L’avocat sous-entend donc qu’Alex, étant en état de lucidité et ayant assisté au meurtre, été en état d’intervenir. Référence à la non-assistance à personne en danger, mais en France, existe le principe du non-cumul des peines en droit pénal français, donc pas évoqué dans les accusations car le vol aggravé est plus grave.

Alex conteste l’homicide involontaire.

Reconnaissez-vous le vol?

AC—Oui.

A -t-il précédé ou suivi le meurtre ?

—AC : « Les deux : il y a eu vol d’objets avant le meurtre, puis juste après. » Reconnaissance donc d’un vol aggravé car ai vol s’ajoute la circonstance aggravante.

Suspension d’audience 13h.

Reprise d’audience 14h

Audience de 14h à 17h50 :

14h15 : Question de l’avocat de la défense à Alex Carrimbacus : « Quelle a été votre réaction quand vous aviez compris le meurtre de Madame Knoll? »

—AC « J’ai été choquéYacine a dit à sa mère quand nous sommes arrivés dans son appartement au 7e, « la vieille du deuxième n’est plus de ce monde. »

Pourquoi refusez-vous de vous faire appeler Alex le Marseillais ?

—AC « C’est pas Alex le Marseillais, mais Alex venant de Marseille. »

Que disait précisément YM sur les médias et les juifs ?

—AC « C’était vague, je ne peux pas vous répondre précisément sur ça ».

Un autre avocat de la défense, Maître Charles Consigny, sur un tout autre terrain, demande à Alex si aujourd’hui il prend un traitement médicamenteux.

—AC « Oui, je prends du Tercian (médicament antipsychotique. Ce neuroleptique est surtout utilisé pour son action sédative ainsi que ses effets anxiolytiques) et de la Sertraline (La sertraline est un psychotrope de type inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, utilisé comme antidépresseur. Elle est principalement prescrite pour les épisodes dépressifs majeurs et sévères.) Il ajoute avoir de gros problèmes de sommeil.

Il est libéré le 17 janvier 2018 de prison.

En 2016, notion de « schizo-affectif » selon l’expertise psychiatrique. On retrouve dans le trouble schizo-affectif une combinaison de symptômes de la schizophrénie (tels que des idées délirantes ou des hallucinations) et de symptômes de troubles de l’humeur, comme la manie ou la dépression.

Le médicament Olanzapine, qui a été classé comme antipsychotique lui a aussi été administré. Selon Maitre Consigny, c’est un médicament utilisé pour certaines formes de schizophrénie.

Preniez-vous de la drogue ai moment des faits ?

—AC « Oui du cannabis. (Il précise à petite dose, mais évoque 3-4 joints par jour à visée de détente, ou récréative).

AM aurait fait part à YM de son projet d’arrêter l’alcool et le cannabis afin de se convertir à l’islam et d’aller à la Mecque.

Toujours Maitre Consigny : « Au niveau de la religion vous en êtes où?  Puisque les faits de 2015 relatent des cris d’ « Allah Akbar » que vous auriez lancé dans un bus, rapportés par plusieurs jeunes présents dans ce bus. »

—AC : « vous savez j’avais beaucoup d’ennuis à cette période et beaucoup de jeunes voulaient me nuire, y compris en racontant n’importe quoi pour me causer encore plus de problèmes».

Devant l’experte psychologue, est écrit « il a accusé Mihoub de prononcer « Allah Akbar » assassinant Mme Knoll. »

AC a retiré ses dires par rapport à l’ampleur médiatique et à Fleury-Mérogis, a eu peur des conséquences et des représailles.

Mme Knoll l’appelait « Marcel », car vient de son surnom Alex de Marseille. C’est YM qui a présenté Alex à Mireille Knoll sous le nom de Marcel.

Alex après le meurtre repart avec un sac blanc, sans en regarder la contenance (ce qui lui ai reproché par la Cour).

Le lendemain du meurtre, AC appelle dix fois Yacine sur son téléphone. Maitre Consigny est surpris, il rajoute que si lui avait été témoin d’un meurtre abominable et qu’il était séparé du présumé meurtrier il n’aurait jamais cherché à le retrouver le lendemain, ni à l’appeler. Le rdv donc le 24 mars 2018 entre Alex et Yacine à la gare de Saint-Denis Le Bourget. 9 condamnations dans le casier judiciaire d’Alex.

Suspension de l’audience demandée par les jurés.

15h50 reprise de l’audience.

Audition de Yacine Mihoub.

Le président pose la même question que pour Alex Carrimbacus, pouvez-vous m’énoncer des qualités et des défauts chez vous?

—YM Qualités : « générosité, tolérance. »

Défauts : « on dit de moi que je suis peu empathique, même si je ne pense pas manquer d’empathie, et alcoolique ».

Le docteur Vincent Mahe, psychiatre, a écrit dans son rapport que YM est « peu enclin à l’autocritique, peu de culpabilité indépendamment des faits ».

Le président : « Diriez-vous que vous êtes quelqu’un d’impulsif ? »

—YM : « Cela dépend si je suis sobre ou alcoolisé ».

Selon l’expert psychologue, Mr Mihoub aime se positionner en tant que leader dominant avec un potentiel d’influence sur autrui. Une certaine volonté de domination et une répétions de fausses alertes à la bombe avec propension fortement élevée aux mensonges. YM reconnait avoir une propension forte aux mensonges, cependant, processus de minimisation des fausses alertes à la bombe : « c’était pour déconner ou faire chier ».

Il reconnait avoir « pourri la vie de (sa) famille avec (son) addiction à l’alcool ».

16h15 : Franck Zientara lit la déclaration de Yacine Mihoub à sa mère « Je fais avec les cartes qu’on m’a donné »

Il s’adresse au président « Qui vous dit que je suis antisémite? Je ne suis pas antisémite, ces fausses accusations ça sort de la bouche de celui qui est assis à côté de moi dans le box des accusés » (c-à-d Alex).

« Ça m’arrive d’avoir l’alcool mauvais », en effet, YM dans ses crises s’est déjà scarifié à maintes reprises lors de ses crises d’excitations majeures. « Peu importe ce que vous direz, je n’ai pas fait de mal à ma famille ni à personne d’autre, je ne m’en prends qu’à moi-même en me scarifiant ».

Mme Dupuis décrit YM comme quelqu’un de « déconnecté de la réalité ». YM se dit être conscient de son affabulation.

Le président évoque le terme de « grand-mère de substitution  » que Yacine aurait prononcé en parlant de Mme Knoll.

—YM « je ne remplace pas ma grand-mère par Mireille Knoll mais oui j’ai pu les comparer toutes les deux de par leur caractère et leur âge ».

Des propos complètement contradictoires avec la déclaration suivante lue par le président « Elle avait 85 ans, elle allait bientôt crever ».

Expertise psychologique post-crime: « YM relate les faits sans montrer d’émotion avec la gravité des faits relatés. Un blindage des charges affectives avec absence d’empathie. »  selon la psychologue.

Franck Zientara : Quel est votre rapport à la religion Monsieur Mihoub?

—YM : « La justice des Hommes peut se tromper, alors que la justice divine ne se trompe jamais. Je suis Croyant avec un grand C, parce que quand tu dis que t’es musulman mais pas croyant, tu n’es pas pris au sérieux ».

17h : Le président nous dit qu’une sélection de livres découverts chez YM en lien direct avec l’islam. Des livres qui appartenaient à sa sœur défunte, et d’autres qu’il a acheté en déstockage. 

Apparemment dans le café Mademoiselle, YM aurait fait l’apologie de Coulibaly et des frères Kouachi. (Cf. inscriptions sur les murs de sa cellule à Fleury-Mérogis « RIP COULIBALY »). En 2018, des propos relatés de YM « Coulibaly était un homme bien ». Pour sa défense, YM dit à la Cour qu’il faisait référence à la photo où Coulibaly posait devant une pub Coca-Cola avec le président Nicolas Sarkozy. Il affirme que Coulibaly avant son incarcération était un homme bien mais que ce n’est qu’après son incarcération en établissement pénitentiaire qu’il se serait radicalisé islamiste.

YM aurait apparemment surligné le livre Mein Kempf dans sa cellule, mais réfute cette accusation et accuse l’administration pénitentiaire de manipulation.

Après avoir regardé un reportage sur la seconde Guerre Mondiale (YM se dit très intéressé par l’Histoire), Yacine pense que la Shoah s’apparente plus à un complot, avec une impossibilité de déporter autant de juifs et de les exterminer. Aurait donc tenu des propos négationnistes. Se dit par ailleurs moins antisémite que Zemmour, qui selon lui, vénère Pétain.

17h30 : Yacine Mihoub dit s’intéresser à l’Histoire de France. Dit avoir regardé des documentaires historiques, s’intéresse à l’OLP (Organisation Libération Palestine), prend leur tracts… Ses références: La Rafle (2010)de Roselyne Bosch, J’accuse (2019)de Roman Polanski sur l’affaire Dreyfus… On sent une très grande volonté de l’accusé de réfuter la thèse du caractère antisémite du meurtre en citant des références reliées directement à l’histoire juive.

20 novembre 2017 : recherches suite à un débat sur CNEWS. Une sourate du Coran recherchée sur internet suite à ce débat qui l’aurait interpellé. YM nous parle des deux parties du Coran « une dite Medinoise, et l’autre Mecquoise ».

Le président : « Les médias et les juifs, question soulevée par Alex Carrimbacus, est-ce que vous confirmez avoir parlé de ces sujets? »

—YM « peu importe, il faut pas sortir les choses de leur contexte, moi j’aimais bien Mme Knoll ».

Audience levée à 17h50. Reprise Lundi 8 novembre à 9h30.

Témoignage de Luna Guez, militante UEJF, qui a assisté à l’audience de 9h30 à 13h :

« Alex Carrimbacus, accusé d’avoir participé au meurtre de Mireille Knoll, apparaît comme un jeune homme très ordinaire de prime abord. Il explique sa rencontre avec Yacine et son besoin d’argent à ce moment-là, ses « plans thune », son travail au CCarrefour Market à quelques mètres de chez moi, ses histoires familiales, ses sentiments pour une fille… Rien chez lui ne semble violent devant laudience. 

Pourtant, rien dans ce qu’il raconte n’est clair. 

D’une insolence et indifférence sans limite, il décrit le meurtre en détails et se dédouane de toute responsabilité. Il s’emmêle les pinceaux, dit ne pas avoir révisé lorsque le juge l’interroge sur sa version des faits, se fait passer pour la victime lui-même, repose toute la faute sur son complice, justifie le fait d’avoir obéi à tous ses ordres par la peur et l’incompréhension. Tout dans sa voix fait penser à un récit mensonger et minimaliste. A croire qu’il n’est pas grave d’avoir « juste » fourni le briquet, qui fut à l’origine de l’incendie qui dévasta l’appartement de Mireille Knoll et calcina une partie de son corps. »

© Lévana Ederhy

Compte rendu d’audience rédigé par Lévana Ederhy, 21 ans, étudiante en deuxième année de droit, et militante UEJF.

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