Une rupture essentiellement diplomatique à ce stade?
(Photo du Front Polisario : même motif de drapeau, même punition?)
Des miliciens du Polisario déguisés en civils?
Alger a attribué à Rabat la responsabilité d’un bombardement qui a tué trois camionneurs algériens au Sahara occidental. Les tensions ont nettement monté récemment entre les deux pays qui partagent une frontière terrestre fermée depuis vingt-cinq ans.
Ce territoire grand comme la moitié de la France mais comptant seulement 600.000 habitants est le seul d’Afrique dont le statut est jugé « indéterminé » par l’ONU.
Rabat indiquait officieusement qu’il ne se laisserait « jamais entraîner dans une spirale de violence et de déstabilisation régionale ». Sans reconnaître la responsabilité du bombardement, on indiquait de même source que la zone concernée est « empruntée exclusivement par des véhicules militaires des milices armées » du Front Polisario.
Une même attitude européenne hostile à la solution la plus viable
Personne ne croit encore sérieusement à un risque patent d’embrasement d’un conflit direct entre l’Algérie et le Maroc. Simplement, les menaces et les annonces de mesures de rétorsion, de la part d’Alger, ne cessent de se multiplier. Si les tensions sont vives et pourraient déclencher des mises en garde par des mouvements de troupes dissuasives aux frontières, un point essentiel reste que la Souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental est la seule viable et réaliste, malgré le soutien de l’Algérie et de l’Union Européenne à la cause indépendantiste sahraouie.
On se retrouve alors dans une configuration qui n’est pas sans rappeler l’attitude psychorigide de l’Europe politique vis-à-vis de l’étiquetage discriminatoire des produits des territoires disputés de Judée-Samarie, alors même qu’elle ne condamne pas ouvertement le commerce avec le Nord de Chypre, réellement occupé par les Turcs depuis 1974. Ou le deux-poids-deux-mesures de Bruxelles vis-à-vis des causes et conflits auxquels elle se mêle sans beaucoup de discernement.
Alger importatrice de guerre froide au Maghreb
Au-delà de ce comportement européen de crispation sur des principes de Justice absolue, mais inapplicable sans lequel des bras-de-fer planétaires pourraient plus facilement se dénouer, et même en l’absence prévisible d’éclatement d’une guerre réelle aux frontières des deux pays, les deux rivaux appartiennent dorénavant à deux sphères idéologiques antagoniques :
- L’Algérie (ou son armée) transfère une sorte de vision rétrograde issue de la « Guerre Froide » sur la région du Maghreb, alors que le Maroc fait un pas de plus dans la modernité par son adhésion aux « Accords d’Abraham » et une participation au camp des pays arabes dsunnites modérés.
- De façon identique, les Sahraouis sont soutenus par les Palestiniens (OLP), l’armement du Hezbollah et cette cause génère de vives tensions entre le Maroc et l’Iran, soupçonné d’ingérence.
- Il est presque inutile de rappeler l’idéologie antisioniste (et antisémite) marquée du régime d’Alger, alors qu’en filigrane, on sait, plus ou moins officieusement que Rabat a soutenu Israël jusque depuis des échanges de services, dans les années 1965, aidant l’Etat hébreu à se renforcer à la veille de la Guerre des Six-Jours.
- L’autre point marquant, c’est la position plus qu’ambigüe de Paris dans cette esquisse de nouveau point chaud maghrébin. Macron a besoin d’Alger pour le remplacer éventuellement au Mali, si demain, l’armée française pliait bagage, mais avec le risque que Bamako n’embauche les mercenaires de Wagner pour « régler » sa guerre anti-terroriste… L’Elysée a, récemment, fait les gros yeux au Maroc, à cause de l’utilisation supposée du logiciel Pegasus israélien en vue de surveiller les échanges entre la France et l’Algérie, notamment…
- Moralité : à quoi joue exactement l’U.E, à deux pas des côtes de son flanc sud, à l’heure des migrations massives d’Afrique (Ceuta, Mellila, Libye, etc.) et alors que toute guerre réelle dégénérerait forcément en risque de fuites de réfugiés vers le Nord? Ou est-ce que cela la mène à vouloir satisfaire n’importe quelle cause, du moment qu’elle ne s’exprime pas chez elle?
Rappels sur l’aritificialité de la cause sahraouie
L’Espagne a quitté le Sahara occidental en 1975, après quoi la Mauritanie, l’Algérie et le Maroc ont tenté de s’en emparer. La Mauritanie a finalement abandonné cet effort. L’Algérie, bien que ne cherchant plus activement son annexion, a néanmoins continué à s’en mêler en armant les rebelles contre le Maroc (par recherche d’influence contre son frère ennemi?).
Maroc libéral et centre de développement pour l’Afrique toute entière
Le Maroc est le pouvoir de facto qui est responsable des habitants de la région et il a même construit une barrière physique pour délimiter ses frontières, mais les organismes officiels du monde entier ont jusqu’ici refusé d’accepter la région comme une partie légitime du royaume. Ironiquement, le Front Polisario veut la souveraineté sur une zone où il n’a aucun moyen de gouverner de manière viable en tant que puissance souveraine en plein désert.
Le Maroc a une économie très libéralisée. Il a récemment été classé 60ème dans une enquête classant la «facilité à faire des affaires» dans le monde entier. Israël est classé 49ème. Cela explique également pourquoi il n’a pas été plus agressif envers les séparatistes.
Le Front Polisario est dirigé par un groupe de dirigeants non élus. L’Algérie, qui a une taille cinq fois supérieure à celle du Maroc, mais compte à peine plus d’habitants, souhaite avant tout avoir accès à l’océan Atlantique pour pouvoir exporter son gaz naturel et son pétrole.
Les Nations Unies ont exercé des pressions sur l’Algérie et le Maroc pour parvenir à un accord à cet égard.
Pourquoi l’Europe favorise t-elle toujours les extrémistes?
Rabat est traditionnellement ouverte aux discussions et aux compromis, et l’Algérie faisait, jusqu’ à la reconnaissance par Trump de la Marocanité du Sahara occidental, preuve d’une souplesse relative. A présent, il ré-utilise le Front Polisario contre le Maroc.
Ainsi, les efforts de l’Europe pour s’impliquer dans cette affaire n’ont pas aidé les tentatives de réconciliation, ils ont seulement renforcé les extrémistes (comme dans le cas de l’insturmentailsiation de l’OLP conte Israël), qui estiment pouvoir obtenir davantage de concessions diplomatiques ou au moins avoir plus de pouvoir de négociation.
Le point de vue réactionnaire des Européens considère le parti le plus faible comme le seul parti juste. C’est pourquoi les membres du Front Polisario ont reçu le soutien de membres du Parlement européen qui, eux aussi, favorisent les Palestiniens au détriment d’Israël, à la surprise de tous.
Made in Israel, Made in Marocco
Récemment, en novembre 2019, la Cour européenne de justice a statué que les produits provenant de implantations juives situées au-delà de la Ligne verte ne pouvaient pas porter les étiquettes «Made in Israel».
L’UE a souligné qu’il était possible d’éliminer complètement les étiquettes, mais si vous indiquez un pays d’origine, vous ne devez pas qualifier les implantations de peuplement comme appartenant de fait à Israël. Cette affirmation est purement naïve, car on ne peut tout simplement pas se débarrasser du pays d’origine – les réglementations douanières et sanitaires l’exigent.
La même politique de manipulation a également été adoptée pour les produits fabriqués au Sahara Occidental, bien que cela n’ait presque aucun impact. Le PIB des centaines de milliers de personnes dans cette région est inférieur à 1 milliard de dollars, dont la moitié comprend des services, qui ne peuvent pas être étiquetés.
La pêche constitue la deuxième source de revenu national. Le Maroc a récemment conclu un accord avec l’UE en vertu duquel les produits de la mer de cette région peuvent être étiquetés «Made in Morroco».
Cela montre seulement la duplicité diplomatique complexe de la part de l’UE. Le Front Polisario voulait porter un coup douloureux au Maroc, mais les résultats réels sont dénués de sens. La bataille porte généralement sur les cœurs et les esprits (en d’autres termes, la propagande), au détriment de la vie quotidienne des gens, au point qu’ils doivent rester sans identité.
Alger s’entête à ne pas lâcher l’affaire
Le Maroc n’a aucun intérêt à faire en sorte que le conflit se poursuive. Il peut facilement intégrer les rebelles sur son territoire, s’ils comprennent qu’ils n’ont pas d’autre choix. C’est-à-dire s’ils se rendaient compte qu’ils n’avaient plus le financement algérien. Mais il est également évident que la poignée d’habitants du désert ne peut prétendre légitimement à un État ni à une véritable obtention de l’indépendance, ni même à l’autonomie, à moins que cette autonomie ne soit sous les auspices d’un des grands États (nord-)africains.
Rien ne peut être plus dissuasif que la «justice absolue», la vision utopique qui a prévalu dans tous les parlements du monde, qui consiste à offrir à chaque minorité ses aspirations nationales, quels que soient ses motivations et son histoire, sans tenir compte de la réalité. La vraie question reste de savoir si elle peut atteindre ses objectifs de manière viable.
Bruxelles au Pays des Merveilles
On peut faire le parallèle, quand l’ONU, la CPI ou l’Union Européenne cherche à culpabiliser Israël pour l’absence de « continuité « entre Gaza et la « Cisjordanie » (Judée-Samarie), alors même qu’une guerre civile interne à éclaté en juin 2007 entre la Hamas et le Fatah. Les simples mesures anti-terroristes dissuasives prises par Israël sont dénoncées comme l’application d’une « ségrégation » ou « Apartheid. Ainsi, le dernier conflit de mai 2021, entre le Hamas, tentant une OPA sur la question de Jérusalem et les Arabes Israéliens des villes mixtes, au détriment de l’OLP, et Israël, n’a fait qu’affaiblir ce qui reste de « légitimité » au vieux Mahmoud Abbas, menacé d’une insurrection intérieure à Ramallah (affaire Nizar Banat, par exemple). Or toute accentuation de ces aspirations à plus de « liberté » apparente, ne ferait actuellement que débrider l’influence des groupes terroristes, comme le FPLP et le Hamas contre l’apparatchiki corrompu Abu Mazen (et « A bout » également)…
De même, Il n’existe aucun scénario réalisable dans lequel le peuple sahraoui puisse maintenir une entité souveraine. Le désir d’une justice absolue est donc un effort dangereux et peu judicieux.
L’administration Trump a abandonné cette vision radicale et estimé que les États-Unis ne devraient plus être impliqués dans de tels conflits. Ou, comme l’a dit la duchesse dans Alice au pays des merveilles :
« Si tout le monde s’occupait de ses propres affaires, le monde tournerait beaucoup plus vite et beaucoup plus rond qu’il ne le fait. »
Par Marc Brzustowski
Le Maroc est facteur de stabilité.
Les Algériens se sont lancés dans un projet de conquête arabe du monde. Ils semblent avoir choisi la haine et la violence comme au septième siècle… Curieux que l’UE appuie ces options mortifères. Elle est la voisine et en subira les conséquences. Mais qui gouverne l’UE exactement et avec quels objectifs ?