George Orwell a d’abord été libraire et il n’a pas aimé ça.
« Me plairait-il d’être libraire de métier ? En fin de compte, malgré l’amabilité dont mon patron a fait preuve à mon égard et malgré les quelques jours heureux que j’ai passé dans cette boutique, ma réponse est non. »
George Orwell répugnait à vendre quoi que ce soit, y compris des livres.
Shaun Bythell est donc prévenu lorsqu’il reprend une libraire à Wigtown, un patelin au Sud-ouest de l’Ecosse.
Les clients sont exigeants, veulent des remises, passent des heures dans la boutique à déranger les étalages sans rien acheter et posent souvent des questions idiotes.
Shaun entasse dans sa libraire des milliers d’ouvrages d’occasion qu’il glane dans les environs à l’occasion de diverses successions.
Ça va d’une première édition des « Âmes mortes » de Gogol à la série complète des Guides de Chemins de fer du Nord de l’Irlande.
Le tout dans des caisses périodiquement arrosées par l’urine d’un chat mystérieux, que Shaun soupçonne d’être de mèche avec un voisin malveillant.
Ces livres, il faut bien les classer, mais leur accumulation quotidienne en font un véritable rocher de Sisyphe. Surtout lorsque l’on est aidé par un stagiaire Asperger, qui au bout de 6 mois n’en est qu’à la lettre B.
Shaun essaye de placer quelques livres sur Amazon ( faut bien vivre ) et constate avec une grande perplexité voir son statut de vendeur sur ce site passer de « correct » à « médiocre« .
Shaun Bythell a donc tenu son Journal, une année complète, au rythme des saisons, en notant chaque jour le nombre de clients et le montant de la recette. Une chronique douce-amère d’un amoureux des livres qui pour rien au monde n’exercerait un autre métier.
© Daniel Sarfati
Poster un Commentaire