L’attaque en règle de Georges Bensoussan par Madame Valensi ( 1 )

A l’occasion d’un Colloque consacré aux Juifs et les autres minorités dans l’Islam méditerranéen, XIXe-XXIe siècles, une « historienne » a usé de méthodes qui l’ont de fait disqualifiée: Pour contrer l’Histoire telle que narrée par Georges Bensoussan, Schmuel Trigano, Paul Fenton, entre quelques autres, Lucette Valensi, en manque d’arguments sérieux et guidée par On ne sait quel dessein, n’a pas hésité à se livrer à une attaque ad hominem de telle ampleur que Akadem a proposé à l’Historien Georges Bensoussan un « Droit de réponse », que Tribune juive se fait un devoir de relauyer et d’appeler à largement diffuser.

Rappel

Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme se sont tenues Les 9, 10 et 11 juin les Conférences inaugurales du Colloque « Les juifs et les autres minorités dans l’Islam méditerranéen, XIXe-XXIe siècles« , Colloque annoncé comme étant organisé sous la direction scientifique de gens supposés honorables, puisque venus de Princeton University, de l’EHESS, et autres.

2 temps principaux :

« Des sociétés plurielles à la disparition des minorités. Tableau critique », par Lucette Valensi.

« Sortir de la dhimma. De la tâ’ifa à la minorité confessionnelle », par Bernard Heyberger

D’emblée, l’auditeur s’interrogera : Comment Bernard Heyberger va-t-il aborder son sujet, « Sortir de la dhimma. De la tâ’ifa à la minorité confessionnelle », alors que dès sa prise de parole, la péremptoire Lucette Valensi mettra un point d’honneur à affirmer à son auditoire que de dhimma il n’y eut point, ou quasiment pas, amenant chacun à se demander pourquoi ses parents ont donc quitté un cohabitation si idyllique, et pourquoi elle-même s’incruste en France alors qu’elle serait si bien en terre d’islam. Ferait-elle donc partie de ces nostalgiques de l’époque heureuse où leurs aïeux étaient des sous-humains soumis à un statut infâme ?

Quoi qu’il en soit, et pour reprendre les mots de notre contributeur Antoine Hillel dans son article Heureux comme un Juif en terre d’islam… publié au lendemain dudit Colloque sur Tribune juive, « Ce qui est problématique est que, lorsqu’on prétend à la rigueur intellectuelle comme le fait Valensi, est l’absence de tout débat contradictoire sur le fond »

Auditeur particulièrement attentif dudit Colloque, nous voulons reprendre précisément pour nos lecteurs l’exposé de Lucette Valensi, avertissant le lecteur que n’ayant ni le son ni l’image, il devra se fier à nous pour imaginer le ton péremptoire, méprisant, condescendant, utilisé par l’oratrice lorsqu’elle usa de son temps de parole pour se livrer quasi exclusivement à des attaques ad hominem, Georges Bensoussan étant … sa cible privilégiée : Quelque 11 minutes lui seront consacrées.

Après avoir acté que les communautés juives, qui vécurent durant des siècles en terres d’Islam avaient presque toutes quitté le monde musulman, parfois volontairement mais le plus souvent sous la contrainte, Lucette Valensi cite Amin Maalouf et son Naufrage des civilisations, où il s’interroge sur la disparition des minorités religieuses dans le monde arabe. Mais elle nous prévient aussitôt : Juifs : gardons-nous de l’anachronisme qui ferait de l’antagonisme juif-musulmans une constante de l’histoire.

Mais la voilà, prétextant une objectivité qui serait la règle,  s’en prenant d’abord à l’Eurabia de Bat Ye’ Oret sa coloration macabre, et promettant parralèlement d’éviter la conception lacrymale (lachrymose conception)telle que décrite par Salo Wittmayer Baron[1]et qui aurait le tort de méconnaître les interactions heureuses avec la société majoritaire et préférer, à l’interprétation, l’énumération des persécutions.

Le ton est donné et Lucette Valensi est partie: C’est devenu un cliché dès que l’on parle de l’histoire des Juifs. L’historien Georges Bensoussan n’en est même plus à l’histoire larmoyante, il est jusqu’à l’obsession le procureur dans un procès qui fait de l’islam et du monde musulman un ennemi des Juifs homogène et constant.

L’histoire larmoyante d’hier a laissé la place à une histoire réquisitoire.

En guise d’argument, Lucette Valensi, se saisissant de Juifs en pays arabes: Le grand déracinement, reproche tout bonnement à Georges Bensoussan une méthodologie discutable à son sens : Georges Bensoussan cite à l’appui de ses dénonciations les archives de l’Alliance israélite et se serait contenté d’enregistrer toutes les atteintes aux biens et aux personnes, passant sous silence d’autres aspects de la vie des victimes déclarées : Tous les trois jours en France une femme est assassinée par son conjoint. Situation terrible contre laquelle il faut s’élever. Mais on ne saurait réduire la description de la vie des femmes en France a ces statistiques.

Et c’est un peu ce qui se produit avec l’histoire telle que la voient Bensoussan et d’autres historiens. Si cet historien avait consulté les Archives fiscales du Gouvernement tunisien d’autrefois, […] S’il avait parcouru les mêmes archives en arabe, il aurait vu que les Juifs sont regroupés sous le vocable de tâ’ifa, ce qui veut dire corps, communauté, groupe, tout comme les Turcs, tout comme les chrétiens du Moyen-Orient.

Lucette Valensi poursuit et remet en question jusqu’à l’emploi du statut de dhimmi: Pour la Tunisie, pas une fois les mots dhimmi ou dhimma ne sont employés avant le XIXe siècle dans les archives publiques. Si l’historien avait pratiqué les archives des ports de Livourne, de Venise, ou de L’Orient, il aurait vu la très forte présence de négociants juifs autour de la Méditerranée actifs à l’international. Si cet historien avait pris le soin de lire les travaux de Robert Hilbert sur Alexandrie, de Vincent Lemire ou Michelle Campos sur Jérusalem, de Georges Hoffmann sur Smyrne[2], il aurait produit une image beaucoup plus chatoyante que son tableau noir sur noir.

Doit-on s’en étonner ? Elle en veut vraiment à 2 ouvrages de l’Historien, Les Juifs du monde arabe, La question interdite, l’étouffant au point que l’auditeur s’interroge sur ce qui guide notre orateur :le fond de son propos n’a en effet rien à voir avec le sujet et l’on est autorisé à penser à quelque intention autre :

Question interdite ? N’a-t-il pas publié plus de 960 pages sur la question ? N’a-t-il pas prononcé des conférences, y compris ici, sur le sujet ? Pris part à des débats ? Présenté des articles dans des revues prestigieuses ?

L’Historienne enchaîne et convoque Les ouvrages de Schmuel Trigano entre autres qui surfent sur la même vague dénonciatrice et revendicative et conclut qu’en vérité c’est tout un courant qui s’est formé dont l’enjeu lui paraît politique. Pour Bensoussan la domination sous le régime de la dhimmitude, la dégradation qui en résulte chez les Juifs ne sont pas seulement anciennes et continues, elles sont devenues comme une seconde nature chez les uns et les autres. Elles relèvent de l’atavisme. Elles relèvent de l’habitus ou d’une économie psychique fondée sur la servitude.

On l’aura compris, Bensoussan et ses pairs, mais surtout Bensoussan, avaient là un projet politique : Dénaturant la notion de longue durée empruntée à Fernand Braudel, Bensoussan fait de l’abaissement des Juifs d’Orient l’aboutissement de la longue pratique de la dhimma. « L’essentialisme à l’œuvre. Et nous voilà, pauvres Juifs d’Orient, aveugles sur notre misérable abaissement, notre aliénation, livrés à l’historien redresseur de torts Georges Bensoussan ».

Elle poursuit, se faisant … Procureur : Essentialisme, mais aussi anachronisme […]  Essentialisme, mais aussi quasi constante ignorance de ce que vit la population majoritaire. […] Processus auquel il préfère la longue litanie sur l’infériorité des Juifs en milieu musulman ou arabe, leur lâcheté, leur impuissance, et sur les violences qu’ils subissent.

Vindicative là où elle serait en droit d’émettre un avis opposé et étayé, Madame Valensi ira jusqu’à reprocher à Georges Bensoussan de nous infliger les misérables clichés relevant du folklore, mais mieux encore, elle reproche à l’Historien, lorsqu’il aborde le Farhoud, de pratiquer jusqu’à satiété l’enchaînement des citations, de le faire de façon sélective en ignorant des ouvrages de base, et même de … dénaturer les pensées des auteurs des travaux cités.

Voilà : Georges Bensoussan aurait cité intégralement le volet oppressif des dispositions de la dhimma. Mais pas l’autre volet sur ses aspects positifs. Le retour à la dhimmitude est le thème sous-jacent des études de Bensoussan, qu’il partage avec Schmuel Trigano, de qui Madame Valensi fait « quelqu’un habité par le ressentiment », et selon lequel ce n’est pas l’holocauste qui a permis la création de l’État d’Israël mais l’expulsion des Juifs des terres d’Islam qui l’a rendu nécessaire.

Lucette Valensi n’en démordra pas, nul contradicteur n’étant présent, et osera parler « d’historiens légitimes », lesquels traitent de la dhîmma en parlant d’un côté des restrictions et des mesures infamantes visant à manifester la supériorité des musulmans et l’infériorité des Juifs et des chrétiens, de l’autre la protection, la sécurité, la liberté d’exercer sa religion, l’autonomie complète, à l’intérieur de chaque communauté, en matière de culte, d’éducation et d’application de leurs droits propres. […]

The last but non the least : Alors que les propos sont décousus, et pour cause, l’Historienne tente de retomber sur ses pieds et vous révèle le Pourquoi de la chose : La réponse d’un spécialiste américain est immédiate et tient en un seul mot : politique ! Un Tournant politique que Lucette Valensi met en parallèle avec les tensions au Moyen-Orient, la droitisation politique d’Israël, l’Iran, mais surtout avec un tournant idéologique. C’est à nouveau la fête de Bat Ye’ Or, puis celle de Paul Fenton et Lipman, le second étant l’époux de Bat Ye’ Or. Elle conclura : C’est comme une sorte de contagion. Elle parlera d’épidémie, citant un article[3] de deux historiens qui sont révoltés contre ce type de littérature : Israël réécrit l’histoire des Juifs du Moyen-Orient dans des buts de propagande : L’article dénonce ce type de production historique comme une œuvre de propagande pour des mobiles politiques. Et Valensi d’ajouter : Je souscris ! Et de nous confesser : Quant à Dhimmitude, le néologisme n’est même plus en italique chez Bensoussan mais mon ordinateur se refuse à l’enregistrer et le souligne en rouge : ne pas entrer dans le dictionnaire.

Ainsi, les Juifs n’ont pas vécu la tête baissée et constamment soumis aux coups, aux quolibets et aux insultes. […] Valensi en veut pour exemple les relations merveilleuses entre les notables juifs et le Monarque narrées par Michel Abitbol. Elle cite une palestinienne établie en Allemagne : Cette palestinienne parle de la place considérable occupée par les Juifs et les Grecs et de leur ascension sociale et économique.

On le voit : Lucette Valensi a un argumentaire très faible. A l’opposé, elle se fait féroce en lynchant un certain nombre d’Historiens qu’elle n’hésite pas à qualifier d’incompétents, de malhonnêtes, guidés qu’ils seraient par un agenda politique les conduisant à ce qu’elle qualifie de propagande, elle professe le déni de la dhimmitude et mieux, chante le mythe de l’idylle judéo-arabe qu’elle veut généraliser, avec son Panthéon à elle, Richard Abitbol, Bernard Haykel, Bernard Heyberger entre autres.


Antoine Hillel, dans Heureux comme un Juif en terre d’Islam[4]…, s’était lui aussi étonné de cette fort longue diatribe de Lucette Valensi contre « auteurs, essayistes, historiens, coupables visiblement de ne pas partager ses vues sur la question des « Juifs et autres minorités dans l’islam méditerranéen ». Il avait moqué le credo en vigueur dans la « bonne société » sur cette « épineuse » problématique : quiconque ne sacrifie pas au discours rituel sur l’Islam « tolérant et bienveillant » pour ses minorités est au choix un crétin incapable de nuances, un inculte ou pire encore un malfaisant obéissant à l’agenda politique de l’extrême-droite, qu’elle soit française ou israélienne et avait dit son sentiment d’entendre une mise à mort public des « déviants » en ouverture d’un congrès du parti communiste au milieu des années 1950.« 

Pointant le lexique affligeant et l’usage de la polémique en guise d’analyse scientifique, Antoine Hillel n’avait pas hésité à parler de degré zéro de la vie intellectuelle en pratiquant la partialité comme ligne directrice et l’élimination (par délégitimation) des voix jugées discordantes.

Mais Georges Bensoussan a proposé sur Akadem un débat auquel la Dame ne saurait se soustraire.


Pour rappel : André Azoulay, membre fondateur du « Projet Aladin », dirigeant de cette Association qui entendait jeter des ponts entre Juifs et musulmans, mais surtout Conseiller influent depuis une trentaine d’années de la monarchie marocaine vanta, en fin de Colloque,  le caractère « extraordinaire », exemplaire à tous égards, des relations judéo-marocaines.

Quant à Lucette Valensi, elle fut choisie en 2017 pour diriger le comité de pilotage qui travaillerait à l’élaboration du projet d’ouverture d’un musée juif en Tunisie, lequel musée véhiculerait ‘ »l’image d’un pays tolérant et ouvert ». ( Antoine Hillel )

Sarah Cattan


[1] Article. 1928.

[2] G. Hoffmann. La Suite d’Homère de Quintus de Smyrne

[3] Haaretz

[4] 25 juin 2021 Tribune Juive

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7 Comments

  1. Akadem est un média très curieux à peine orienté … à gauche, et chaque que G.B. est présent, j’ai le sentiment que son interview est très courte et très encadrée.
    Je me suis fait bloquer dans les commentaires d’Akadem, je ne sais combien de fois …

    • Tout le fsju est aux mains des gauchistes , il suffit d ecouter leur radio et les commentaires  » ultra bienpensants  » qui y frisent le ridicule souvent , c est boboland cacher

  2. C’est pitoyablement classique: lorsque l’on n’est pas en capacité de contredire le propos d’un auteur, de démontrer ses erreurs, on attaque sa personne! Merci Georges Bensoussan pour votre immense ouvrage et votre courage! Annette BLOCH

  3. on voudrait évincer la preuve des preuves, cacher la vérité sous le tapis, on ne pourrait faire mieux, en mettant en cause les recherches et analyses du monument que nos institutions renâclent a reconnaître : Georges Bensoussan !! Que de jeunes enseignants d’histoire m ont dit ne plus participer à certaines réunions de formation pédagogiques , depuis que ce n’est plus « Mr BENSOUSSAN » qui les assure !

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