Les Juifs de Corfou, comme ceux de Grèce, étaient des romaniotes. Ils s’exprimaient avec les chrétiens en grec et entre eux en yevaniote.
Le yevaniote est la langue vernaculaire des Juifs de Grèce. Le mot yevaniote provient de l’hébreu « Yavan » qui signifie « Grèce ».
Les romaniotes étaient des descendants des hébreux hellénisés et/ou des descendants de grecs hébraïsés.
Les Juifs de culture ibérique vivaient en Grèce. Ils étaient des migrants en provenance de la Macédoine ottomane (actuellement la région grecque de Macédoine-Thrace, la Macédoine bulgare et la république de Macédoine du Nord) dont la capitale était Salonique. Ils étaient peu nombreux et vivaient en étrangers culturels et nationaux.
Le ladino est une langue calque de l’hébreu. Il est translitéré en une langue formée des langues ibériques (castillan, portugais, valencien, catalan, etc) et livournais (Italie).
Il est utilisé et autorisé pour les prières et les Hagadot.
La langue vernaculaire des Juifs balkaniques originaires d’Espagne et du Portugal est un mélange de langues ibériques, italiennes, balkaniques, et de turc ottoman. La dominante est le castillan.
La confusion entre Juifs d’expression ibérique de Macédoine et les romaniotes grecs provient de deux éléments.
D’une part, les romaniotes sont moins connus que les enfants d’Espagne (bney-sfarad) locaux.
D’autre part, la Grèce de l’époque est assimilée à celle d’aujourd’hui.
Or, la Grèce méridionale est devenue indépendante de l’Empire ottoman en 1821 alors que la Macédoine ottomane et Salonique sa capitale sont devenues grecques entre 1912 et 1918.
Les deux communautés ont été exterminées d’après les statistiques nazies à 97%.
La Grèce indépendante de 1821 n’entretenait que peu de relations avec la Macédoine ottomane. Les communautés ladinos et romaniotes étaient très différentes de culture et d’Histoire.
C’est la réunion de la Grèce du Nord à la « vieille Grèce » (Grèce méridionale) d’après la première guerre mondiale qui a organisé les exodes ethniques. Elle a réuni les publics juifs de culture, de langue et de nationalité helléniques aux Juifs ottomans de culture et de langues orales judeo-ibéro-italiennes et écrite (ladino).
L’Histoire des Juifs de Corfou ottomane est magistrale en termes de culture, d’organisation, d’art, d’enseignement.
Le rattachement de Corfou à la Grèce indépendante a mis un terme à l’apogée culturelle, intellectuelle et de travail de cette communauté. Finalement épuisés par l’émigration et l’antisémitisme populaire et administratif grec, la communauté des Juifs corfiotes finira assassinée sur place, déportée puis exterminée dans les camps nazis.
Pierre Saba
Merci monsieur Saba pour cet article bref mais riche et passionnant
Il donne envie d’en savoir beaucoup plus sur ces différents groupes ayant chacun sa culture
Pouvez-vous nous conseiller quelques ouvrages traitant du sujet ?
…merci beaucoup monsieur Zarka.
Les ouvrages sur la Salonique macédonienne, ottomane, grecque sont nombreux!
Parmi ceux qui rassemble les éléments les plus méconnus sur Salonique (capitale militaire de l’empire ottoman, première ville ottomane des « dunmeh »-sabatay zvistes, première ville maçonnique de l’empire, ville régie par une administration marchande, portuaire, commerciale, administrative relevant de la coutume juive, …) l’ouvrage de la collection AUTREMENT sur Salonique est sans doute le plus accessible et le plus varié.
Bien cordialement à vous et à tous.
Pierre Saba
J’ai trouvé un ouvrage écrit par Gilles Veinstein
S’agit-il de votre recommandation ?
…je me référais à SALONIQUE-LA VILLE DES JUIFS & LE REVEIL DES BALKANS-1850-1918-SERIE AUTREMENT-MEMOIRES
De très nombreux ouvrages sur ce thème sont parfaits
Merci
C’est celui que j’ai trouvé en vente sur Internet (mais en occasion seulement…)