Il y a 150 Psaumes. Mais il n’en est qu’un seul à ma connaissance, le Psaume 126, que l’on chante à table, chaque chabat et jour de fête, et dont Uri Aron a pu recueillir 71 musiques différentes! Il les conte, portées à l’appui, dans « Maaloth Hashir », une encyclopédie anglo-hébraïque, parue aux éditions Ruben Maas.
A quel âge, dans mon enfance limousine, ai-je pensé à regarder la traduction de Shir Hamaaloth? Notre Psaume célèbre le retour des exilés, cinquante ans après leur déportation en Babylonie. On était comme dans un rêve, dit l’auteur. « Parmi les nations on s’écriait: « Le Seigneur a fait de grandes choses… » Puis, j’ai dû lire, toujours dans la Bible du rabbinat français (verset 4): « Ramène nos captifs, Seigneur, comme des ruisseaux dans le désert du Midi ». Mais c’est quoi le « ruisseaux du Midi »? La Bible du Rabbinat français a paru entre 1899 et 1906. La Bible de Michel Second, parue entre 1880 et 1910, donc à la même époque, ne m’aurait rien appris de plus: « Comme des ruisseaux dans le midi »! dit-elle. Et une Bible parue un siècle plus tard, en 1977, celle des moines de Maredsous, en Belgique, traduit à peu près pareil: « Comme les eaux vives dans le désert du Midi ». Il est bien vrai que l’hébreu « néguev », désigne le midi (avec ou sans majuscule) mais c’est aussi le nom spécifique du désert au sud d’Israël: le Néguev! On ne le comprenait ni à Paris, ni à Maredsous. Nos traducteurs auraient dû habiter Erets-Israël, ou pour le moins s’y rendre en cette saison des pluies et voir les oueds du Néguev qui, sans prévenir, alors que pas la moindre goutte de pluie ne tombe, gonflent brusquement de l’eau des sources souterraines perçant les monts de Judée, emportant tout sur leur passage. Ce sont des torrents qui jaillissent… des torrents, pas des « ruisseaux »! « Ramène nos captifs », s’écrie le Psalmiste, « comme torrents au Négeb » (Bible de Jérusalem), « comme les torrents au Nèguèb » (Chouraqui.) Le retour des exilés fut de cette eau-là, aussi imprévisible… que sera l’Etat d’Israël pendant d’interminables siècles.
Mais il me faut rendre à César, à Giuseppe Ricciotti, son droit d’auteur. Dans mon récent livre « Israël sur sa terre – ce qu’en disent les Palestiniens » (chez Amazon), je cite le Chanoine de Latran, qui en 1947, donc juste à la veille du retour de sa souveraineté à Israël, écrivait dans son « Histoire d’Israël » que dans les années qui ont suivi la déportation des Juifs en Babylonie, donc quand l’Histoire d’Israël semblait finie, terminée… « tout semblait stable en Asie antérieure ».
Et c’est alors, dit-il, que l’ »imprévisible » entra en jeu « et bouleversa de façon étrange, en l’espace d’une génération, l’équilibre politique alors réalisé.
Ce fut Cyrus le Grand. » Cyrus, qui allait ordonner le retour des exilés et auquel le prophète Isaïe attribua le titre de Messie.
© Jacquot Grunewald
Rabbin, écrivain, journaliste, Jacquot Grunewald vit en Israël depuis 1985.
Jacquot Grunewald, reprenant en 1965 la direction du Bulletin de nos communautés d’Alsace et de Lorraine, en fit l’hebdomadaire d’informations Tribune juive, qu’il dirigera 25 ans durant, jusqu’en 1992.
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