Sarah Cattan. « Charlie-Robert Ménard » et une histoire de lasagnes

Olivier Ranson

Il paraît que la presse internationale discute et s’interroge: Publier des caricatures : le jeu en vaut-il encore la chandelle

Il y a le camp du Oui. Qui rétrécit comme peau de chagrin. On le voit partout. Partout où le sujet est abordé. Depuis nos fauteuils et autres dîners jusqu’aux commentaires très énervés sur les réseaux sociaux. La polémique Charlie-Robert Ménard a permis d’ouvrir les vannes. On ne prend plus position, arguments à l’appui: voilà l’occasion ou jamais de se défaire de cette Charlie-alliance qui devait peser trop lourd à d’aucuns, lesquels se sont empressés de s’en défaire: l’occasion était trop belle, j’en conviens. Et la mise à mort aisée.

Ça n’est pas qu’ils ne soient plus Charlie. Pire : Ces traitres, ces vendus, ces collabos, – Que n’ai-je lu encore- nos nouveaux censeurs les vomissent. Ils se rangent aux côtés de Robert Ménard qui, en se posant en défenseur du droit à la caricature, est devenu leur nouvelle idole. Ils pourfendent dès lors sans nuance et sans filtre cette bande d’ingrats, de gauchistes, de réels salauds qui eurent le front de ne pas applaudir et qui de surcroît vinrent l’écrire haut et fort.

Pour beaucoup, la messe est dite: Il paraît qu’il ne faut point être regardant et faire le difficile en temps de guerre. Qui suit le procès depuis 39 jours éprouve à l’encontre de la bande de Charlie un respect infini et s’embarrasse de quelques scrupules avant de les exécuter une deuxième fois.

L’Affaire Robert Ménard- Charlie Hebdo n’est pas anodine et vient éclairer le glissement des « gens de droite » qui désormais regardent les extrêmes avec les yeux de Chimène: Demain tous ceux qui juraient que jamais au grand jamais ils ne regarderaient de ce côté-là chanteront de la façon la plus décomplexée leurs nouveaux héros. Ménard Président puisqu’après tout nous avons tous défendu Jean Messiha lorsque l’abruti de Belattar moqua de façon odieuse les origines du membre du Bureau national du RN. Certainement Quelqu’un de bien. Si ce n’étaient ses compagnonnages politiques et sa fonction officielle au sein du RN jadis rédhibitoires aux yeux des mêmes. Ecoutez le silence fracassant dudit RN qui n’aura qu’à se baisser pour ramasser le fruit de nos divisions, orphelins politiques que nous sommes devenus.


A l’étranger…

Avec une lâcheté insigne que ne cachent pas ses mille contorsions, la revue italienne Formiche vient nous expliquer que Si possible, mieux vaut une caricature en moins : Nous sommes arrivés à un point critique. La liberté d’expression en démocratie est sacrée, mais la satire ne doit-elle pas se poser elle-même des limites ? Je dis bien se poser et non pas les subir. Des limites, ce qui ne veut pas dire de l’autocensure.

Et d’embrayer sur les questions de sécurité, de réalisme face à une situation devenue périlleuse, mais encore sur le respect envers les musulmans : Il faut tenir compte de la sensibilité des pratiquants de toute religion, car ce qui pour nous est de la satire, pour d’autres correspond à de la simple provocation.

En fin d’article on apprend qu’au moment du tremblement de terre de 2016 à Amatrice, Charlie Hebdo avait représenté le 25 aout les quelque 300 victimes comme des lasagnes : Un choix ignoble, précis le mensuel. Pour rappel, La ville d’Amatrice, jugeant les caricatures attentatoires à l’image des victimes et des Italiens en général, attaqua Charlie Hebdo pour « injure publique » et « diffamation ».

Pour sa part, Kenan Malik dans The Observer écrit qu’en refusant de défendre les principes de liberté fondamentaux, certains à gauche trahissent les progressistes au sein des minorités et encouragent ainsi les réactionnaires : Plus la société entérine l’indignation, plus il y aura de gens pour se dire indignés, et plus leur indignation sera meurtrière. Dans le même temps, cette lâcheté est un moteur de l’islamophobie car elle alimente l’idée raciste selon laquelle tous les musulmans seraient réactionnaires. Nous devons rejeter les obscurantistes des deux camps. Dans une société plurielle, quasiment tout ce qu’on dit est susceptible d’être choquant pour quelqu’un. Si nous voulons une société plurielle, nous devons défendre la liberté de choquer.

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2 Comments

  1. Ne jamais oublier que les meilleurs alliés des islamistes et des indigénistes se situent outre-Atlantique : il suffit de lire les obscénités du new York Times ou du Washington post (lesquels servent également de tribune aux logorrhées racistes de Rockaya Diallo) pour s’en convaincre. Quel président a refusé de venir en France le 11 janvier 2015 ? Obama.

  2. Si le jeu en vaut la chandelle .. ou la bougie ? OUI *car cela évitera cette bougie de s’allumer à chaque assassinat avec un discours habituel de mots creux
    Et même si la fleur est belle, ce n’est pas sa place sur le lieu du crime

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