Dans sa rubrique étymologique (Magazine de Haarets), Eilon Guilad rapporte cette semaine l’histoire du mot « Atsmaouth », sur le modèle de « l’Independence Day« , alors qu’il n’existait pas de terme équivalent en hébreu.
Ben Gourion, dit-il, aurait souhaité « komemiyouth », Yom Hakomemiouth, en référence à Lévitique 26, 13: « Je suis L’Eternel votre Dieu, je vous ai fait sortir de la terre d’Egypte pour que vous ne soyez plus leurs serfs. Je brise les entraves de votre joug. Je vous fais aller « komemiyouth » – que Chouraqui traduit: « altièrement ».
Mais, comme le fit remarquer Abraham Elmaleh, Député de la première Knesset et linguiste de surcroît (d’aucuns se souviennent de son dictionnaire hébreu-français et français hébreu), « komemiyouth » est un adverbe et on ne peut, screugneugneu et foi de linguiste, faire d’un adverbe un substantif.
Il y eut d’autres propositions, dont celle d’Eliézer Ben-Yehouda, « l’inventeur » de l’hébreu moderne, mais son « badad » ne fut pas retenu. Pas même par son fils Ithamar, qui dans son journal, « La Dépêche du Jour » du 19 juillet 1920, introduit l’adjectif « atsmaï » en rendant compte d’un discours prononcé par Lord Balfour.
Et que dit Lord Balfour en cette seconde quinzaine de juillet 1920? Evoquant la fin de l’Empire ottoman, il déclara: « S’il existe un roi du Hejaz, s’il existe un émir à Damas, s’il existe un pays indépendant à Aram-Naharaïm, c’est à l’Angleterre que tous les Arabes le doivent »!
Deux ans plus tard, les Arabes devront encore à l’Angleterre l’Emirat de Transjordanie…
Et quelques années après, ils leur devront l’Irak.
Alors quand on entend vitupérer les leaders arabes et palestiniens contre l’Etat d’Israël qu’ils accusent d’être une création coloniale, je trouve ça égayant!
Le seul rapport de l’Etat d’Israël avec les puissances colonialistes fut l’accord de MM. Sikes & Picot, représentant l’Angleterre et la France, qui allait amputer l’Etat juif de ses terres historiques à l’est du Jourdain.
J.G.
Rabbin, écrivain, journaliste, Jacquot Grunewald, reprenant en 1965 la direction du Bulletin de nos communautés d’Alsace et de Lorraine, en fit l’hebdomadaire d’informations Tribune juive, qu’il dirigera 25 ans durant, jusqu’en 1992. Jacquot vit en Israël depuis 1985.
Un grand journaliste
קוממיות , “komemiyouth”, évoque les notions de « droit, fier, débout ».
עצמאות , « Atsmaouth », évoque la notion de « soi » ; ou « soi-même » ; donc « indépendant d’autrui ».
C’est le second terme qui a été retenu en Israël. C’est probablement dû au terme « indépendance » utilisé par les américains (largement diffusé par Hollywood) pour leur séparation de l’empire britannique.