André Kaspi :  » Le vote par anticipation a tout brouillé « 

Pour André Kaspi, voter par anticipation ne laisse pas toute sa place à la campagne électorale et donc à la démocratie. Il rappelle d’ailleurs que Joe Biden comme Donald Trump ont eux-mêmes voté par anticipation.

Une fresque sur une façade d’immeuble à Washington montre George Washington bâillonné, à la veille de l’élection américaine, le 2 novembre 2020. (NICOLAS TEILLARD / FRANCE-INFO)

André Kaspi, historien, professeur émérite à la Sorbonne et spécialiste des questions relatives aux États-Unis, a estimé vendredi 6 novembre sur franceinfo que le vote par correspondance était une erreur  » commise par la démocratie américaine « .  » C’est un vote antidémocratique « , a-t-il jugé. Le scrutin de l’élection présidentielle américaine est très serré entre Donald Trump et Joe Biden avec seulement quelques milliers de voix de différence dans certains États. Le vote par anticipation  » a tout brouillé parce que c’est un vote plus lent « , a expliqué l’historien.  » Cette affaire va durer encore un mois « , selon André Kaspi.

Si je rappelle ce qui s’est passé en 2000, où la situation était certainement moins chaotique, ça veut dire que toute cette affaire va durer encore un mois parce qu’il y a une date limite. Le 8 décembre, il faut que les États donnent les résultats qu’ils ont obtenus. D’ici là, il pourra avoir des comptes, des recomptes, des recours. Il se trouve que la différence entre les deux candidats est minime. Très souvent, c’est moins de 1%. Et moins d’un 1%, cela veut dire que c’est quelques milliers de voix, mais pas plus. Quelques milliers de voix sur un total de plusieurs dizaines de millions. Il faut donc bien comprendre que c’est une élection extrêmement serrée.

Près de 100 millions ont voté par anticipation. Et je crois que le vote par anticipation a tout brouillé parce que c’est un vote plus lent. C’est un vote plus difficile à contrôler et finalement, je dirais personnellement que c’est un vote antidémocratique. Il ne tient pas compte de toute la campagne électorale qui s’est déroulée jusqu’au 3 novembre. Il y a des gens qui ont voté à la mi-octobre. Joe Biden et Donald Trump ont voté eux-mêmes par anticipation. C’est là une des erreurs qui a été commise par la démocratie américaine, c’est de penser que l’on peut avancer la date du scrutin. En avançant la date du scrutin, automatiquement, on retarde le dépouillement. Si on retarde le dépouillement, on favorise toutes sortes de rumeurs, toutes sortes de recours, et finalement, le retard dans la décision.

La fraude électorale dans les élections présidentielles aux États-Unis ne date pas de 2020. Il se trouve que j’ai écrit un livre sur John Kennedy. En 1960, il y a eu fraude électorale. Kennedy et Nixon s’accusaient mutuellement d’avoir volé quelques voix. La différence entre les deux candidats était inférieure à 0,5%. C’est vous dire combien c’était acharné. Mais en 1960, Nixon s’est rallié à Kennedy [et a concédé sa défaite]. En 2020, la situation est différente parce que la société américaine est profondément fracturée et qu’il est impossible, en somme, que les deux camps se réconcilient, au moins dans l’immédiat.

Non. On ne peut pas parler d’un coup d’État parce qu’un coup d’État, cela suppose qu’il y ait des forces militaires qui prennent le pouvoir. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas vu de telles choses. Ce qui peut se passer en effet, c’est qu’il y ait des violences qui proviennent de l’extrême droite et de l’extrême gauche. D’autant plus que les Américains disposent d’un armement qui est parfois effrayant.

Source : francetvinfo.fr

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