Le Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme, le BNVCA, exprime toute sa gratitude à April Benayoum. Grâce à cette jeune femme qui a prononcé le simple mot « israélien », et en un instant, la France entière a pu prendre conscience de l’ampleur et de la violence de l’antisémitisme qui règne dans les quartiers, dans les réseaux sociaux, dans les campagnes, dans les villes, bref en France.
Des faits que nous dénonçons depuis des années mais qui ne franchissaient pas le mur du regard compatissant. Même Finkielkraut insulté n’était pas parvenu à ce niveau. Il est vrai qu’il n’y a pas de comparaison entre l’Académie française et le Concours Miss France. Or les deux sont la France.
L’élection de Miss France a vu le couronnement de Miss Normandie, en qui la grâce et la beauté se rencontrent. Félicitations Miss Normandie !
Lorsque Miss Provence se présente, elle déclare que sa mère est croate et son père italo-israélien Aussitôt surgit le problème : Israël, le mot hanté par des années de propagande mensongère sur l’Etat juif « état génocidaire, d’apartheid, colonialiste » et autres contre-vérités rencontrant un vrai succès, conformément à la formule de Goebbels, ce joyeux nazi, « plus le mensonge est gros, plus il passe ».
Donc, au moment où le mot « israélien » est prononcé, une plateforme, qui comptabilise les messages, enregistre un pic. En quelques minutes, 40 000 messages seront balancés sur les réseaux sociaux. De « tonton Hitler aurait dû exterminer Miss Provence » à « Elle ne sait pas qu’Israël n’existe pas, c’est la Palestine », nous avons tous les niveaux de l’abjection.
Une sorte de compilation des poncifs de la haine antisioniste et antisémite, une démonstration en live qu’il s’agit bien des deux faces de la même haine, déferle sous les yeux hagards de la France encore éblouie par le spectacle de tant de beautés.
La dernière élection de Miss France
Au pays des Droits de l’homme, où certains voient dans l’élection de Miss France une réminiscence d’une France machiste et dépassée, la désignation à la vindicte populaire d’une candidate risque de signer la fin de l’élection Miss France. April Benayoum n’était plus une jeune femme française à la beauté tombée du ciel, mais une « sioniste » avec tous les attributs accolés à ce qualificatif.
Le racisme et l’antisémitisme s’affichent sur tous les réseaux sociaux : stigmatisation, rejet et le pire devient possible. Miss Provence a fait l’objet d’un déferlement de haine, parce qu’il semble bien que nous soyons déjà entrés dans la France racialiste. Où chacun est déterminé biologiquement ou sexuellement avec un point de paroxysme : les juifs encore appelés « sionistes », associés à l’argent, à Israël et à toutes les contre-vérités d’une propagande haineuse omniprésente, des réseaux sociaux aux manifestations autorisées des BDS.
Le citoyen disparaît, remplacé par des étiquettes dont la pire – au-delà de la haine du blanc, du policier, de la France laïque et démocratique – est celle de « juif », qui devient l’épitaphe du citoyen français. De même que l’intervention de la police a finalement lors de la dernière manifestation, pu éviter que les casseurs ne saccagent une nouvelle fois Paris, grâce à un mouvement audacieux et déterminé, de même, face à cette violence, il faut répondre sans faiblir.
Derrière les écrans, les racines du mal
Cachés derrière leurs écrans, les minables qui parlent de « Tonton Hitler » sont le fruit d’années de laisser-faire, de complaisance et de déni. Après la période où chaque juif bénéficiait naturellement de la protection due au cataclysme de la Shoah, après 1967 et les dégâts du « peuple arrogant, dominateur et sûr de lui », il y eut l’Intifada au début des années 2000 avec selon la formule consacrée « l’importation du conflit ».
N’avons-nous pas entendu dans les rues de Paris « la France est à nous » par des quasis illettrés avec keffieh hurlant leur haine à un Immortel ou « Egorgez les juifs » en arabe, sous protection policière et avec autorisation préfectorale.
Pourtant cela ne changea rien : émotion, rassemblement, discours, tweet, BDS car on ne peut passer sous silence ceux dont le fonds de commerce est la haine d’Israël et donc des juifs, continuent.
La semaine dernière un affichage à Toulouse présentait une affiche sanglante avec le logo Puma, sponsor de l’équipe israélienne de foot, et la phrase « Puma sponsor officiel du colonisateur israélien » .
Vingt ans de propagande mensongère tendant à délégitimer l’Etat d’Israël, le seul Etat juif, laissent des traces, surtout sur des esprits qui selon l’expression ont pour « code culturel » le rejet de tout ce qui est apparenté juif ou israélien. Les tergiversations autour de la définition de l’antisémitisme, qui, à ce jour en France, n’inclut toujours pas l’antisionisme également.
Bien sûr le BNVCA a immédiatement déposé plainte Bien sûr fort de son observatoire contre la haine en ligne et avec l’aide de BTA nous identifierons les antisémites anonymes et Bien sûr nous avons alerté les autorités qui ont réagi. Bien sûr comme d’habitude nous ne lâcherons rien.
A quand la fin de l’anonymat sur les réseaux sociaux
Il n’est pas de jour, sans qu’une nouvelle personnalité ne fasse l’objet de menaces de mort, hier Elisabeth Lévy sans parler des menaces de mort à l’encontre du Président Emmanuel Macron ou plus tôt, celles contre Nicolas Sarkozy, tous suspectés de « liens avec les juifs ».
La fin de l’anonymat sur les réseaux, quelles que soient les difficultés de mise en œuvre, ne doit plus attendre. Twitter, dont le siège se trouve à Los Angeles, ne doit-il pas avant que la justice n’intervienne, faire l’objet d’un retrait immédiat de ses utilisateurs et notamment de tous les politiques et journalistes ?
Quant aux Dieudonné et consorts pourvoyeurs de haine, même condamnés, ils continuent à diffuser leur venin et à se produire en public. Les délais de la justice se comptent en années, alors qu’un tweet ou un message ne prend que quelques secondes.
Nous attendons avec impatience les mesures annoncées de comparution immédiate.
J’ai moi-même été reçu en qualité de président du BNVCA par le Cabinet de la Ministre Marlène Schiappa dans le cadre de la loi sur le séparatisme pour lui donner notre point de vue avec Maître Baccouche
Et dans la vraie vie
Enfin, si les réseaux sociaux sont la partie visible de l’iceberg de l’antisémitisme, combien de personnes vivent aujourd’hui terrorisées dans leurs appartements, victimes de harcèlement, d’insultes et de menaces. Bien sûr, dans les quartiers dits sensibles, mais aussi ailleurs de Neuilly/Seine à de charmants petites villes de province, des personnes se débattent dans l’angoisse sans recours autre que d’attendre, entre des murs suintant la peur tandis que les harceleurs continuent à déambuler et à rire.
On ne peut que s’étonner, dans cette situation, que les institutions communautaires qui collectent en permanence n’aient pas prévu un fonds de secours dédié à ces personnes pour les aider à se reloger.
La pensée de Sarah Halimi ne doit-elle pas rester omniprésente et inciter non seulement à une vigilance extrême, mais aussi à prendre des mesures pour sortir ces personnes d’un environnement hostile ?
Pourquoi les enfants juifs ne peuvent-ils pas rester dans des écoles publiques dont les directeurs font le sinistre constat de ne pouvoir garantir leur sécurité ?
Pourquoi les auteurs de l’agression d’Aubervilliers ont-ils été relâchés, bien que deux des quatre interpellés soient en situation illégale ?
Quel est le suivi réel des fichés S, son efficacité ?
Quelle est l’intégration prévue pour tous ceux qui arrivent avec des cultures si différentes, lorsqu’elles ne sont pas en opposition avec notre mode de vie, que ce soit en ce qui concerne les femmes ou les juifs ?
A l’issue de procédures trop longues, le BNVCA souhaite que, désormais, les dommages et intérêts ne soient plus d’un euro symbolique mais prennent en compte que les auteurs des délits d’antisémitisme ou de négationnisme contribuent surtout à dédommager la Mémoire des six millions de victimes juives de la Shoah. Un euro oui, mais pour chaque victime soit six millions d’euros.
Déraisonnable. Le déraisonnable n’est-il pas d’avoir laissé prospérer un virus dont le vaccin n’est toujours pas connu.
Finalement, lors de la dernière manifestation, l’intervention de la police a pu éviter, grâce à un mouvement audacieux et déterminé, que les casseurs ne saccagent une nouvelle fois Paris. De même face à cette violence, il faut répondre sans faiblir.
Générations « Antisémitisme ». Quel avenir ?
La mise en pleine lumière du visage hideux du racisme et de l’antisémitisme ne doit pas continuer à défigurer la France. Ne laissons pas la lumière de la France vaciller, trop de sang a été versé pour la raviver. La loi sur le renforcement des principes républicains doit pleinement se saisir de cette dimension.
L’antisémitisme, comme la Covid 19, est un virus qui ne peut être contenu que par la mobilisation et la responsabilisation de tous. Chaque centimètre perdu dans la lutte contre toutes les formes de violence met en péril la société française dont les juifs sont une partie intégrante et intégrée…
Le malaise des juifs de France est réel et notre inquiétude s’accroît, nous qui, au BNVCA, sommes à la fois la sentinelle et le combattant.
Générations antisémitisme ; c´est ainsi que l’histoire va qualifier les enfants juifs nés depuis 2000. Ils n’ont pas connu autre chose que devoir être prudents pour éviter d’être ciblés, devoir enlever leur kippa, raser les murs, quitter l’école publique, cacher leur origine, leur croyance et j’en passe.
Ont-ils encore un avenir dans cette vieille Europe et en France? J’en doute car la France et l’Union européenne sont toujours , passionnément amoureuses obsessionnelles d’une Palestine hypothétique qui les conduit à mépriser la démocratie israélienne.
Cette attitude portée jusqu’aux décisions iniques des instances internationales est de nature à encourager les comportements hostiles à Israël qui se manifestent sur les réseaux sociaux pour menacer et insulter une jeune fille qui naïvement annonce son origine juive et israélienne à ce concours de miss France 2020. Nul doute que ce concours restera gravé dans l’histoire de l’antisémitisme en France.
© Sammy Ghozlan
Poster un Commentaire