Neuf ans.
Neuf ans depuis ce parcours d’assassinats tellement froid, calculé, programmé et déterminé que les mots les plus forts de la langue française, comme sans doute de n’importe quelle langue n’arrive pas à en restituer l’abjection.
Il y a neuf ans était posé l’acte fondateur de la vague d’attentats que nous connaissons depuis et qui a créé un climat de guerre.
Certes pas une franche guerre civile avec des camps bien définis qui se font formellement face.
Mais une guerre présente dans nos esprits et nos âmes, qui mobilise une grande partie de notre énergie physique et psychologique pour simplement survivre et ne pas se laisser envahir par la terreur.
Cette guerre revêt aussi un aspect inattendu.
Il se trouve ainsi des courants de pensée, partis, universitaires, et autres qui poussent au-delà de toute limite concevable, une culture de l’excuse et font des auteurs des victimes. De quoi exactement ? D’une pseudo-phobie dont serait victime l’une des trois religions monothéistes ce qui, sinon légitimerait à tout le moins excuserait les auteurs.
Certes quand les attentats sont perpétrés avec leurs lots de victimes, ils sont unanimement condamnés. Toute culture de l’excuse jusqu’à quelques jours après les tueries serait trop voyante. Nous sommes tous anti-islamistes pendant et peu de temps après celles-ci.
Mais le plus éloquent est ce qu’il se passe entre deux attentats. Ceux qui crient le plus fort, ceux que nous ne pouvons pas ne pas entendre sont ceux qui confèrent une posture de victimes aux adeptes de l’idéologie mortifère.
Durant les attentats, les victimes de terrorisme sont reconnues dans l’horreur qu’elles endurent.
Mais entre ceux-ci, nous faisons face à une inversion victimaire.
Celle-ci entraîne un état de fait surprenant : ce sont les tenants de la fermeté de la République qui doivent être protégés face au climat de terreur instauré par non seulement les adeptes de l’idéologie qui sous-tend ce climat, mais également les « compréhensifs », les « compassionnels »…
Qu’elle émane de médias, partis et autres associations proches du camp des victimes autoproclamés ne surprend guère.
C’est dans l’air du temps. Le temps de l’inversion victimaire.
Quelle consternation malgré tout quand par exemple, le présentateur d’une émission, parait-il regardée, condamne la publication des caricatures par Charlie Hebdo, peu de temps avant le procès de la tuerie qui en décimé la rédaction. Ils auraient mis « de l’huile sur le feu ».
C’est dans l’air du temps. Le temps de l’inversion victimaire.
Mais est-ce vraiment étonnant quand ce même présentateur, décidément très en verve, a expliqué qu’une jeune fille harcelée pour avoir exprimé de manière incisive son athéisme, devait « se faire toute petite. »
C’est dans l’air du temps. Le temps de l’inversion victimaire.
Cette même jeune fille qui a vu son compte twitter supprimé hier. On parle bien de twitter, le réseau social où peut régner une violence inouïe dans les échange, qui a sanctionné la destinataire du harcèlement.
C’est dans l’air du temps. Le temps de l’inversion victimaire.
Deux enseignants tiennent des propos critiques dans leur école vis-à-vis d’une religion ? Qu’à cela ne tienne, leurs noms sont livrés en pâture. Ils sont devenus des cibles. Leurs collègues ? Du côté des délateurs !!!
C’est dans l’air du temps. Le temps de l’inversion victimaire.
Et c’est une litote de dire que les exemples ne manquent pas. Il est impossible de les citer tous.
C’est dans l’air du temps le temps de l’inversion victimaire.
Face à cela, quand tout semble perdu, il ne reste plus que l’espoir.
Impossible de dire quand ou comment, mais la vérité surgira, et nos descendants jugeront. Il n’est pas certain que la magnanimité prédominera.
Le temps de l’inversion victimaire aura une fin.
Toutes nos pensées et notre recueillement aujourd’hui pour le Caporal-chef Abel Chennouf, Katia Chennouf, Albert Chennouf-Meyer Sabrina Chennouf, Tony, Caroline, Anne-Véro Mendo
© Frédéric Picard
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