Charles Meyer. Ce nouveau totalitarisme de pensée

Après Twitter et Facebook, voici donc FORBES qui menace et pas qu’à moitié: [«Que ce soit clair pour les entreprises : Embauchez un de ces fabulistes cités plus haut, et Forbes considérera que tout ce que votre entreprise relaiera est un mensonge. Nous allons scruter, vérifier et revérifier, investiguer avec le même scepticisme que lorsque nous lisons un tweet de Trump. Vous voulez vous assurer que le plus puissant magazine économique du monde vous considère comme une potentielle source de désinformation ? Embauchez ces personnes.»]

Il faut le dire avec netteté : cette espèce de délire qui se répand aux États-Unis comme en Europe porte clairement les germes de la violence. C’est dans ce climat que les Américains évoluent depuis quatre ans et c’est très certainement ce qui a contribué pour une large part aux débordements dramatiques de Washington.

Il faut être animé d’une profonde bêtise ou d’une malhonnêteté intellectuelle en acier trempé pour ne pas voir le problème. FORBES, en se servant de tout son poids et de son influence pour menacer directement toute entreprise qui emploierait d’anciens collaborateurs de Donald Trump, affiche haut les couleurs de cette répugnance qui prétend – le comble – lutter pour la Démocratie: Vous avez travaillé avec la bête immonde ? Nous nous occuperons d’anéantir votre vie sociale. Vous ne nous avez pas demandé notre avis ? Peu importe, nous nous assurerons de piétiner correctement votre vote, du haut de notre fric et de sa toute puissance.

Il faut bien avoir conscience de la violence que génère immanquablement ce type de menaces, tant il est évident qu’elle est perçue bien au-delà des seuls partisans de Trump.

Il faut comprendre à quel point ce nouveau totalitarisme de pensée est beaucoup plus dangereux que des tweets en lettres majuscules d’un président- spectacle.

D’autant qu’à n’en pas douter, le deux poids deux mesures fera le reste. Il n’aura échappé à personne que tout ce cirque sur lequel danse depuis quelques jours le camp du BIEN ne s’était en aucune façon déclenché lorsque des élus démocrates ou autres personnalités avaient par exemple appelé à d’autres manifestations à l’issue tout aussi dramatique.

Là, par contre, nous n’avons pas observé ces gens s’agiter pour réclamer la tête des comptes de réseaux sociaux plausiblement incriminés et hurler à la dénonciation des appels à la violence en quémandant des procès et des mises au banc.

Il suffirait donc d’être le contraire de Trump pour être respectable dans ce logiciel de pensée.

L’inaptitude à la liberté est souvent le fruit d’une forme aggravée d’esbroufe de l’individualisme. Là où il semble important de rappeler que « la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres », on oublie trop souvent de s’empresser de rappeler que lorsqu’on touche à la liberté des uns, on touche aussi à celle des autres. Ce que beaucoup hélas ne comprennent pas.

Parmi ces libertés, celle d’exprimer une idée, aussi farfelue soit-elle. Comment par exemple a-t-on pu en arriver à faire admettre a échelle industrielle qu’il faut interdire le mensonge ? Mentir est un droit, un droit essentiel, fondamental. Interdire le mensonge, cela revient à interdire la démocratie en substituant un discours officiel à la parole de chacun.

Le mensonge et la vérité, ce sont dans le débat des ingrédients du rapport de force. La liberté n’a que faire de la « vérité », parce que la liberté est une puissance ou une expression de la volonté de celui qui l’exerce.

Ainsi donc, après Twitter et Facebook, c’est FORBES qui menace ouvertement les libertés. Et ensuite ? Amazon? Votre Carrefour Market de quartier ?

Se pencher sur les événements du Capitole et le compte Twitter de Donald Trump pour repenser nos libertés, c’est faire d’un accident très prévisible de la démocratie une règle. Les démocraties sont fragiles et solides en même temps. Elles vivent. Elles déambulent ( comme le dirait Anne Hidalgo). Comme un gosse tombé par terre qui se relève, on ne lui interdit pas de marcher.

© Charles Meyer

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1 Comment

  1. Le plus ubuesque c’est que ce sont le New York Times et le Washington post, donc le camp démocrate, qui battent tous les records de désinformation. USA = Corée du nord.

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