Benjamin Puech. Ilan Halimi, Sarah Halimi, Mireille Knoll.. Alexandre Arcady dénonce la virulence de l’antisémitisme en France sur Arte

Ilan Halimi, Sarah Halimi, Mireille Knoll.. Alexandre Arcady dénonce la virulence de l’antisémitisme en France sur Arte
Le cinéaste rend hommage aux juifs français assassinés depuis 2006: Ilan Halimi (dont l’enterrement, à droite, avait réuni des centaines de personnes en 2006), Jonathan Sandler et ses enfants Gabriel et Arié, Myriam Monsonego, Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada, Yohav Hattab, Sarah Halimi, Mireille Knoll. Tenani Serge/Avenir Pictures/ABACA / Tenani Serge / AFP / TIZIANA FABI / AFP / JACK GUEZ / AFP

Dans sa «Carte Blanche» diffusée samedi 17 avril à 23h40 et disponible sur Arte.tv, le réalisateur convie Manuel Valls, Tahar Ben Jelloun ou encore le grand rabbin de France Haïm Korsia pour rappeler les dangers qu’a fait et continue de faire peser l’islamisme radical sur la communauté juive.

Dix tombes blanches parmi des centaines, accrochées au flanc d’une colline de Jérusalem, dans le cimetière de Givat Shaul. Dix Français de confession juive, victimes de l’islamisme radical, d’Ilan Halimi en 2006 à Mireille Knoll en 2018 en passant par les morts de l’Hyper Casher en 2015. Ces sépultures, Alexandre Arcady, qui était membre de la délégation présidentielle pour le 75 ème anniversaire de la libération d’Auschwitz, les contemple un jour de janvier 2020. «J’ai vécu un choc émotionnel», confie-t-il. Qui donnera lieu à un film d’une demi-heure, format des «Carte blanche» d’Arte, diffusé le 17 avril et disponible sur Arte.tv.

Le réalisateur de 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi, interroge: qu’a-t-il bien pu se passer en France pour que l’antisémitisme recommence à tuer? «Pendant longtemps, nous n’avions pas encore les mots, nous ne savions pas dire que le nouveau mal qui s’attaque aux juifs s’appelle islamisme radical», répond dans le magazine Joël Mergui, président du Consistoire central. Anne Hidalgo, Manuel Valls,  Tahar Ben Jelloun et Haïm Korsia témoignent à leur tour, dans un montage un peu saccadé. La maire de Paris raconte comment, bouleversée, elle s’est «mise à la place de la maman» d’Ilan Halimi. Face à ces personnalités, dans cette salle aux allures de tribunal sise dans le Centre européen du judaïsme, se tient  Richard Berry. Il déclame la plaidoirie de Muriel Ouaknine-Melki prononcée lors du procès des attentats de janvier 2015.

Les os du visage brisés

La folie islamiste a commencé à s’abattre en France en mars 2012, lorsque Mohamed Merah tue sept personnes à Toulouse dont, devant une école juive, trois enfants et un professeur. Dans la marche organisée au Trocadéro dans la foulée, « il n’y avait que des juifs» se souvient Haïm Korsia. «Longtemps on a pensé que les attaques de juifs concernaient seulement les juifs, confirme Manuel Valls, la prise de conscience du terrorisme a été longue à venir. » Il a fallu que plus de cent vingt personnes meurent au Bataclan. « Si on s’était réveillé dès les années 2000on aurait peut-être eu une chance d’éviter que des enfants deviennent des assassins dix ans plus tard« , regrette Joël Mergui. Et maintenant? Tahar Ben Jelloun plaide pour que des «intellectuels courageux» prennent la parole et portent haut des messages de tolérance.

Cette nécessaire «Carte blanche» s’intitule Sarah et les autres. Pour Sarah Halimi. En 2017, Kobili Traoré brise tous les os du visage de cette retraitée avant de la défenestrer et de se réjouir en arabe d’avoir tué «le démon». Sauf que le meurtrier est, la Cour de cassation l’a confirmé le mercredi 14 avril, considéré comme irresponsable pénalement pour cause de bouffée délirante liée à une consommation de cannabis. Au téléphone, Alexandre Arcady contient mal son amertume: «Un procès aurait éclairé les zones d’ombre: qu’avait entendu le tueur durant le prêche salafiste, la veille du meurtre? Pourquoi la juge d’instruction a refusé la reconstitution de la scène? Pourquoi n’a-t-on pas communiqué le compte rendu des conversations entre le tueur et les policiers?» Les forces de l’ordre étaient une vingtaine dans l’immeuble et sont intervenues trop tard. «J’ai un sentiment de honte: c’est un sauf-conduit donné aux futurs assassins», tonne le réalisateur.

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