Le pays se divise en quatre grands groupes, pro ou anti-Bibi, perplexes ou indifférents, un peu comme les quatre fils de la Haggada, ou les quatre espèces du loulav.
Les « Va-t’en ! » – Les anti-Bibi ont lancé les hostilités les samedis soir. Ils sortent à présent quotidiennement déclarer leur « amour », munis de drapeaux noirs et du fameux slogan « Lekh ! ». Sans propositions précises, ils poussent des cris de rage, sortis du ventre plus que du cœur. Quoi que Bibi fasse ou dise, cette première alliance d’opposants ne désire qu’une chose – le remplacer.
À ce même groupe d’adversaires se rajoutent d’autres nombreux insatisfaits, pas du même camp, de droite pour la plupart, mais farouches eux aussi, et plus explicites sur la raison du « Lekh ! ». En pensant le neutraliser, Bibi a écarté Bennett du pouvoir. Depuis, Naftali et ses amis sillonnent le pays à la rencontre et à l’écoute du peuple. Le résultat est époustouflant, et menaçant pour le Likoud : de cinq mandats réels, le parti Yamina, d’après les derniers sondages, serait passé à plus de vingt-deux mandats virtuels.
Les « Reste ! » – Tout d’abord, ceux des membres du Likoud qui sont restés fidèles à leur chef. À part ceux-là, Bibi a ses fans inconditionnels, sur lesquels, depuis plus de treize ans, il a toujours pu compter au moment du vote. Vient s’y rajouter, étonnamment, le parti Bleu Blanc, qui espère en silence que le King va se maintenir à son poste jusqu’à la rotation prévue par le fameux accord des chaises tournantes. Qui sait ? On peut rêver…
Les « Help ! » – Le troisième groupe englobe un petit million de personnes, qui ne vont pas manifester mais qui s’inquiètent et qui pensent à la fois « va-t’en », « reste », voire les deux, voire rien ! L’épidémie est la première cause de leur effondrement moral et économique. La gestion chaotique de la crise, le manque de cohésion dans un gouvernement en instance de divorce, ne les rassurent en rien. Ce sont les plus souffrants. Paradoxalement, les plus silencieux aussi.
Les « Hors-norme » – Ceux qui continuent d’avancer dans le déni. Je ne parle pas de certains milieux ultra-orthodoxes – j’y viens. Ni masque ni épidémie, la vie est un long fleuve tranquille. Au sein de ce groupe, on rencontre des partisans d’une pensée à la professeur Raoult, selon laquelle la COVID-19 n’est rien d’autre qu’une mauvaise grippe et les chiffres mentent. D’autres, une minorité fort heureusement, suivent leur rav les yeux fermés. Ils continuent de mener leur quotidien de prières, d’étude, de mariages, d’enterrements et de danses de Sim’hat Torah sans prendre de précautions, sans se soucier du lendemain, et au mépris de la responsabilité collective.
On assiste ainsi à la création de mini-États dans l’État, qui n’ont en commun qu’un ras-le-bol quasi généralisé.
Le peuple, fragilisé et amer, ne voit plus en ses dirigeants un exemple à suivre.
Chaque frange de la population observe l’autre avec méfiance.
La justice et la police ont perdu leur légitimité.
Par manque de visibilité, un essoufflement généralisé s’est instauré dans notre beau pays.
Parfois, la vérité fait mal, mais l’accepter nous fait grandir. Durant ce mois très particulier des fêtes de Tishri, notre peuple aura constaté au moins une chose rassurante : sa capacité de résilience est plus grande que nous ne le pensions. Souhaitons que d’ici Hanoucca, avec la berakha des premières pluies, tout s’éclaircisse : santé, paix, économie, élections, USA, alya et… solidarité.
Avraham Azoulay Source : LPH Info
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