Marek Halter. Le massacre de Babi Yar commémoré lundi 21 juin au Sénat

« Souviens-toi, Souviens-toi, Souviens-toi« : 168 fois dans La Bible.

Qui connaît, qui se rappelle du massacre de Babi Yar (« ravin des bonnes femmes »), ce lieu où fut perpétué le premier grand massacre des Juifs par les nazis et leurs alliés locaux ?

Babi Yar est unique dans l’histoire de la Shoah, du fait de sa performance morbide : 33 771 Juifs, femmes et enfants compris, liquidés en l’espace de deux jours. Brutalisés par la police ukrainienne, forcés de se dévêtir et de s’aligner au bord du ravin de 150 mètres de long, 30 mètres de large et 15 mètres de profondeur, vague après vague, ils sont tombés sous les balles, leurs corps s’ajoutant à ceux des êtres qui, un instant avant eux, avaient été … fusillés.

Il a fallu attendre la publication du poème du Russe Evgueni Evtouchenko, « Babi Yar« , en 1961, pour que le monde en parle enfin. Puis la célèbre « Symphonie n° 13″ du compositeur Chostakovitch.

Evgueni Evtouchenko

« Sur Babi Yar, pas de monument. (…)
J’ai aujourd’hui le même âge
que le peuple juif.

Il me semble là – que je suis juif.
Me voici errant dans l’ancienne Égypte,
Là agonisant, sur cette croix,
Dont, jusqu’à ce jour, je porte les stigmates.
Il me semble
que Dreyfus, c’est moi. (…)

Il me semble – que je suis Anne Frank. (…)

Je n’ai pas une goutte de sang juif.
Mais, détesté d’une haine endurcie,
je suis juif pour tout antisémite.
(…) »

(E. Evtouchenko)

Aujourd’hui, 80 ans plus tard, seule la sculpture d’un chandelier à 7 branches indique le lieu du crime. Et l’Histoire, qui assiste au retour de l’antisémitisme, attend toujours un monument, un mémorial.

Lundi 21 juin 2021, profitant du passage à Paris du président de la communauté juive d’Ukraine Vadim Rabinovitch, et à l’approche du 80ème anniversaire de cette tragédie, le Sénat organise une rencontre pour préserver et faire connaître la mémoire du massacre de Babi Yar.

© Marek Halter

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2 Comments

  1. Il est assez surprenant de voir Monsieur Rabinovitch se présenter à Paris comme le président de la communauté juive d’Ukraine. Ce n’est pas le cas. Il est seulement à la tête d’une association parmi 250 autres qui sont regroupées au sein du conseil représentatif des Juifs d’Ukraine. J’ai sous les yeux une lettre de Jossef Zissels, vice président de la communauté juive d’Ukraine, qui proteste de cette usurpation et je me ferai un plaisir de vous l’envoyer si vous voulez faire les vérifications nécessaires.

  2. Quand on se rappelle que le Mufti de Jérusalem, leader spirituel des Palestiniens arabes sous le mandat britanniques, était un allié proche de Hitler, présent en Allemagne lors du massacre de Babi-Yar, et quand on se rappelle que c’est lui qui a demandé à la Ligue Arabe de refuser, le 29 novembre 1947, le partage de la Palestine décrété par l’Assemblée Générale des Nations Unies et d’empêcher par les armes la création de l’Etat d’Israël décidée par la population juive du pays, on peut se demander par quelle logique les sympathisants des Arabo-Palestiniens justifient envers et contre tout leur indéfectible soutien à ces derniers.
    Par antisémitisme ?
    Par idéologie communiste ou trotskiste ?
    Par les deux à la fois ?
    Par la haine de soi, en ce qui concerne certains « alter-Juifs » ?
    Quoi qu’il en soit, on ne peut qu’admirer ces israéliens qui doivent se défendre contre tant de gens malveillants, tout en pensant avec un immense chagrin aux 33.771 victimes de la Shoah par balles à Babi-Yar.

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