« La maîtresse de Charles Baudelaire », de Michaël Prazan, réédité pour le bicentenaire de la naissance de Baudelaire

A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Baudelaire, les Editions Plon rééditent « La maîtresse de Charles Baudelaire », Le roman publié en 2007 par Michaël Prazan. Il sera de nouveau en librairie cette semaine.

« La maîtresse de Charles Baudelaire »

Dans le Paris du XIXe siècle, des salons littéraires au hasard de ruelles mal famées, les artistes rêvent de paradis artificiels. Baudelaire, lui, construit son mythe.
Mais dans son quotidien miné par la pauvreté et la syphilis comme dans son envol vers la gloire littéraire, Charles n’est jamais seul. Une femme partage sa misère et ses excès, supporte sa jalousie et ses infidélités, endure sa folie et sa maladie.

Qui était Jeanne Duval, la mystérieuse «Vénus noire» ? La «mulâtresse» qui a inspiré la majeure partie des Fleurs du mal ? Méprisée par ses contemporains, chargée de tous les maux par la critique littéraire, oubliée enfin, elle demeure une énigme.

Ce récit lui restitue sa place dans la vie et dans l’oeuvre du poète maudit. Documenté mais romanesque, tour à tour drôle et tragique, La Maîtresse de Charles Baudelaire raconte vingt ans d’une relation passionnelle et destructrice.

Michaël Prazan, titulaire d’un doctorat de langue française, est journaliste et écrivain. Après avoir réalisé plusieurs documentaires et publié de nombreux essais (dont le dernier. Roger Garaudy : itinéraire d’une négation, paru en février 2007 chez Calmann-Lévy). il nous livre ici son premier roman.

Extrait


Cette nuit-là, ils ne firent pas l’amour. Ils se noyèrent de caresses brûlantes et se racontèrent leurs vies jusqu’à l’aube. Baudelaire, qui avait connu l’amour dans les bordels et qui n’hésitait pas à ramener chez lui une fille rencontrée sur le trottoir, scandalisant ainsi son voisinage, éprouvait pour Jeanne une affection sincère et un espoir de pureté qu’il ne voulut pas briser le soir de leur ren­contre. Le désir qu’il avait d’elle était ardent, mais il décida de le contenir pour qu’il le fût encore davantage. Il lui raconta sa passion pour Sarah, dite Louchette, une petite prostituée juive dont il s’était amouraché et qui avait provoqué les foudres de son sévère beau-père. Afin de punir sa conduite débauchée, le militaire l’avait envoyé en exil, d’où son voyage au bout du monde. Il parla de son frère, Alphonse, qu’il détestait pour avoir été délaissé par lui ; de ce père adoré qui était mort quand il avait six ans, un piètre peintre qui le traînait dans les musées et lui communiqua le goût du beau et de la meilleure peinture. Jeanne, de son côté, avait grandi aux Antilles où, jusqu’à l’âge de douze ans, elle avait vécu dans sa famille. Fruit d’une union illégitime entre un riche exploitant du nom d’Hector Duval et une métisse, Thérèse Prosper, elle put jouir de l’affection de ses parents et d’une solide éducation. Dès son plus jeune âge, on lui dispensa des cours de danse et de solfège. Puis les choses s’étaient gâtées après que son père, bien plus âgé que sa mère, fut emporté par la phtisie. Jeanne et sa mère, totalement démunies, ne reçurent pas un sol en héritage. L’année suivante, Thérèse Prosper rencontrait un appareilleur nan­tais qui les fit venir en France. Jeanne fut envoyée dans un pensionnat pour jeunes filles. Mais sa mère, qui ne supportait pas le climat breton, tomba gravement malade et mourut alors que Jeanne venait d’avoir quatorze ans. Dès lors, le Nantais cessa de payer la pension, et Jeanne se retrouva à la rue, sans ressources ni famille. Après une année passée seule à Nantes, et sur laquelle elle ne souhaitait pas s’attarder, elle se rendit à Paris pour tenter sa chance en tant que comédienne. Elle fréquenta le milieu des artistes dont elle devint familière, vivant dans la plus misérable des conditions.

Michael Prazan, écrivain et réalisateur, est l’auteur de La maîtresse de Charles Baudelaire. Plon.

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1 Comment

  1. « La femme est l’être qui projette la plus grande ombre ou la plus grande lumière dans nos rêves. »
    Charles Baudelaire (Les paradis Artificiels(

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