Les Assises du judaïsme français ont eu lieu à Bordeaux en novembre 2019, juste avant la fin du Monde d’Avant : regardez-nous tous serrés sans masque pour la photo finale !
Nous devons cette magnifique initiative au Président du Consistoire du Sud-Ouest Erick Aouizerate, à son équipe et à Emmanuel Bloch, chercheur en philosophie juive.
L’ACIG (Association Cultuelle Israelite de Gironde) a publié un document intitulé « les Actes » résumant les débats des différents ateliers :
https://www.desinfos.com/spip.php? article77476
Formation des rabbins,
Jeunesse et éducation,
Place des femmes au sein du judaïsme consistorial français
Conversions,
Accueil de la différence et enjeux sociétaux,
Orthodoxie en débat
Et a organisé un premier grand débat passionnant en zoom auquel ont assisté une centaine de personnes sur le thème « Être femme dans le judaïsme orthodoxe » avec Hanna Ruimy et le Rabbin Michael Azoulay, dans le prolongement de l’atelier sur les femmes.
On a beaucoup ri à ces Assises:
Qui a dit ?
– Je n’ai pas ri !
– Mais si tu as ri !
Un vénérable Rabbin bordelais réprimant un participant insolent ?
Non, Sarah et Hashem dans la Paracha de la semaine Vayera 18-15.
A ma connaissance, personne n’a été déçu ou fâché, à part ceux qui ne sont pas venus.
Ces Assises ont été organisées dans le cadre du Consistoire, qui regroupe en gros les synagogues ni libérales ni Loubavitch.
Alors les débats tournaient autour de : Que peut-on faire, en restant dans le cadre de la halakha (lois juives) pour que les Juifs puissent avancer (halakha a pour racine halakh «cheminer ») sur le chemin de la Torah (qui rappelons-le n’est pas dans le ciel) et qu’ils ne partent pas
– à JEM (Copernic / MJLF) : pour la Bat Mitsva de leur fille,
– chez les Loubavitch : pour les écoles,
– rue Pavée : pour se convertir,
– en Israël : pour obtenir le guett
Les débats étaient animés voire passionnés mais JAMAIS agressifs ou haineux
Parce que les organisateurs étaient très diplomates,
Parce que les opposants les plus acharnés étaient souvent de vieux amis,
Parce que le Bordeaux adoucit les mœurs,
Parce que les participants partageaient l’Hakhavat Israël, l’amour de tous les Juifs, et ne reprochaient à personne d’être « trop religieux » ou « pas assez religieux »;
Parce qu’on appelle Loulav le bouquet de 4 plantes, symbolisant toutes les sortes de Juifs, de la fête de Souccot, du nom de celle des 4 plantes qui n’a ni goût ni parfum et symbolise le Juif qui n’étudie ni ne pratique. (1)
Et c’est ainsi qu’un responsable du Consistoire, des Juifs fréquentant une synagogue libérale, une rabbine orthodoxe de Jérusalem enceinte et le président du groupe juif français LGBT ont réfléchi ensemble, à coup de propositions audacieuses et de compromis prudents, sur ce que permet la Halakha et sur ce qu’elle ne permet pas…et parfois elle permet plus que ce qu’on croit, car on confond parfois halakha (2) et habitude.
Nous disons « BÉNI SOIS-TU D.IEU… QUI NOUS A DONNÉ SA TORAH, UNE TORAH DE VÉRITÉ, ET QUI A ANCRÉ EN NOUS UNE VIE ÉTERNELLE » :
d’après un commentaire cité lors du grand débat, « Torah de vérité » c’est la Torah écrite immuable, et « vie éternelle » c’est la Torah orale, l’interprétation qui s’adapte au lieu et à l’époque (c’est pourquoi elle ne devait pas être figée par écrit).
Par exemple, aucun rabbin ne demande de suivre l’avis de Maimonide selon lequel « le mari doit en empêcher sa femme et ne la laisser sortir qu’une ou deux fois par mois, en cas de besoin » (3) car cet avis s’explique par le fait que Maimonide vivait en pays musulman.
Les exemples suivants ont été validés par des gens très calés dont Mme Hanna Ruimy, lauréate pour la France du concours biblique adultes 2019 de l’Organisation Sioniste Mondiale:
– Hommes et femmes peuvent prier à gauche et à droite d’une mékhitsa, cloison plus ou moins opaque entre hommes et femmes, destinée à l’origine à éviter toute frivolité au Temple au moment le plus joyeux de Souccot et qui sert aujourd’hui à empêcher les garçons de mater les filles pendant la prière.
Mais aucune loi n’impose que la Ezrat Nashim, l’espace pour les femmes dans les synagogues, soit en hauteur ou à l’arrière, poussant des femmes à bavarder parce qu’elles ne voient pas le rabbin et n’entendent pas les prières !
– les femmes peuvent embrasser le Sefer Torah et danser entre elles avec un Sefer Torah dans une salle dédiée;
– Une femme peut être administratrice de synagogues et de Consistoires ou aumônier d’hôpital, de prison et d’armée;
– le Minyan indispensable pour certaines prières est obligatoirement une assemblée de minimum 10 hommes juifs de plus de 13 ans, mais aucune loi n’interdit d’attendre aussi l’arrivée de 10 femmes de plus de 12 ans …
– Une femme endeuillée peut dire le kaddish des orphelins depuis la ezrat nashim avec un minyan ;
– Un homosexuel est un Juif comme les autres et ses enfants peuvent aller au Talmud Torah;
– Une femme peut prendre la parole sur la Tevah, l’estrade où on lit la Torah et dirige la prière, y compris pour la Drasha (sermon) de Chabat, une fille peut dire un dvar Torah (discours à thème religieux) à la synagogue pour sa Bat Mitsva;
Certains ont dit : « C’est déjà le cas dans ma synagogue orthodoxe et ça ne dérange personne », d’autres : «C’est pas près d’arriver dans ma synagogue orthodoxe », et d’autres :« Ca a fait scandale la première fois et maintenant tout le monde trouve ça normal »
Quelques exemples parmi les centaines de questions évoquées dans les ateliers « Jeunesse et Education » et « Statut des femmes » :
-Faut-il former et rémunérer les femmes de rabbins ? Les préparatrices au mariage religieux ? Les jeunes cadres communautaires ?
-Est-il vrai que les E.I. (4) et non les reptiliens dirigent le monde?
-Combien de femmes attendent leur guett depuis plus d’un an ? plus de deux ans? Plus de 10 ans ? (sachant que le point de départ officiel est le divorce civil) mais ces chiffres sont plus confidentiels que les secrets de la Kabale !
Le guett est un sujet passionnant, brûlant et répulsif car à cause de son immobilisme en France nombre de femmes juives ne veulent rien savoir de « cette religion de machos réac».
NON, on ne peut pas supprimer le guett, ou bien on crée une autre religion.
OUI, la halakha peut évoluer : Rabbénou Guershom qui a imposé aux maris de donner le guett avant de pouvoir se remarier, n’était pas un rabbin modern-orthodox new-yorkais mais un décisionnaire ashkénaze de Mayence (960-1040)
A mon humble avis qui n’engage que moi, le guett en France est un serpent qui se mord la queue depuis plus de 100 ans:
-Pourquoi le tribunal civil demande-t-il un divorce civil préalable avant de condamner le mari récalcitrant à des dommages et intérêts ?
-Parce que le Consistoire a écrit ne s’occuper du guett qu’après un divorce civil préalable (5)
Je suis sure qu’on peut trouver quelque chose dans l’article 233 du code civil
modifié par la loi du 23 mars 2019 pour résoudre le problème hérité du décret napoléonien du 17 mars 1808 (6)… mais je m’égare
Merci Bordeaux pour votre accueil chaleureux et généreux !
Merci d’organiser des débats sur ces thèmes !
Merci d’essayer de faire avancer les choses !
Me Joëlle Galimidi
(1) Divréi Torah des rabbins Amsellem et Bitya Rozen Goldberg, cours de Noémie Benchimol du chabat 9 novembre devant un public mixte de 40 personnes dont des rabbins orthodoxes
(2) on peut vérifier soi-même les sources sur le site https://www.sefaria.org qui permet de lire en un clic gratuit le Talmud, Rachi avec ou sans voyelles, le Guide des Égarés de Maïmonide, en hébreu, en anglais et prochainement en français sur vos écrans.
(3) https://www.chabad.org/library/article_cdo/aid/952887/jewish/Ishut-Chapter-Thirteen.htm
(4) E.I : Éclaireurs israélites : une grande partie des responsables communautaires juifs en sont issus (les E.I. dirigent les Juifs qui dirigent le monde, selon ceux dont le Protocole des Sages de Sion est le livre de chevet)
(5) Un mythe est un univers tautologique clos sur son arène qui ne cherche à vérifier que des présupposés – je ne croyais pas que j’arriverai à la placer un jour celle-là !
(6) http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/DocJuifs_decret_mars1808.asp
© Joëlle Galimidi
Me Joëlle Galimidi, avocate depuis 33 ans, est Associée du Cabinet d’avocats HM GALIMIDI, Avocats à Paris. Impliquée dans des associations juives (Hilel Campus), sensibilisée par la professeure Liliane Vana au problème des femmes en attente de Guett , Me Joëlle Galimidi participe à des ateliers et conférences sur le Guett (l’ECUJE, Adath Chalom, Graines de Psaumes, Assises du judaïsme du Consistoire de Bordeaux de novembre 2019) et écrit des articles sur le Guett.
Merci à desinfos.com et à L’ACIG (Association Cultuelle Israelite de Gironde) auxquels nous empruntons le document intitulé « les Actes » qui résume les débats des différents ateliers
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