Dans les mois à venir, seuls les « vaccinés » et détenteur d’un « pass sanitaire » auront, de ce que l’on comprend, accès aux cafés, restaurants, centres commerciaux, transports en commun, sans parler évidemment des spectacles et des manifestations sportives. Certes, la vaccination n’est pas rendue obligatoire, mais une partie de la population, les «non-vaccinés», se trouvera de fait exclue de la vie sociale. Dans l’ensemble, cette formule discriminante semble accueillie favorablement dans le pays. La France est en train de créer une société à deux vitesses entre les « vaccinés » et les « non-vaccinés » privés du droit à une vie sociale normale, voire du droit à la liberté.
Certes, comme le rappellent les partisans de cette formule, toute personne a la possibilité de se faire vacciner ! Cependant, de fait, une partie du pays même minoritaire, traumatisée par le souvenir des grands scandales médicaux, a davantage peur de la vaccination que du Covid-19. Certaines peurs sont-elles moins respectables que d’autres ?
Faut-il montrer du doigt une nouvelle catégorie de Français, les Gilets Jaunes du vaccin ? Les désigner en boucs émissaires et en parias des malheurs de la société française ? La menace de l’exclusion (de la vie économique et sociale) sera-t-elle plus efficace qu’un travail de persuasion et d’explication ?
Quels sont les éléments objectifs permettant de bouleverser tous les fondements de la société française en détruisant d’un revers de main les principes de liberté et d’égalité ? Le variant Delta est-il une nouvelle peste noire qui faucherait sur son passage des millions de personnes ? L’exemple britannique montre bien au contraire que la reprise de l’épidémie ne se traduit pas par une poussée de celui des décès.
En France, l’immense majorité des personnes âgées ou atteintes de comorbidité sont d’ores et déjà vaccinées. Le risque d’une reprise de la saturation des hôpitaux et d’une hécatombe semble donc réduit – dès lors que le vaccin est efficace. Une sorte de fétichisme autour du nombre des contaminations (et son impact politique) paraît être à la source de ces décisions.
Le discours officiel affirme que le régime à deux vitesses – vaccinés, non-vaccinés – permettra d’éviter de nouveaux confinements ou couvre-feux. Mais les décisions liberticides et le retour de l’Absurdistan ne procèdent de rien d’autre que de choix du pouvoir politique qui ont fait la preuve de leur inefficacité à long terme et de leur nocivité sur le plan économique comme sur celui de la vie sociale. En dehors de ces choix politiques, la France n’a jamais été vouée par une sorte de fatalité aux confinements, ni au couvre-feu. D’ailleurs, certains pays qui ont fait des choix moins liberticides que ceux la France (Pays-Bas, Suède, Allemagne, Danemark), comptent moins de décès par million d’habitants.
La France est donc en train de rompre avec les principes fondamentaux d’égalité et de liberté sous l’impact de la panique. Mais elle est aussi en train de s’éloigner du principe de fraternité. En effet, comment les concepteurs du nouveau dispositif envisagent-ils sa mise en œuvre : les restaurateurs, les commerçants, le personnel des cinémas ou des transports en commun (conducteurs d’autobus), seront-ils mandatés pour contrôler au cas par cas le pass sanitaire ou certificat de vaccination ? Vont-ils se transformer ainsi en supplétifs de la puissance publique pour contrôler la population ? Imagine-t-on les réactions, le risque de conflits et de drames ?
Le pays se fracture comme rarement il s’est fracturé. Le climat est hautement inflammable. Dans l’ensemble, une grande partie de la France satisfaite communie en ce moment dans la jubilation autour des mesures annoncées et approuve la «main de fer» qui les porte. Une autre souffre dans sa chair. Sauf exception, elle n’est pas forcément « antivax » ni « complotiste » comme le veut la caricature. Elle souffre dans sa chair de la disproportion entre la réalité d’une épidémie – qui n’est pas la peste noire – et les conséquences pour le pays de la destruction de son modèle d’égalité, de liberté et de fraternité.
© Maxime Tandonnet
Haut fonctionnaire français, ancien conseiller à la Présidence de la République sur les questions relatives à l’immigration, l’intégration des populations d’origine étrangère, ainsi que les sujets relatifs au ministère de l’Intérieur, Maxime Tandonnet, contributeur régulier du FigaroVox, a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019).
Les fondamentaux de la republique française , en particulier l egalité ,mais aussi et surtout la laïcité sont en voie de destruction finale .
Les coups de boutoir de l invasion musulmane , de l inclusion forcée de la sous culture multiculturelle d origine americaine , et l incompetence des elites , autant que leur legendaire veulerie auront detruit en quelques années un assemblage subtil que le genie français avait mis un siecle a batir