Je me souviens! C’était à l’arrivée de Mitterand au pouvoir.
Les radios foisonnaient.
Nous, juifs, nous avions 4 stations.
2 copains me voyant animer une après-midi de Tou-Bichvat m’embarquent dans l’aventure. Je suis sur Radio Shalom.
Ça me plaît bien et je me promets de promouvoir la culture des juifs d’Afrique du Nord.
J’ai reçu tour à tour ce que le monde de la musique orientale compte de chanteurs, d’écrivains.
Oublierai-je un jour Albert Memmi, qui revint régulièrement, sans avoir de produit à promotionner.
Je ne veux pas nommer les chanteurs, car je risque d’en oublier.
Il y avait cependant un homme qui avait refusé mon invitation: avec son côté baratineur, Robert Castel m’embrouille sous un flot de raisons pour justifier qu’il ne viendra pas.
Je me souviens de cette réflexion:
–Je vous ai écouté, c’est toujours L’ai lailai et Ava Naguila.
Un peu déçu, je passe à autre chose.
J’avais programme des inconnus de la chanson israélienne, dite MIZRAHI.
Je visites les disquaires, quand un jour à Saint-Paul, prenant le disque d’un inconnu pour moi, le vendeur me dit:
-Vous connaissez Lili Labasi? C’est le père de Robert Castel. L’un des plus grands représentants de la musique Algéroise.
Ma décision est prise.
J’appelle Robert Castel et lui dit que j’ai l’intention de monter une émission posthume pour parler de son père.
Le dimanche suivant, il était au studio.
Il ne m’a pas laissé lui dire un seul mot sur sa vie, sur son humour…
Il exigeait le silence et appuyait les morceaux de musique de son père.
C’est ainsi que se passa la première émission.
Un jour, j’ai eu l’idée d’organiser une émission dans une grande salle, avec du public. 4 heures, un jeudi soir.
Il me fallait un chanteur.
J’appelai mon ami d’enfance Nessim Saroussi.
Il me fallait un écrivain. Mon ami Jacques Lanzmann était tout indiqué.
D’autant qu’il venait de sortir un livre sur son expérience de marcheur, dans le désert du Sinaï.
Malgré tout, je trouvais que pour habiller mes 4 heures, ça faisait un peu juste. J’ai appelé Robert Castel. Je n’en menais pas large. Je pensais que s’il refusait…
A ma grande surprise, il me dit: Je me demandais si vous alliez me rappeler.
Je lui explique mon projet, il note la date et me dit: Nous serons là à 19h
-Qui « Nous »?
Ma question était inutile.
Il avait prévu de venir en compagnie de Lucette Sahuquet.
Nous avons passé une soirée à rire et à chanter.
Je pensais que Jacques Lanzmann n’était pas à l’aise.
Non seulement il fut brillant de drôlerie, mais il me fit un papier dans VSD qui me tira les larmes.
Par la suite Robert Castel est revenu.
Nous avons fait d’autres émissions.
Un jour, je l’ai rencontré dans un restaurant.
Il me dit: « Je pense qu’Europe 1 vous a écouté. Savez-vous qu’ils reprennent le concept d’émission avec du public? C’est Drucker qui va l’animer. »
Je pense qu’il voulait être gentil.
Pour ce qui concerne Philippe Clair, c’est plus court.
Je le rencontre un jour au cabaret qu’avait ouvert mon ami Willy Lewis (Taieb) Avenue des Ternes. NOSTALGIE.
Philippe Clair était assis. Il riait de ce rire inimitable.
Je le salue, lui tends ma carte et je lui propose de participer à une émission.
Il me répond avec la gentillesse des gens de chez nous.
Quelques semaines après, j’ai perdu mon père et avec lui, mon premier auditeur.
Sans doute a-t-il emporté mon esprit pionnier.
Robert Castel et Philippe Clair,
respectivement Robert Moyal et Prosper Bensoussan.
J’espère ne jamais oublier de les citer le Shabbat à la synagogue.
Je me suis souvenu,
Je me souviendrai.
En attendant, là-haut, il n’y a pas de confinement.
Qu’est-ce qu’on doit se marrer!
© René Seror
Bravo mon cher René serir oui on ne les publiera jamais barouh dayan aemet