480 pages de pur bonheur! Patrice Jean nous donne un roman d’une rare beauté et d’une infinie intelligence. Toute son œuvre m’a toujours été source de joie mais dans ce texte, il est au plus haut de son talent.
Les dix années de formation de « notre héros », ainsi que l’auteur se plaît à appeler Cyrille, sont narrées en une impeccable écriture classique.
Du titre balzacien (« La Recherche de l’absolu ») aux références continues à Stendhal, le texte se conforme à la grande tradition du roman d’apprentissage du XIXème siècle et « notre héros » devient le Fabrice Del Dongo de notre époque…
Mais, la mise en rapport de ces clins d’oeil littéraires se heurte aux clichés et stéréotypes insupportables du monde contemporain et ce carambolage est d’une irrésistible drôlerie.
L’idéal naïf de Cyrille percute avec une violence inouïe la réalité de la société de consommation avec ses snobismes, son arrogance et ses codes grotesques.
Entre Phillip Murray et Michel Houellebecq pour le désenchantement, entre Flaubert et Maupassant pour le style, Patrice Jean accède, avec ce roman, au statut envié d’un des meilleurs moralistes du temps. Son ironie mordante, son regard perçant, me ravissent, d’autant plus qu’ils sont tempérés mais non attiédis par une profonde tendresse.
Une œuvre qui ne peut que séduire les « mé-contemporains » que nous sommes…
« Être haï de son époque est le deuxième devoir de l’écrivain » (page 465)
Je mesure toute ma chance d’avoir pu, grâce à ma grande amie Natalie Vigne, recevoir ce très grand écrivain à un de mes dîners littéraires…en des temps qui nous semblent si anciens! C’était l’an passé…
Et, selon la formule désormais consacrée, bonne lecture !
La Poursuite de l’idéal. Patrice Jean. Collection Blanche, Gallimard. Parution 21-01-2021.
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