Marco Koskas. Un Chagrin équitable

Dessin de Clou. La Libre Belgique

Après l’assassinat du professeur d’Histoire, je lis sur le mur d’une copine qu’elle a vomi en apprenant la nouvelle, et je comprends bien qu’on puisse vomir devant une telle horreur. Mais, comme ce sont l’un et l’autre des jeunes gens, elle ajoute :  « le chagrin inouï dans lequel cela me plonge pour le professeur, pour le meurtrier… » !  
A la façon de l’ignoble Virginie Despentes s’identifiant à  Mérah et aux frères Kouachi, elle répartit son chagrin à part égales entre le bourreau et sa victime au maigre prétexte que ce sont tous les deux des jeunes gens.

Aurait-elle éprouvé le même type de chagrin pour un jeune juif tué par un jeune SS ? Evidemment non. Elle aurait su distinguer l’un de l’autre. Mais comme il s’agit là d’un Arabe, son chagrin à vomir fait un détour par sa culpabilité coloniale, pour aboutir au nouveau libellé de la lâcheté : le chagrin équitable.
Au-delà de toutes les protestations, et de toutes les révulsions pour ce meurtre ignoble, la réaction de cette copine nous indique qu’une nouvelle catégorie de citoyens est en train de naître en France, dans le sillage de Besancenot et  Virginie Despentes : les citoyens chagrins. Ni révoltés, ni indignés. Juste chagrins. Soucieux d’égalité avant tout, et guidés par leur seule culpabilité coloniale, ils ont baissé les bras d’avance, et accepté que leurs valeurs les plus chères soient piétinées, juste parce que ceux qui les piétinent sont d’anciens colonisés.
Comme ce pauvre François Hollande, recommandant sur BFM de « s’aimer plus fort encore »  suite au dernier crime islamique contre une Française ; comme Besancenot accourant Place de la République « pour lutter contre l’islamophobie » le soir de l’attentat contre Charlie, on comprend que c’est toute la gauche française qui  a décidé de se coucher devant l’Islam.

Mais on ne voit pas non plus à droite d’homme ni de femmes décidés à faire face et se battre.
Le seul chagrin qu’on puisse éprouver, c’est pour le peuple français,  livré aux idéologues qui le gouvernent au lieu de le défendre.

© Marco Koskas

Marco Koskas

Son Balace Bounel, publié chez Ramsay, reçut en 1979 le Prix du Premier Roman. Marco Koskas, pensionnaire de la Villa Médicis de 1980 à 1982, est l’auteur de la biographie du Docteur Schweitzer ( 1992 chez Lattès ), mais également de nombreux romans. Si on lui doit l’adaptation du Roi des Schnorrers d’Israël Zangwill, créé au Festival d’Avignon en 1995, il faut lire Mon coeur de père, publié chez Fayard en 2012, Ivresse du reproche, et son Bande de Français, retenu en 2018 pour la première sélection du très prestigieux prix Renaudot: le chroniqueur du Point décrivait Koskas comme un « combattant du style », « un guerrier tartare » au service d’un « récit alerte, violent, désordonné, où on entend cette musique de plus en plus rare dans la littérature contemporaine étouffée: la respiration de l’auteur« 

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